1691 points. En cumulé, c'est l'avance de Mikaela Shiffrin et Marco Odermatt sur leurs dauphins respectifs au classement général. Et mieux encore, c'est la première fois que les deux vainqueurs du gros globe de cristal dépassent tous deux les 2.000 points. 27 victoires et 40 podiums à eux deux sur 76 courses. La saison de l'ultra-domination, comme on l'avait rarement vu sur les deux tableaux.
Le phénomène suisse
Après l'ultra-domination de Marcel Hirscher, lauréat du gros globe pendant sept saisons consécutives, voilà qu'arrive celle de Marco Odermatt. Heureusement, il y aura eu deux saisons qui auront permis à Alexander Aamodt Kilde et Alexis Pinturault d'en rafler un. Et on espère qu'ils en auront bien profité, car il n'y aura sans doute plus d'autres occasions.
Maître du Super-G et du Géant, sa victoire au général n'a rapidement fait aucun doute. C'est dans ces deux disciplines qu'il a raflé ses 13 victoires (sur 18 courses) et bien sûr les deux petits globes. Mais outre le résultat brut, c'est surtout l'impression de domination qui frappe.
Combien de premières manches de Géant où il a assommé la concurrence cette saison ? Combien de fois les conditions semblaient compliquées en Super-G, mais le Suisse à dompté la piste ? Combien de victoires avec plus d'une seconde de marge ? C'est simple, Odermatt a disputé 26 courses cette saison (il ne court pas le slalom), et a fait 22 podiums.
Et comme si l'avenir n'était pas assez sombre, voilà qu'il se met à gagner en descente. Pas en Coupe du monde, mais aux Mondiaux en prime. Son premier succès dans la discipline lui a offert une médaille d'or. Il ne fait que progresser sur l'épreuve reine. De quoi amenuiser les espoirs adverses.
Shiffrin, la plus grande
On s'y attendait, mais pas forcément aussi vite. Sans doute parce que l'Américaine était passée à côté des derniers Jeux Olympiques, et semblait saturée ensuite. On imaginait peut-être une fin de carrière en pente douce pour une skieuse qui a rapidement été une superstar.
Que Nenni ! Mikaela Shiffrin a été incroyable. Au point donc d'aller chercher le prestigieux record de 86 succès en Coupe du monde d'Ingemar Stenmark. Après être allé faire tomber les 82 succès - record féminin - de sa compatriote et légende Lindsey Vonn. Et avec la manière.
Avec notamment une série de cinq victoires consécutives dans trois disciplines différentes à cheval sur 2022 et 2023. Une domination implacable. Et contrairement à Odermatt, elle court les quatre disciplines. Même si elle n'est pas la reine de la descente, elle y a déjà gagné.
Néanmoins, c'est bien sur le technique qu'elle est souveraine. 13 victoires et 17 podiums sur 21 courses entre Géant et slalom. Et pourtant, quelle concurrence il y avait - surtout en Géant - mais tout le monde a dû baisser pavillon. Seule la surprise Laurence Saint-Germain aux Mondiaux à réellement choqué l'Américaine.
Que faire pour la concurrence ?
Le principal rival d'Odermatt est Aleksander Aamodt Kilde. Le Norvégien est toujours le maître de la descente, puisqu'il en a remporté six cette saison. Mais le Suisse lui est passé devant en Super-G, et dans ce cas de figure, il ne pourra pas être un réel candidat sérieux pour contrecarrer les plans helvètes.
Derrière, on pense à Lucas Braathen, qui progresse, mais qui est un spécialiste de la technique, et même si il peut aller régner sur le slalom, cela semble insuffisant pour le gros globe. Derrière, on mettre une pièce sur Marco Schwarz, skieur polyvalent, bon partout mais pas assez bon.
Pour Shiffrin, on sait que la domination ne date pas d'hier. Elle en est à 5 globes de cristal, mais il y a encore sur le circuit trois femmes qui en possèdent un : Federica Brignone, Lara Gut-Behrami, et Petra Vlhova. Soit dans le désordre les trois poursuivantes immédiates - mais lointaines - de l'Américaine au classement général.
Mais on a là deux plus que trentenaires, et une Vlhova en immense perte de vitesse cette saison. Aucune ne semble avoir la moelle pour renverser l'Américaine. Derrière, il n'y a pas grand monde. Sofia Goggia bien sûr, mais la reine de la vitesse a elle aussi baissé de pied, notamment en Super-G, et dominer une discipline de fait pas de vous une candidate au gros globe.
Néanmoins, pas question de se résigner. On a vu du spectacle cette saison, notamment aux Mondiaux, mais aussi quelques surprises (Laurence Saint-Germain, Alexander Steen Olsen, le retour surprise d'Ilka Stuhec, Kajsa Vickhoff Lie), mais il faut surtout garder à l'esprit que c'est un privilège de voir évoluer deux champions aussi incroyables. Et c'est pour cela qu'on a déjà hâte que la saison prochaine arrive.
