En décembre dernier, les fans de Manchester United ont fêté Noël avant l'heure lorsque le club a révélé qu'INEOS avait finalisé une prise de participation de 25% dans le club. L'accord n'était pas une surprise puisqu'il avait été confirmé par les médias plusieurs semaines auparavant et, en réalité, il ne s'agissait que de savoir quand United l'annoncerait enfin.
Mais malgré un processus de vente long et souvent fastidieux qui s'est terminé par le maintien du contrôle majoritaire du club par les Glazers (inévitablement, pourrait-on dire), la participation de 25% d'INEOS est le plus grand développement opéré à Manchester United depuis 2005.
Ce qui est vital avant tout, c'est que Sir Jim Ratcliffe et Sir David Brailsford mènent une enquête approfondie sur ce qui n'a pas fonctionné et sur ce qui doit changer au sein du club. On parle de la hiérarchie, du réseau de recrutement, des joueurs, de l'entraîneur (Erik ten Hag a un travail énorme d'ici la fin de la saison pour sauver son poste) et des installations, tous ces éléments doivent être évalués et des changements doivent être apportés en fonction de ce qu'ils découvrent.
Certaines décisions peuvent et doivent être prises plus tôt que d'autres. La démission du directeur général Richard Arnold, suivie d'informations selon lesquelles Omar Berrada quitterait son poste à Manchester City pour remplacer Arnold, est une déclaration.
Elle envoie le message qu'INEOS est une entreprise sérieuse et qu'elle n'est intéressée que par le recrutement des meilleurs. On s'attendait à ce qu'ils recrutent un PDG orienté vers le football après les échecs des hommes d'affaires sous les Glazers. Il était impératif d'obtenir l'adhésion des supporters dès le départ.
Des rapports récents suggèrent que Dan Ashworth, de Newcastle United, deviendra probablement le nouveau directeur du football, ce qui constituerait un autre coup d'éclat. Aussi impressionnantes que soient les nominations d'Ashworth et de Berrda, elles ne sont que le début de ce qui sera un long voyage semé d'embûches pour rétablir la gloire du club.
Qui est David Brailsford, l'homme derrière le succès sportif d'INEOS ?
Sir David Brailsford est l'un des hommes qui jouera un rôle fondamental dans cette nouvelle ère à Old Trafford. Il est surtout connu pour avoir été le directeur général de l'équipe cycliste INEOS Grenadiers (anciennement Team Sky). Brailsford s'est forgé une réputation en tant qu'architecte des succès cyclistes de l'équipe britannique aux Jeux olympiques de 2008 et 2012. Il a également rejoint l'équipe Sky en 2010 et a remporté six titres du Tour de France.
L'équipe Sky deviendra l'équipe INEOS en 2019 et depuis lors, Ratcliffe et Brailsford travaillent ensemble. Ces dernières années, les projets sportifs d'INEOS se sont étendus à différents sports, notamment la Formule 1, la voile, le rugby à XV et, fait intéressant, le football.
L'un des premiers projets sur lesquels Ratcliffe et Brailsford ont travaillé a été l'achat du club de l'OGC Nice, qui évolue en Ligue 1. Une démarche audacieuse pour entrer dans le monde impitoyable du football d'élite, mais aussi un signe des ambitions d'INEOS.
Jusqu'à cette saison, Brailsford et INEOS ont été critiqués dans les médias pour avoir pensé qu'ils pourraient transposer leur succès d'autres sports au football.
Par exemple, en 2022, Julien Laurens, journaliste respecté dans le domaine du football, a déclaré sur BBC Radio 5 Live : "Je pense que Brailsford commet beaucoup d'erreurs à Nice, ce qui va à l'encontre du projet et de ce qu'il devrait être. Il me rappelle un peu Sir Clive Woodward lorsque l'Angleterre a remporté la Coupe du monde de rugby. Il pensait qu'il pouvait se lancer dans n'importe quel sport, y compris le football, et réussir, mais ce n'est pas le cas".
Au cours des quatre saisons qui ont suivi le rachat du club par INEOS, Nice a terminé deux fois à la cinquième place et deux fois à la neuvième place. Bien que cela ne semble pas terrible, le club avait terminé deux fois parmi les quatre premiers lors des trois saisons précédentes avant l'arrivée d'IENOS.
Brailsford aurait vécu dans une caravane à l'extérieur du terrain d'entraînement de Nice dans l'espoir d'adopter une approche pratique pour améliorer la situation.
Cette saison, sous la houlette du nouvel entraîneur Francesco Farioli, le vent semble avoir tourné pour Brailsford et INEOS.
L'OGC Nice occupe actuellement la deuxième place de la Ligue 1, à six points du PSG, à mi-parcours de la saison 2023/24.
La philosophie de Brailsford repose sur les "gains marginaux", qui sont passés de la devise à l'identité de la marque à mesure qu'il devenait un nom dans le sport britannique.
C'était et c'est toujours un grand pari de s'aventurer dans le football, en pensant que son idée, qui repose sur le fait que chaque personne améliore ses performances de 1 %, fonctionnerait dans un sport où les footballeurs multimillionnaires déterminent en fin de compte le succès. Mais c'est un témoignage de l'homme et d'INEOS que, malgré tout le scepticisme, ils ont persévéré et récoltent aujourd'hui les fruits de leur travail.
Peuvent-ils atteindre le sommet ou le défi est-il trop difficile à relever ?
Le test à Manchester United est d'une toute autre dimension que celui en France et avec le désordre dans lequel se trouve le club sur et en dehors du terrain, Brailsford et Ratcliffe vont devoir prendre les mêmes décisions audacieuses et ambitieuses qui leur ont permis d'arriver jusqu'ici.
Parmi la longue liste des changements nécessaires, la masse salariale doit être réduite de manière significative afin d'attirer de nouveaux joueurs, faute de quoi les nouveaux propriétaires risquent de tomber sous le coup du Fair-Play Financier (FFP).
Les joueurs qui ont survécu à deux ou trois entraîneurs et qui sont irréguliers ou n'atteignent pas le niveau requis doivent être vendus, tout comme ceux qui vieillissent et perçoivent des salaires élevés. La stratégie de transfert pour les arrivées et les sorties doit être complètement révolutionnée.
Ensuite INEOS et le nouveau PDG Berrada pourront, au cours des années suivantes, envisager de rénover Old Trafford et Carrington.
Manchester United doit être rebâti de fond en comble.
