NBA : Le Utah Jazz, ou le contre-exemple parfait d'une reconstruction

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NBA : Le Utah Jazz, ou le contre-exemple parfait d'une reconstruction
Tout sourit au Jazz en ce début de saison.
Tout sourit au Jazz en ce début de saison.
AFP
Annoncé au fond du classement par tous les spécialistes, le Jazz est depuis le début de saison l'une des meilleures équipes de la NBA. Malgré la perte de ses deux meilleurs joueurs, Utah est en tête de la conférence Ouest, et tord le cou à ceux qui les voyaient se battre pour la première place de la draft.

 Après la fin d'une saison marquée par une nouvelle déception en playoffs - visiblement celle de trop, le Utah Jazz a entamé un virage important dans son histoire : Une reconstruction. Quand une franchise sacrifie ses meilleurs éléments pour redonner un nouveau souffle à l'équipe.

Généralement, cela se traduit par plusieurs saisons parmi les cancres de la Ligue. Exemples actuels, Detroit, Orlando, Houston, des franchises qui ont drafté des tas de jeunes joueurs prometteurs via la draft, mais qui n'ont pas encore les armes nécessaires pour lutter avec les gros bras de la NBA.

C'est le destin qui était promis dès cette saison au Jazz. Pourtant, avec 9 victoires pour 3 défaites et un jeu séduisant, Utah est en tête de l'Ouest. Et si la reconstruction annoncée n'en était pas une ?

Le grand nettoyage

Pourtant, de prime abord, le mot reconstruction n'est pas trop fort. Exit d'abord le coach, Quin Snyder, le premier a payé les pots cassés des récentes désillusions en playoffs. À sa place, on lance un entraîneur novice, Will Hardy, assistant de longue date de la légende Gregg Popovich aux Spurs, avant de passer une saison sous la houlette d'Ime Udoka (et donc de disputer la finale NBA) à Boston.

Prendre un entraîneur qui n'a jamais exercé comme head coach est une option logique dans ce genre de cas. Le but étant de repartir d'une page blanche. Mais pour ce faire, l'effectif doit être transformé. Et sur ce point-là, la franchise n'a pas chômé.

Exit d'abord Rudy Gobert, envoyé à Minnesota dans un transfert pharaonique en terme de contre-partie. Exit ensuite Donovan Mitchell, direction Cleveland contre plusieurs joueurs. Le grand ménage a eu lieu, à tel point que Mike Conley Jr est le seul membre du cinq de départ encore présent cette saison.

Au final, 10 départs pour 13 arrivées. On rappelle qu'un roster NBA, c'est 15 joueurs de base et deux two-way contracts (contrats temporaires). Mode page blanche activé, puisque l'effectif a ensuite été affiné, et seuls quatre joueurs présents l'an passé sont encore là. Dans ce cas, il est coutume de dire qu'il faut du temps pour créer des automatismes. Que nenni. 

Une première place pas usurpée

Sur le papier, hormis une double confrontation avec Houston, Utah n'affrontait que des candidats aux playoffs, voire au titre : Les Nuggets de Nikola Jokic, les Lakers de LeBron James, les Clippers de Kawhi Leonard, les Grizzlies de Ja Morant, les Pelicans de Zion Williamson et les Mavericks de Luka Doncic.

Résultat : 9 victoires pour 3 défaites. Et clairement, il n'y a rien à dire. Le Jazz est la deuxième meilleure attaque de la NBA, avec plus de 118 points par match. Et comme ils n'en encaissent "que" 112, le calcul est vite fait. 

Mais le Jazz posède surtout une variété qui désoriente l'adversaire. Six joueurs sont à plus de dix points de moyenne. Quatre sont à plus de 40% à trois points. Utah est la sixième équipe avec le plus grand nombre de passes décisives par match (plus de 27). 

Si la défense a forcément dû se réinventer avec le départ du pivot français, peu de choses négatives à dire dans ce domaine. Le Jazz est troisième au nombre d'interceptions par match, et possède le 8ème defensive rating (nombre de points encaissé sur 100 possessions adverses), critère important pour mesurer l'efficacité défensive d'une équipe.

Des statistiques de qualité donc, mais obtenues grâce à un melting-pot de joueurs revanchards, ayant des choses à prouver, où qui jettent leurs derniers feux au crépuscule de leur carrière. 

Markkanen lancé pleine balle

Et tout en haut de ces joueurs, Lauri Markkanen. Après un Euro où il s'est avéré étincelant, le Finlandais a rejoint sa nouvelle équipe avec appétit. L'an dernier, à Cleveland, il a été lancé au poste d'ailier par son coach, surtout pour boucher une place vacante dans le cinq de départ. Une réussite pour cet ailier-fort de base, qui a confirmé les belles promesses entrevues à Chicago en début de carrière.

Bazardé dans le trade de Donovan Mitchell, le voilà clair leader offensif du Jazz. Presque 22 points de moyenne à plus de 50% au tir, malgré une adresse indigente longue distance (moins de 30%). Mais un statut évident, celui de candidat au trophée de Most Improved Player (joueur ayant le plus progressé d'une saison à l'autre).

