La période des classiques de printemps fut haletante, indécise, grandiose. Alors forcément, après ces deux premières de Giro, difficile de s'enflammer devant ce pétard mouillé par une pluie qui s'abat quasiment non-stop depuis le départ. 

Remco Evenepoel avait tué la course dès le contre-la-montre inaugural mais le Covid l'a mis sur le bas-côté alors qu'il avait malgré tout gagné le deuxième chrono malade. Déjà guère palpitante hormis une attaque de Primoz Roglic qui fit perdre quelques secondes au champion du monde (on saura pourquoi ensuite), le Giro ne passionne pas. Certes, le bitume glissant n'a pas aidé et les départs contraints ont réduit le nombre de coureurs. Mais tout de même. Désormais, les favoris laissent filer les échappés matinaux et renâclent sur le maillot rose pour éviter le poids de la course. 

Il y a eu certains "classiques" de la course à l'italienne mais ils ont surtout concerné les chutes. Dans le cyclisme pur, personne n'a voulu se découvrir, ce qui profite notamment à Bruno Armirail, première leader du Giro français depuis Laurent Jalabert en 1999. 

Il reste 4 étapes (3 en ligne et un ultime chrono individuel) pour que tout se décante. La stratégie attentiste se poursuivra-t-elle avec 4 arrivées au sommet ? Pour l'heure, la Jumbo-Visma est la mieux fournie puisqu'elle est la seule à encore être au complet. Roglic est d'ailleurs le seul à avoir tenté, même a minima. 

À ce jeu d'attente, le seul qui aura eu raison sera le vainqueur à Rome. Samedi soir, au sommet du Monte Lussari, beaucoup seront perclus de regrets. Les grands battus rejoindront les suiveurs qui repenseront aux Flandriennes et aux Ardennaises, en espérant que le Tour de France leur offre davantage de souvenirs.