WTA : est-il déjà trop tard pour qu'Ons Jabeur accède à la gloire ?

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WTA : est-il déjà trop tard pour qu'Ons Jabeur accède à la gloire ?

Miami sera-t-il clément avec Ons Jabeur ?
Miami sera-t-il clément avec Ons Jabeur ?AFP
C'est une figure du circuit féminin. Ons Jabeur a cependant mal débuté la saison, entre blessures et contre-performances, et à 28 ans, on ignore si après une saison 2022 splendide, elle pourra résister à la montagne de joueuses dangereuses qui inonde le circuit. Premiers éléments de réponse sans doute à Miami.

Voilà 15 ans qu'Ons Jabeur arpente les courts de tennis en tant que professionnelle. Une longue ascension vers le sommet qui lui a permis de devenir n°2 mondiale. Un exploit retentissant, autant que ses deux finales de Grand Chelem. Mais les années passées sur le circuit ont un prix, la Tunisienne se fragilise physiquement, et l'on se demande si elle va continuer à tutoyer les sommets.

Un début de carrière anonyme

 En 2008, c'est une Ons Jabeur âgée de seulement 14 ans qui joue son premier match professionnel, alors qu'elle continue en parallèle une carrière assez remarquable chez les juniors. Elle sera déjà une briseuse de barrières en devenant la première joueuse arabe à remporter un Grand Chelem junior, en l'occurence Roland-Garros 2011.

Mais on le sait, gagner un Grand Chelem chez les juniors, c'est tout sauf l'assurance de faire une grande carrière. Qui se souvient de Whitney Osuigwe, Elizaveta Kulichkova, ou encore An-Sophie Mestach ? Et jusqu'en 2017, on se demande si cela ne sera pas le cas pour la Tunisienne. 

Elle roule sa bosse sur le circuit ITF, avec un succès relatif, puisqu'elle va y glaner dix titres. Mais il s'agit de l'étage inférieur du tennis professionnel, et avec ces victoires, elle se maintien dans le top 200. De plus, elle échoue souvent en qualifications des Grands Chelems, et ne va pas plus loin que des seconds tours en Masters 1000.

Tout semble changer en 2017, notamment à Roland-Garros - encore - où elle rejoint le troisième tour, bat une première Top 10, et intègre enfin le Top 100. Cependant, l'ascension prend encore du temps, et elle fera l'aller-retour dans et hors du top 100, jusqu'en 2019. Pendant deux ans, elle ne fait pas vraiment parler d'elle.

Sauf une fois, à Moscou. Fin 2018, elle dispute - comme souvent à l'époque - les qualifications d'un des tournois les plus importants en salle. Elle rejoint le tableau final, enchaîne les succès, et fonce en finale où elle s'incline après avoir mené d'un set et un break contre Daria Kasatkina. On pense que 2019 sera son année, et la chance de lancer enfin sa carrière. Mais il faudra attendre un an de plus.

L'explosion, enfin

 C'est à l'Open d'Australie 2020 qu'elle fait vraiment parler d'elle. Elle sort des grands noms, Caroline Garcia, Caroline Wozniacki - elle expédie à l'occasion l'ancienne n°1 mondiale à la retraite et disputera son premier quart de finale en Grand Chelem, battue par la future lauréate Sofia Kenin, et rejoint enfin le Top 50. 

Alors qu'elle semble enfin lancée, voilà que la pandémie s'en mêle. Arrêt total des opérations. Que faire ? Alors certes, quand tout le monde retrouve le chemin des courts, elle figure bien, des troisièmes tours, des quatrièmes tours, mais pas de réelle ascension. 

La libération va arriver en 2021 à Birmingham, pour sa troisième finale WTA. Elle avait perdu la deuxième alors qu'elle était favorite contre la modeste Astra Sharma, alors qu'elle menait d'un set. De quoi en abattre plus d'une, mais pas Jabeur. Elle se révèle enfin sur gazon, et en plus, elle boucle la boucle en dominant en finale... Daria Kasatkina. Enfin. Enfin, elle soulève un trophée WTA et devient la première joueuse arabe à y parvenir. Et cette fois, sa carrière est lancée, plus de dix ans après son premier match professionnel.

Au sommet

Et elle confirme rapidement, en fait deux semaines après en rejoignant les 1/4 de finale à Wimbledon. Les bons résultats s'enchaînent, des 1/4 de finale, une demie à Indian Wells. Mais 2022 commence mal, puisque l'Open d'Australie se fait sans elle à cause d'une blessure au dos. 

