Dans l'histoire de la NBA, le record de trophées de Most Valuable Player (meilleur joueur de la saison régulière) est détenu par Kareem Abdul-Jabbar, avec 6 récompenses. Mais il n'y a que trois joueurs qui ont remporté ce titre individuel suprême trois fois d'affilée : Bill Russell, Wilt Chamberlain et Larry Bird. Soit trois légendes, trois des 10 - voire 5 - meilleurs joueurs de l'histoire.

C'est dire la portée de l'exploit que pourrait bien réussir Nikola Jokic. En effet, ses deux premiers sacres ont été relativement contestés, surtout le dernier. Son équipe n'avait terminé que sixième de la saison régulière, mais avec des circonstances atténuantes. Jamal Murray était absent toute la saison et Michael Porter Jr n'avait joué que neuf mois. 

Malgré tout, le Serbe avait littéralement porté son équipe sur ses épaules pour permettre aux Denver Nuggets de se qualifier directement en playoffs. Avec des statistiques incroyables, celui lui avait permis de décrocher la timbale pour la deuxième fois d'affilée. 

Un niveau incroyable

Pourtant, cette saison, ses stats sont quelque peu en retrait - même si cela reste très solide. 24.7 pts, 11 rbds et 9.2 pds contre 27.1 / 13.8 / 7.9. Vous l'aurez remarqué, seul son nombre de passes décisives a augmenté. Mais ce qui a réellement changé, c'est la situation collective. 

En effet, la nut dernière, Denver a dominé Memphis et tout simplement pris la tête de la Conférence Ouest. Une issue attendue puisque les Nuggets sont montés en puissance - à l'image de leur leader - depuis le début de saison. Ils viennent d'enchaîner cinq victoires sur les six derniers matchs. 

L'une des différences majeures par rapport à la saison passée, c'est que quand le Joker sort une énorme performance, la victoire est au bout. On se souvient l'an dernier d'un 41/17 qui avait débouché sur une défaite de 20 points face Spurs. Eh bien force est de constater que les choses ont changé. Comme on l'a vu lors de leur avant-dernier match.

Une victoire - certes compliquée - contre un autre adversaire modeste, les Hornets. Et une performance gargantuesque de Jokic, l'une de ses plus grandes en carrière. 40 points, 27 rebonds et 10 passes décisives. Une ligne de stats qu'on n'avait plus vu depuis... Wilt Chamberlain en 1968. Un signe ? Probablement.

Des coéquipiers au diapason

Mais bien évidemment, la principale différence résidera dans le bilan collectif. Les deux saisons où le Serbe a été sacré, les Nuggets ont terminé à la troisième puis sixième place. Terminer en tête de la Conférence Ouest ajouterait un poids inestimable à son dossier.

Et ce, logiquement, parce que son équipe est enfin prête à tourner à plein régime. Il est intéressant de constater qu'en plus de Jokic, Jamal Murray est lui aussi à sa meilleure moyenne de passes décisives en carrière (5.4). Mais surtout, on compte sept joueurs qui dépassent les 11 points de moyenne, ce qui n'est pas loin d'être un record. 

Avec, en point d'orgue, une saison particulièrement réussie de la part d'Aaron Gordon. L'ancien du Magic était à deux doigts de rejoindre la longue liste des grands espoirs de la NBA n'ayant jamais confirmé leur talent. Dans un rôle de véritable coéquipier, il est une valeure sûre en défense et habile longue distance, en plus d'être parfaitement complémentaire de sa star. À tel point que l'on en vient à se demander si on ne tiendrait pas la meilleure raquette de la NBA.

L'autre bonne confirmation, c'est celle de Bones Hyland. Révélé l'an dernier, on imaginait que sa belles perfs découlaient de l'absence de Jamal Murray. Eh bien on avait tort. Il est passé de 10.1 à 13.7 points par match, et ses coups de chaud en sortie de banc feront de lui un sérieux candidat au titre de 6th Men of the Year à l'avenir. Et pourquoi pas cette année ?

Les deux principales recrues de l'été - Kentavious Caldwell-Pope et Bruce Brown - sont de parfaits soldats, solides, performants, mais sans réclamer de lumière. Reste l'énigme Michael Porter Jr. Toujours un peu blessé - un statut d'injury prone qui lui colle à la peau - son physique pourrait être la clé de voûte d'un bon parcours des Nuggets en playoffs.

La porte est ouverte

Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Cette équipe semble plus complète et plus prête que jamais à une grande performance en postseason. En effet, le palmarès des Nuggets est désespérément vierge. Mais en 2020, Denver avait atteint la finale de Conférence dans la bulle d'Orlando.

Une performance incroyable avec un trio Jokic - Murray - Porter Jr au sommet - et une belle craquante de la part du Jazz puis des Clippers, qui menaient chacun 3-1 avant de couler. Et lors des deux dernières saisons, il manquait toujours un ou deux des lieutenants du double MVP. Résultat : Sortie au second tour en 2021 puis au premier en 2022.

Le recrutement a été intelligent, mais bien sûr, cela dépend du physique des joueurs. C'est vrai pour toutes les équipes, mais encore plus pour Denver. On a bien vu sur les deux dernières saisons que tout Nikola Jokic qu'il est, il ne peut pas faire la décision tout seul en playoffs. 

Cette saison semble en tout cas être idéale pour que Nikola Jokic laisse son empreinte. Il sera compliqué de ne pas lui remettre le trophée de MVP si Denver termine premier à l'Ouest, voire de toute la NBA. Des statistiques incroyables, un leadership de plus en plus impressionnant et un bilan collectif au diapason : Avant l'objectif titre, ce fameux troisième titre de MVP tant désiré semble sur les rails. Un exploit qui ferait définitivement entrer Nikola Jokic dans la légende de la NBA. On a hâte de voir s'il en est capable.