Les Baby Blacks jouaient en blanc mais la gadoue a redonné aux Néo-Zélandais leur noir traditionnel. Mais peu importe la couleur du maillot et l'intensité du haka : les Bleuets ont survolé les débats dans ce deuxième match de poule, ce choc que les doubles champions du monde en titre ont remporté dans les grandes largeurs (35-14) avec le bonus offensif validé dès la première période. 

Comme dans un rêve

Après une touche en leur faveur , conséquence d'un bel impact en mêlée, les Bleuets ont récité leur rugby, avec un ballon porté, un enchaînement de jeu au ras avec des passes après contact et une conclusion au large : le premier essai du match signé Théo Attissogbe démontrait un état d'esprit conquérant face à des All Blacks auteurs de premières minutes difficiles. (7-0, 8')

Mis sous pression par une pénalité frappée dans leurs 22 mètres, les Français ont dominé l'alignement néo-zélandais pour remonter plus de 50 mètres. Sur une mêlée concédée, les Bleuets ont provoqué l'erreur sur le dégagement. 13 a contré mais n'a pu contrôler un ballon très glissant alors que la terre promise était en vue (15'). 

Comme face aux Gallois, les Baby Blacks manquaient de justesse collective, à l'inverse de Bleuets solides dans les rucks qui, après une pénalité deposée à quelques mètres de ligne, ont utilisé la puissance de leur pack pour franchir la ligne avec Posolo Tuilagui (14-0, 21'). 

Les conditions climatiques exécrables, entre la pluie et la boue, rendaient le jeu plus basique et moins enlevé, mais la vigueur des avants français constituait un avantage, même si les Néo-Zélandais paraissaient mieux récupérer sur ce terrain particulièrement lourd. Fausse impression. Premier marqueur, Attissogbe s'est arraché pour servir Baptiste Jauneau qui, tout en contrôle technique, a saisi le ballon pour plonger dans l'en-but (21-0, 32'). 

Imprécis au pied, les Baby Blacks rendaient les ballons aux Bleuets qui n'en demandaient pas temps pour continuer d'appuyer sur l'accélérateur. Confiants, ils sont partis en touche sur une pénalité obtenue par Hugo Reus plutôt que de choisir les 3 points (35'). Un petit péché d'orgueil certes, mais le signe de cette puissance tricolore, à la fois physique mais aussi mentale. 

Les Baby Blacks se réveillent, Tuilagi hors norme

Contre le Pays-de-Galles, les Baby Blacks avaient réagi pour s'imposer d'un point. Les Bleuets étaient prévenus et c'est bien pour cela qu'ils ont abordé le second acte avec la même volonté de faire plier leurs adversaires. Touche, ballon porté, essai de Tuilagi : la France jouait le bis da la première période pour marquer le but du bonus offensif (28-0, 45'). 

Vexés, les Néo-Zélandais ont réagi, imposant une rude séquence aux Bleuets, sans aller à dame mais en provoquant le carton jaune de Jauneau à la 52e minute. Dans la continuité, les Baby Blacks ont franchi la ligne mais, après examen vidéo, Macca Springer s'est rendu coupable d'un geste de l'avant-bras sur la gorge d'Attissogbe, ce qui annulé l'essai et entraîné un carton jaune (54'). 

Trop souvent sanctionnés, les Bleuets offraient des ballons à leurs adversaires. Le défilé des cartons jaunes continuait avec le centre Paul Costes (57'). À 13 contre 14, les Français ont craqué dès la première mêlée mais les Néo-Zélandais ont ouvert leur compteur sur un essai de pénalité (28-7, 58'). 

Les jambes devenaient lourdes côté tricolore alors que les Baby Blacks terminaient beaucoup plus fort. Les diesels devenaient rouleaux-compresseurs et le flanker Peter Lakai perforait la ligne défensive pour inscrire un deuxième essai (28-14, 65'). Le dernier quart d'heure débutait et le doute était permis. Alors Tuilagi (85 mètres gagnés, 11 plaquages, 4 plaquages cassés) a fait parler sa puissance dans un ultime effort pour remettre la pression sous les poteaux néo-zélandais. Et au bout, Brent Liufau, tout juste entré en jeu, applatissait pour définitivement valider le succès des Bleuets (35-14, 68'). 

Ce 5e essai a mis un terme aux espoirs des Baby Blacks et les Français ont continué de faire preuve d'une cohésion absolue en défense, repoussant les assauts adverses, même si la discipline a parfois fait défaut. 

Une victoire historique avec la manière : les Bleuets sont d'ores et déjà qualifiés pour le dernier carré du Mondial U20. Il faudra récupérer de cette débauche d'énergie magnifique mais une chose est certaine : la France est prête pour réaliser la passe de trois.