Comme un reflet de la campagne européenne de l’Olympique de Marseille, Pierre-Emile Hojberg a pulvérisé les derniers espoirs phocéens en donnant la victoire à Tottenham dans les dernières secondes d’un match que les hommes d’Igor Tudor ont maîtrisé pendant toute la première période, avant de sombrer inexorablement en seconde.
Non seulement l’OM ne verra pas les 1/8 de finale de la Ligue des Champions, mais il ne participera pas non plus à la Ligue Europa. La victoire de l’Eintracht Francfort sur le Sporting CP (2-1) permettait au moins de consoler les Olympiens. Mais le méritaient-il ?
Mbemba convertit la domination marseillais
Pourtant, les Marseillais ont attaqué la rencontre à la hauteur de l’enjeu. La première période a été excellente. Dans la densité physique, dans l’envie, dans la volonté de forcer la décision dans un Vélodrome au trois-quarts plein, le Virage Nord étant fermé administrativement, l’OM était supérieur à des Spurs privés de Cristián Romero en défense, de Richarlison et Dejan Kulusevski devant.
Même la sortie prématurée d’Éric Bailly, titularisé malgré un retour prématuré de blessure, n’a pas perturbé la solidité phocéenne (10e). Bousculé, Tottenham a rapidement perdu Heung-Ming Son, percuté comme un lapin en plein vol par Chancel Mbemba lancé plein fer. Groggy, peut-être victime d'une commotion, le Sud-Coréen est sorti, remplacé par Yves Bissouma (28e). L'entrée de l'ancien Lillois a modifié le positionnement du milieu des Spurs, les hommes d’Antonio Conte, suspendu et faisant passer ses consignes depuis les tribunes, sont passés en 5-3-2 pendant 10 minutes, avant de redensifier le milieu, notamment en phase défensive en 5-4-1.
L'OM essayait de contourner le bloc londonien, avec Nuno Tavares à gauche et Jonathan Clauss à droite. Amine Harit et Mattéo Guendouzi étaient quant à eux chargés de trouver de la verticalité et Alexis Sánchez. Le Chilien a eu plusieurs opportunités (3e, 8e, 19e).
Agressif, le pressing haut des Marseillais empêchait la relance de Tottenham. Jordan Veretout a sollicité Hugo Lloris, contraint à une belle parade (33e). Le Vélodrome sentait que ses joueurs étaient sur le point de faire craquer les Londoniens. Et à la suite d'un corner concédé par Ryan Sessegnon sur une erreur d'inattention et frappé à deux, Veretout a trouvé Mbemba seul et arrivant comme un bolide pour catapulter un formidable coup de tête et ouvrir le score (45+2). La frappe d'Harry Kane détournée en corner par López juste avant la pause a été la seule frayeur du premier acte. Un coup de semonce et un avertissement pour le moment sans frais.
Les Spurs éperonnent le Vélodrome
Avec 69% de possession de balle en première période, l'OM avait trouvé la clef pour priver Tottenham d'opportunités. Mais ils sont revenus amorphes, à se demander ce qu'Igor Tudor avait bien pu leur dire dans le vestiaire pour être aussi versatiles. L'entrée d'Emerson Royal à la place de Sessegnon a redynamisé le côté droit des Spurs. C'est d'ailleurs de là qu'est venue une occasion en or mais López a eu la main ferme pour toucher après le rebond le ballon qui prenait la direction du pied de Kane (49e).
La deuxième occasion fut la bonne pour Tottenham. Sur un coup franc frappé depuis la gauche par Ivan Perisic, Clément Lenglet, étrangement pris au marquage par Valentin Rongier, s'est détendu pour égaliser de la tête (54e). Tottenham prenait l'ascendant. Kane a failli doubler la mise à la 63e minute, à l'affût d'un centre d'Emerson relâché par López. Dans la foulée, Kane trouvait cette fois les filets mais clairement en position de hors-jeu (65e) faire entrer Issa Kaboré (pour Clauss), Cengiz Ünder (pour Veretout) et Sead Kolasinac (pour Gigot). Sans grand succès.
Hojbjerg a réveillé les Olympiens quand il a trouvé la transversale sur une frappe puissante décochée depuis le point de penalty (81e). Sur un contre, Kane a eu la balle du 2-1 au bout du pied mais Mbemba a réalisé un tacle qui valait un but (81e). C'était le moment de croire aux signes du destin. Sánchez, même crampé, a eu une occasion en or mais sa frappe croisée en pivot qui filait vers les filets des Spurs a été contrée par Perisic. Tudor a tenté le tout pour tout, lançant Luis Suárez plutôt que Dimitri Payet. Jusqu'alors très discret, Ünder placé sur le côté droit a trouvé un angle de passe parfait pour la tête de Kolasinac seul au second poteau. Mais l'ancien Gunner, à bout portant, a rabattu sa tête à côté (87e). Un raté rédhibitoire à ce niveau-là. Et sur un dernier contre, Kane a lancé Hojbjerg pour le coup de grâce (90+5).
Une nouvelle fois, l'OM termine 4e de son groupe et n'a plus disputé franchi cet obstacle depuis 2011. Cette énième déception européenne digérée, il faudra prendre le temps d'analyser les responsabilités, des joueurs, de Tudor et de Pablo Longoria. Dans une telle poule homogène et abordable, cette élimination est parfaitement inacceptable.