Cependant, elle revient rapidement, et lorsqu'Ashleigh Barty annonce subitement sa retraite, elle est membre du Top 10 et vise donc logiquement les sommets. Et y parvient de belle manière, puisqu'elle remporte en mai son premier WTA 1000 à Madrid. Si Iga Swiatek est déjà n°1 mondiale et lancée dans sa série historique de victoires, la Tunisienne s'annonce comme l'autre favorite de Roland-Garros.

Et patatras, elle n'assume pas son statut et disparaît au premier tour. Tout ça pour rien ? La réponse, elle la donne à Wimbledon. Enfin en partie. Car elle confirme son amour du gazon, mais alors qu'elle devient la première joueuse arabe à disputer une finale de Grand Chelem, elle s'effondre contre Elena Rybakina alors qu'elle mène une manche à rien. 

Cependant, elle est n°2 mondiale. Et elle devient une force majeure, la première opposante à l'intouchable Swiatek. Une Swiatek qui va la stopper en finale de l'US Open. Deux finales de Grand Chelem ! Et d'affilée. Incroyable, 14 ans après ses débuts professionnels.

Un personnage

Voilà qui met en lumière une personne éminemment sympathique. Tout le monde loue à quel point la Tunisienne est attachante, une vraie figure maternelle, une amie, un élément indispensable à l'ambiance entre joueuses. Et de l'avis général, quel plaisir de voir une joueuse aussi agréable être récompensée. 

Comme à Wimbledon. Sa grande amie Tatjana Maria, surprise totale, s'incline contre elle en demi-finales. Alors, pour lui faire profiter de son heure de gloire, elle l'invite à recevoir l'ovation avec elle, et cela donne l'une des plus belles scènes tennis de 2022.

Mais ce sont ses qualités tennistiques qui méritent d'être soulignées. Joueuse éminemment polyvalente, au profil offensif, mais surtout spectaculaire, on ne s'ennuie jamais lors de ses matchs. Mais plus son niveau avance, plus elle fait le show, et cela est bénéfique à tout le monde. On veut des figures de proue dans un sport comme le tennis, et Ons Jabeur en est une. 

Et c'est là qu'on se dit que 2023, ce sera son année. Mais ce n'est pas pour l'instant le cas.

C'est quoi la suite ?

Déjà parce que la concurrence s'est renforcée. Les jeunes talents affluent en WTA, et la Tunisienne l'a appris dès son premier tournoi de l'année, s'inclinant en demi-finales contre la néo-pro Linda Noskova à Adelaïde. Le début des ennuis, puisqu'elle se blesse à la cuisse, sort quasiment d'entrée à l'Open d'Australie, et doit mettre le clignotant pour une opération mineure à la cuisse.

La voilà redescendue au 5e rang mondial. Et entre temps, Aryna Sabalenka et Elena Rybakina viennent de s'échanger l'Open d'Australie et Indian Wells, en déployant un niveau de jeu impressionnant. Iga Swiatek reste Iga Swiatek. La doubletter américaine Pegula - Gauff reste menaçante, et Barbora Krejcikova - qui occupait la deuxième place avant la Tunisienne - a signé un retour fracassant à Dubaï. Sans oublier bien sûr une certaine Caroline Garcia. 

Voilà quantité de joueuses qui sont à l'instant T à un niveau supérieur par rapport à la Tunisienne. Pour sa reprise, elle n'a guère brillé à Indian Wells. Voilà Miami qui arrive désormais. Pour le meilleur et pour le pire. Elle n'a jamais franchi le quatrième tour en Floride. C'est pour cette année ?

Malheureusement, cela semble compromis. Son tableau est ouvert dans l'absolu jusqu'en quarts, où Maria Sakkari devrait l'attendre. Mais on ne pense pas qu'elle sera en quarts. Elle manque de rythme, de matchs référence, le sens du spectacle est là, mais les coups partent moins bien. 

Logique ? Oui et non. Bien sûr, c'était une opération mineure de la cuisse, mais une opération quand même. Une deuxième blessure assez énervante qui freine sa progression. Et la concurrence a pris de l'avance. Pour l'instant, ce n'est pas catastrophique. La majorité de ses points à défendre sera cependant dans les six prochains mois. Un WTA 1000 et deux finales de Grand Chelem. 3200 points sur ses 4800 et quelques actuels.

Six mois pour définir la suite de sa carrière. Six mois pour continuer à écrire l'histoire de son pays, de son continent. Mais six mois surtout pour permettre à la joueuse qui a l'un des jeux les plus chatoyants, les plus variés, les plus élégants du circuit, à l'heure où nombre de joueuses extrêmement puissantes sont en haut du classement. Le tennis a besoin d'une Ons Jabeur en pleine possession de ses moyens, parce qu'elle est de ces joueuses qui nous font nous lever la nuit pour la voir jouer. La meilleure pub possible pour le tennis féminin. 

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