Il n'avait plus qu'à assurer son dernier saut mais Halvor Granerud a mis du panache dans sa conquête de la Tournée des 4 Tremplins. Auteur d'un 1er saut à 139,5 mètres qui validait quasiment sa victoire finale, le Norvégien a signé un 143,5 mètres magistral pour remporter l'étape de Bischofshofen (Autriche). La Norvège attendait un successeur à Anders Jacobsen depuis 2007. Et comme Sigurd Pettersen en 2004, il a remporté 3 concours sur 4, laissant seulement Innsbruck à la concurrence.
Cette dernière étape de la Tournée n'était plus qu'une formalité pour Granerud. Pour lui comme pour ses concurrents, le Polonais Dawid Kubacki en tête, l'affaire était entendue depuis son 2e saut stratosphérique à Innsbruck qui lui a permis de terminer 2e avec 133 mètres qui lui ont valu 137,1 points.
Si Kubacki, leader de la Coupe du Monde, a empoché la première étape autrichienne, il n'avait pas pu réduire suffisamment l'écart avec le Norvégien. Sur un tremplin qu'il apprécie modérément, Granerud avait tout à perdre à ce moment-là, surtout après un 1er saut très moyen à 123 mètres pour 124,6 points. La porte semblait s'entrouvrir pour le vainqueur de 2020 mais l'espoir fut de courte durée. En ne concédant que 3,5 points, Granerud avait assuré l'essentiel, conservant 23 points d'avance sur son rival (un mètre équivaut à 1,8 point).
Le sort de cette édition 2022-2023 s'était décidé avant le passage à la nouvelle année. À Oberstdorf puis à Garmisch-Partenkirchen, Granerud avait dépassé les 300 points, laissant l'adversité se battre pour les accessits. Seul Kubacki a été régulier : 3e lors des deux premières étapes allemandes, vainqueur à Innsbruck, de nouveau 3e à Bischofschofen. Finalement, l'écart est conséquent : 1191,2 points pour Granerud contre 1158,2 points pour Kubacki, soit 18 mètres.
Troisième de la Coupe du monde, Granerud faisait partie des sérieux outsiders, lui qui avait déjà terminé 3e lors de l'édition 2021-2022 derrière son compatriote Marius Lindvik et le Japonais Ryoyu Kobayashi, vainqueur pour la 2e fois de carrière après son Grand Chelem de 2018-2019, performance uniquement réalisée par Sven Hannawald (2001-2002) et Kamil Stoch (2018-2019), 5e cette fois-ci, juste derrière Piotr Zyla qui a complété la belle performance d'ensemble polonaise.
Depuis la dernière victoire en 2007, signée Anders Jacobsen, Tom Hilde, 3e en 2011 et 2013, Jacobsen lui-même (2e en 2013), Daniel-André Tande (3e en 2017), Anders Fannemel (3e en 2018) et Marius Lindvik (2e en 2020 et 2022) se sont approchés de l'Aigle d'or, sans mettre la main dessus.
Tir groupé autrichien, l'Allemagne et Kobayashi en retrait
La Norvège a attendu 16 ans pour retrouver le succès; l'Allemagne attend depuis 2002 et le Grand Chelem de Sven Hannawald. Cette fois encore, les résultats sont été irréguliers. Si Karl Geiger a frôlé le podium à Oberstorf, il a ruiné tout espoir en étant éliminé lors des qualifications à Innsbruck. Sixième à Oberstdorf et 8e à Gramisch-Partenkirshen, Andreas Wellinger n'est pas entré dans le Top 10 lors des deux concours autrichien. Pius Paschke et Markus Eisenbichler ont fini dans les limbes. Seul motif d'espoir : Philipp Raimund, 13e, dont la courbe de progression est encourageante.
Les sauteurs autrichiens, quant à eux, ont profité de la dernière étape pour réaliser un beau tir groupé plaçant 5 sauteurs entre les 6e et 10e place au classement général. Stefan Kraft, dernier vainqueur autrichien en 2015, a vu le podium s'évaporer après le concours de Garmisch-Partenkirshen, ce qui a laissé la voie libre au Slovène Anze Lanisek, auteur de 3 podiums après une contre-performance à Oberstdorf (10e). Daniel Tschofenig (20 ans), quadruple champion du monde junior, a posé quelques jalons en terminant 8e au général.
Enfin, le tenant du titre Ryoyu Kobayashi n'a pas existé, à l'image de sa saison. 20e de la Coupe du monde, il termine la Tournée à une anecdotique 18e place.