Lauri Markkanen excelle en ce début de saison
AFP

Avec en plus presque 9 rebonds de moyenne, il est présent des deux côtés du terrain. Sa défense, son point faible présumé, est en progression de manière inattendue. Et surtout, il "fit" bien avec le reste de l'effectif, dans une équipe où personne ne cherche à tirer la couverture à soi. 

Ca clique dans l'effectif

Comme mentionné plus haut, Mike Conley Jr est le seul membre du cinq de départ de la saison passée encore présent. Et il faut être honnête, en début de saison, on se demandait bien pourquoi. Maintenant, on sait. Ce groupe, avec des joueurs sans doute frustrés d'avoir été transférés, avait besoin non pas réellement d'un leader, mais d'une figure rassurante.

Présent depuis trois saisons, Conley est un joueur de l'ombre par excellence. Mais s'il avait répondu aux attentes en terme de leadership, ce n'était pas le cas en terme de performances sportives, notamment de défense. Meneur de cette équipe, il tient un rôle de gestionnaire / conseil aux jeunes / capitaine de route qui lui va très bien, peu importe ses stats qui sont par ailleurs honnêtes. 

Autre survivant de la saison passée, Jordan Clarkson. Le 6th Men Of the Year 2021 a été particulièrement critiqué la saison passée - souvent à juste titre. Il a chassé ses démons et s'est remis à ce qu'il sait faire : shooter. 18.7 points à plus de 42% à trois points, on a retrouvé le Philippin. 

Et tous les joueurs arrivés dans les différents trades, que ce soit depuis Minnesota, Cleveland, Detroit ou Los Angeles, sont au diapason. Blessé la saison passée, Collin Sexton recommence à montrer son immense talent. Sous-utilisé à Minnesota, Jarred Vanderbilt commence a déployer un superbe potentiel défensif. Même Malik Beasley, après ses frasques extra-sportives, a retrouvé de l'allant. Quand aux vétérans, Kelly Olynyk en tête, pas besoin de leur expliquer leur rôle. 

La rage au ventre

Fort logiquement, tous ces talents réunis ont la revanche en tête. Lauri Markannen l'a récemment déclaré à l'insider américain Shams Charania.

"Tous les matins, après une victoire, les gens considèrent que c’est une surprise, et on déteste ça. [...] Avant le début de la saison, on a regardé l’effectif et on s’est dit qu’on n’était pas du tout la même équipe que ce que les gens disaient de nous".

L'entraîneur Will Hardy avait de toute façon annoncé la couleur avant le début de saison.

"D'abord, je veux voir une équipe qui joue dur [...] Et je veux voir une équipe, c'est comme ça qu'on gagnera. Il ne peut pas y avoir qu'un seul joueur, on doit être une équipe"

À 34 ans, le plus jeune coach de la NBA réussit ses débuts. Et visiblement, sa méthode fonctionne à Utah. Pourtant rélégué sur le banc en ce début de saison, Collin Sexton ne tarit pas d'éloges pour son entraîneur.

"Quand vous avez un entraîneur qui est prêt à se battre pour vous, vous allez vous battre pour lui."

Un coach qui fait adhérer ses joueurs en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et qui a lui aussi des choses à prouver, le mariage est idéal.

Victor qui ?

On le sait, Victor Wembanyama est annoncé comme le n°1 de la draft 2023. À tel point que des équipes vont probablement sacrifier leur saison pour multiplier les chances de récupérer le joyau tricolore. En début de saison, beaucoup d'observateurs pensaient que Utah ferait partie de cette catégorie d'équipes.

Un avis orienté de par la présence dans le directoire de la franchise de Danny Ainge, catalogué "spécialiste des reconstructions". Si le mot n'a jamais réellement été prononcé à Salt Lake City, quand vous perdez vous deux meilleurs joueurs et renouvelez les trois quarts de votre effectif, il est compliqué d'envisager autre chose. Surtout dans une saison avec un tel premier prix au bout.

Alors peut-être, peut-être que cela arrivera. Après tout, en NBA, les franchises ont droit de vie ou de mort sur les joueurs. On exagère bien sûr, mais le management pourrait tout à fait décider de transférer la moitié de l'équipe en janvier pour tanker dans le plus pur style américain. Mais ce serait une erreur.

Parce qu'il n'y a pas qu'une seule manière de construire une équipe performante. Parce que cette équipe prouve que tout style de joueur peut trouver sa place en NBA, pour peut qu'il tombe au bon endroit. Parce que jusqu'ici, le plaisir de voir jouer cette équipe sans réel objectif numérique - et donc sans complexes - est immense.

Mais surtout, parce que dans une NBA qui donne toujours la prime aux gros marchés, voir une équipe comme Utah faire la nique aux favoris est toujours jubilatoire. Certes, il est peu probable que le Jazz conserve sa première place toute la saison. Quand aux chances de titre, ce n'est pas le sujet. Mais avec tous les exemples de reconstruction complètement manquées, ou pas encore abouties, ce contre-pied est rafraîchissant. Puisse plusieurs équipes comprendre que tout casser ne suffit pas pour reconstruire une équipe, et que le talent est partout. À Utah, pour l'instant. 

France gouvernement

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