Pour un passage de témoin, Sam Costelow aurait évidemment voulu que cela se passe autrement. Tandis que le totem Dan Biggar avait rejoint le banc à la 75ᵉ minute, c'est un autre emblème qui a définitivement fait basculer le 1/4 de finale entre l'Argentine et le Pays de Galles. Friand des passes redoublées, le XV du Poireau s'est appuyé sur une combinaison classique pour s'enfoncer dans le camp des Pumas. Mais c'était sans compter sur Nicolás Sánchez. Le demi d'ouverture, entré en jeu pour terminer la rencontre, a fait parler son expérience et sa lecture du jeu. Interception, course de dératé, essai entre les poteaux et qualification assurée en demi-finale. "Aujourd'hui, ce fut 100 % d'intuition et de chance, relatait-il en toute modestie après la rencontre. Je me suis retrouvé au milieu du terrain avec le ballon et j'ai dû courir".
L'égal de Quesada et du Mago Hernández
Nicolás Sánchez fait partie des grands noms à avoir porté le 10 des Pumas. Certes, il n'est pas à la hauteur de Gonzalo Quesada ou du "Mago" Juan Martín Hernández. Pour autant, il est loin d'être un intrus dans la liste des ouvreurs emblématiques de son pays.
Dimanche matin, au lendemain de cette troisième demi-finale mondiale après 2007 et 2015, la presse locale tressait des louanges au vétéran de 34 ans, sorti du banc à la 69ᵉ minute pour suppléer Santiago Carreras, l'homme qui lui a pris sa place de titulaire avec la sélection. Le départ de Mario Ledesma et l'arrivée de Michael Cheika ont permis à l'actuel Briviste de revenir contre l'Écosse. Las, blessé au bout de 20 minutes, il a dû sortir et n'est plus apparu jusqu'à la fin de l'année.
Sur la corde sensible pour faire partie du groupe des 33, le Tucumano s'est raccroché aux branches. Voire aux bourgeons. Au Metropolitano de Madrid, les Pumas affrontent l'Espagne en test-match. Sánchez est titulaire. Suffisant pour battre les Leones, mais encore trop juste pour en faire une option de premier ordre contre l'Angleterre pour Cheika. Sur la feuille contre les Samoa, il entre à la 67ᵉ minute et, alors que le score est de 16-10, il claque une pénalité de 50 mètres à la 80ᵉ minute pour valider la victoire. Son Mondial vient de basculer. Titulaire contre le Chili, finisseur contre le Japon, Sánchez revient en grâce. "C'est un rôle un peu différent de ce à quoi j'ai été habitué, a-t-il expliqué. Je dois entrer dans des moments décisifs, des instants clefs qui doivent avoir une répercussion directe sur le résultat".
Cette Coupe du monde restera à plus d'un titre hors du commun pour Nicolás Sánchez. Le meilleur réalisateur du Mondial 2015 (97 points) est devenu le meilleur marqueur de points argentin dans la compétition, devant Gonzalo Quesada. Samedi, il a atteint les 100 capes avec les Pumas. Et la qualification pour le dernier carré constitue une façon de boucler la boucle, 8 ans après avoir été l'un des grands artisans de la victoire en 1/4 de finale contre l'Irlande avec 23 points inscrits au pied (43-20).
À présent, les Pumas ont rendez-vous au Stade de France pour défier des All Blacks impressionnants. Rien à perdre et tout à gagner : un leitmotiv qui sied parfaitement à la situation de Nicolás Sánchez qui n'est toujours pas assuré de faire partie du groupe, si on en croit les propos de Cheika. Mais l'Australien se privera-t-il d'un tel relais et d'un tel joueur pour un match historique ?
