2 mars 2021 : Les Atlanta Hawks virent Lloyd Pierce, leur entraîneur en poste depuis 2018. C'est lui le premier entraîneur de Trae Young, mais il n'aura jamais fait décoller le projet. Nate McMillan, alors son adjoint, prend les rênes.
21 février 2023 : Les Atlanta Hawks virent Nate McMillan, conséquence de deux saisons assurément en clair obscur. Le clair pour la finale de conférence, l'obscur pour la suite. Quin Snyder, libre depuis son départ du Jazz à l'intersaison, prend les rênes.
10 février 2025 : Les Atlanta Hawks virent Quin Snyder ?
On le sait, la continuité est mère de sagesse en NBA. La dynastie des Warriors a été bâtie sur cet état de fait, comme celle des Spurs, des Bulls et ainsi de suite. Mais dans ce monde où les propriétaires, les investisseurs sont impatients, quel temps reste-t-il à un entraîneur quand la sauce ne prend plus ? Cette donnée commune à tous les sports s'est encore vérifiée dans l'état de Géorgie.
Une finale de conférence et puis s'en va
Commençons par le commencement : Nate McMillan a envoyé les Hawks en finale de conférence trois mois après son arrivée. Le fameux électrochoc recherché quand on renvoie un entraîneur avait bien eu lieu en 2021. Ayant repris l'équipe avec un bilan de 14-20, McMillan, fort de ses 16 années de coaching en tant qu'entraîneur en chef, a transformé son équipe mentalement.
Et après la fameuse clim envoyée par Trae Young au Madison Square Garden, on s'attendait à ce que les Faucons meurent des mains des Sixers. Que nenni, puisque dans une série de playoffs qui reste l'une des plus énigmatiques de ces dernières années, Atlanta va faire chuter Philly, n°1 de la saison régulière à l'Est, en sept manches, après un dernier match dramatique (surtout pour Ben Simmons).
Après avoir chuté les armes à la main en finale de conférence contre les futurs champions de Milwaukee, le futur est brillant à Atlanta. L'équipe est jeune et ambitieuse - sans être parfois vicieuse. Le cinq de départ Trae Young - Bogdan Bogdanovic - De'Andre Hunter - John Collins - Clint Capela est sur le papier, l'un des plus complets de la NBA.
Résultat : 43-39 l'an dernier, un passage par la case playin avant de se faire étriller par le Heat au premier tour des playoffs. Suffisant pour lancer les grandes manoeuvres et attirer le néo All-Star Dejounte Murray, projettant Bogdanovic dans un rôle de 6ème homme pour lequel il semble taillé. Les ambitions sont là à l'intersaison, 2021/22 semble un accident ou une décompression légitime après la performance initiale. Après tout, pourquoi pas.
Résultat : 29-30 au moment du All-Star break. Suffisant pour envoyer promener McMillan, qui leur a pourtant offert l'une de leurs deux seules finales de conférence en 50 ans. Visiblement, il y avait de la friture sur la ligne entre le coach et les joueurs. Problème, c'était apparemment déjà le cas avec son prédécesseur. Tous les rapports pointeraient vers un duo Trae Young - John Collins extrêmement difficile à gérer, entre autres choses.
Du pain sur la planche
La question n'est pas vraiment de savoir si Quin Snyder est un meilleur entraîneur que Nate McMillan. Les Hawks avaient besoin d'un coach, et l'ancien du Jazz était sans doute l'un des meilleurs sur le marché. Mais visiblement, les joueurs font la loi, et à moins d'envoyer en Géorgie un entraîneur réellement respecté - et donc champion NBA à minima - pas sûr que les choses changent. Ce genre de profil n'étant évidemment pas disponible.
Bien évidemment, le défi sera de taille pour Snyder. Initialement, le binôme Young - Collins était la pierre angulaire du projet Hawks. Deux jeunes joueurs bourrés de talent, complémentaires, aguicheurs, spectaculaires. Mais alors qu'il a resigné, John Collins est dans les rumeurs de trade depuis plus d'un an. Pourquoi vouloir se séparer d'un joueur qui était censé être votre futur ?
Comme toujours, la réponse est : l'argent ! John Collins a été resigné pour ne pas qu'il parte libre. Mais visiblement, personne n'a voulu miser sur lui. Et dieu sait s'il a été proposé à plusieurs franchises ! Bien évidemment, ce genre de bruits peut être dévastateur pour la confiance. Résultat, l'ailier fort est au coeur de sa pire saison depuis son année rookie.
Et son association avec Clint Capela, autrefois louée, est désormais décriée. Et à juste titre, puisque les Hawks sont la cinquième équipe à prendre le plus de points dans la raquette (53.3 par match). L'attaque compense sur certains matchs, mais les soirs où Trae Young et / ou Dejounte Murray ne sont pas dedans, la victoire est compliquée à aller chercher.
L'association all-star sur le backcourt, elle, ne remplit pas vraiment son rôle offensif. Atlanta est la 20ème équipe au nombre de passes décisives. Young monopolise trop le ballon (il compte 10 assists de moyenne sur les 24 de son équipe), mais pourtant, l'adresse globale est là (48%). Problème, l'attaque ne couvre pas les failles défensives, puisque le net rating de l'équipe est négatif (-0.2).
Et sans surprise, quand on figure dans le dernier tiers en terme de defensive rating et de net rating, difficile d'envisager quoi que ce soit en termes de résultats.
La dernière chance du groupe ?
Il semble, sur le papier, que la venue de Snyder soit vouée à créer un nouvel électrochoc en vue d'un bon parcours en playoffs. Ca a marché une fois, alors pourquoi pas deux. Mais cette stratégie à court terme à des limites. Et si c'est pour virer Snyder dans deux ans, quel intérêt ?
Tous les propriétaires de franchises rêvent d'un titre NBA. Mais une seule est sacrée sur 30. Et tous les derniers champions NBA soit possédaient un joueur générationnel (Lakers), soit avaient pris des risques au bon moment (Raptors). Et dans certains cas, les deux (Bucks, Warriors).
Relancer ces Hawks s'annonce donc comme un sacré pari pour Snyder. On parle d'un coach respecté pour son parcours à Utah. Mais qui n'a pas su saisir la chance qui lui était offerte en 2021, quand il eu une vraie fenêtre de tir. Son fiasco en demi-finale de conférence contre les Clippers est encore dans les mémoires. Tout comme le fait de n'avoir jamais su faire marcher à plein régime l'association Rudy Gobert - Donovan Mitchell.
Résultat, l'équipe a explosé après son départ. Et c'est sans doute ce qui attend les Hawks si le succès n'est pas au rendez-vous. Le compteur tourne déjà, et la tâche est colossale. Si une avancée probante n'est pas constatée dans la saison et demi à venir, nul doute que le propriétaire pourrait appuyer sur le bouton rouge en 2024. Et on aura encore une fois assisté à un énième gâchis d'une équipe talentueuse. Bonne chance à Snyder, car dans une conférence Est renforcée, cela s'annonce ardu.
