Des rumeurs tournaient ces dernières heures sur les réseaux sociaux concernant une annulation du combat à cause d'une potentielle infection staphylococcique de Benoît Saint-Denis. Mais, abcès ou non sur le front le jour-J, "BSD" est bel et bien prêt et il l'a fait savoir ce vendredi. Yeux exorbités et langue tirée, il a validé sa pesée à 70,3 kg et ne ratera donc pas cette opportunité de marquer l'histoire du MMA en France.
"La pesée s'est bien passée, même si celle-ci a été très dure, expliquait Daniel Woirin, coach de Benoît Saint-Denis, à RMC Sport Combat. C'est un moment que nous appréhendons surtout Benoît. Mais bon, le principal, c'est qu'il soit prêt et c'est le cas. Tout est validé, le check médical également. Donc il ne reste plus que d'aller à la guerre !"
"Le meilleur combattant l'emportera et ce samedi soir sera d’une guerre sanglante" a déclaré le Français de 28 ans dans une salle de conférence de presse au sonore des huées des Américains. Un duel dans la cage contre la légende de l’UFC Dustin Poirier après – seulement – sept ans de MMA dans les jambes. La bataille sera majeure et peut-être mémorable, car elle peut faire passer l’ancien des forces spéciales au rang de superstar de ce sport, face à un adversaire de marque et expérimenté : "c'est un grand honneur pour moi de le combattre sur cette carte de l'UFC 299 dans son pays. Je me suis préparé dur pour lui donner la plus grande bataille possible."
Coïncidence puis ascension express
Un an et demi, c'est le temps qu'a attendu "BSD" entre son premier combat en UFC et la possibilité de se mesurer à l'un des plus grands de sa catégorie. Quel sera le résultat en cas de victoire ? À l'époque, le Nîmois venait d’intégrer le top-15 des poids légers grâce à sa victoire face à Matt Frevola le 11 novembre dernier à New York. Là, il peut entrer dans le top-10, soit dans la cour des grands. Pour avoir l'opportunité de se frotter à la légende américaine – qui disputera son 30ᵉ combat dans la cage -, Benoît Saint-Denis a connu une ascension fulgurante, mais pas facile.
Octobre 2021. Après plusieurs demandes d'intégrer l'UFC refusées, le Français et son staff apprennent que l'adversaire d'Elizeu Zaleski à déclarer forfait trois semaines avant le combat. Personne ne se propose, l'occasion est trop belle pour le natif de Nîmes : ce sera son premier duel dans la ligue américaine. Malheureusement, "BSD" essuie la première défaite de sa carrière face au combattant d'une catégorie de poids qui n’est plus la sienne… puis sanctionné pour dopage pour avoir été testé positif après le combat.
Plus le droit à l’erreur : Niklas Stolze en juin 2022, Gabriel Miranda en septembre à Paris et… Ismael Bonfim en juillet 2023, un adversaire invaincu depuis neuf ans. Tous tomberont sous les coups du Français et le dernier combat lui ouvrira définitivement les portes de l'UFC. Saint-Denis s'est fait un nom, signe un deuxième contrat le 14 juillet 2023 et doit affronter un combattant plus prestigieux, le Brésilien Thiago Moisés, numéro 17 mondial de la catégorie.
Résultat : K-O technique au deuxième round, sous les yeux du public du palais Paris-Bercy. Puis vient Matt Frevola, numéro 14, au Madison Square Garden, et son fameux K-O sur un high kick dans le premier round. Arrivé de la Brave à la ligue reine pour en découdre, "God of War" a enfoncé toutes les portes à vitesse grand V. Et ce, malgré le premier combat perdu : "je voyais ça comme un très gros risque, expliquait Giom Peltier à eurosport.fr. Mais imaginons qu’on n’ait pas l’opportunité plus tard. On reste au Brave, où tu n’es pas à l’abri de prendre un mauvais coup ou te blesser en combat et perdre. Et si ça arrive, il faut repartir sur une série de deux, trois ans de bons résultats pour proposer ton combattant à l’UFC".
Pour "God of War", la ceinture comme destinée ?
Face au Français de 28 ans qui revêt la cape du loup affamé, celui qui a éteint Conor McGregor à deux reprises est prévenu : "il a du cran. Ça va être une guerre ! Il a fini ses cinq derniers adversaires. J'arrive pour le finir, et il arrive pour me finir… ça va être fou ! Vous n'avez plus qu'à apprécier le show."
Pour obtenir ce combat, les planètes se sont alignées au bon moment. Pas chaud à l'idée de le faire se mesurer contre l'Américain, il a fallu que Ngannou officialise son combat contre Joshua pour que Dana White, le patron de l’UFC, accepte la demande Giom Peltier, le manager de "BSD". Pourquoi ? Car à chaque grosse sortie médiatique du Camerounais, l’UFC, ayant toujours une dent contre lui, promeut un combat fait pour le public français.
Après son entrée en UFC faite sur une coïncidence, peut-être que ce combat lui permettra de pouvoir se positionner à la ceinture grâce à une autre coïncidence. En tout cas, pour l'homme qui n’a jamais refusé un adversaire, l'occasion est encore une fois bien trop belle. Certes, Dustin Poirier est sur la pente descendante, mais il reste numéro 3 de la catégorie. Le moment est venu pour le Français de passer d'outsider à potentiel favori. Mais avant de penser à Justin Gaethje, Charles Oliveira ou Islam Makhachev, focus sur les cinq rounds de cinq minutes contre l’Américain.
Objectif : une sixième victoire consécutive et, pourquoi pas, avant limite de temps pour bien marquer les esprits. Offensif, intrépide et agressif, Benoît Saint-Denis en est capable. Aussi, il est important de souligner qu'une défaite ferait mal, mais ne mettrait pas à mal tout ce qui a été construit jusqu'ici. Coup d'arrêt, oui, mais pas une catastrophe. Quoi qu'il en soit, ce combat restera dans les annales du MMA français. Et si c'est la victoire au bout, un nouveau chapitre s'ouvrira : "en quête du titre des poids légers de l'UFC". À lui, maintenant, d'écrire son histoire…
