Un mètre, voilà ce qui sépare Andreas Wellinger de Ryoyu Kobayashi après deux étapes de la Tournée des 4 Tremplins. Ni l'un ni l'autre n'a remporté le Concours du Jour de l'An mais le suspense est à son comble au moment de prendre la direction d'Innsbruck.
Kraft dit adieu à la victoire finale
Stefan Kraft a beau avoir remporté la Tournée des 4 Tremplins en 2015, il n'apprécie pas particulièrement le tremplin de Garmisch-Partenkirchen. L'Autrichien, leader incontesté de la Coupe du monde, était pourtant dans l'obligation d'aligner deux sauts énormes pour recoller au duo Wellinger-Kobayashi, respectivement vainqueur et 2e de l'étape d'Oberstdorf.
Dès la première manche, il était déjà acquis que la lutte pour soulever l'aigle d'or se résumerait à une lutte à deux. Avec un saut à 133,5m pour 141,4 points, Kraft pointait à 5 longueurs de Kobayashi, 146,4 points après son saut à 137m.
Psychologiquement, le Japonais auteur du Grand Chelem en 2019 a achevé le KO system en position de force car Wellinger était 4e (144,3 points pour un saut à 138m). 2,1 points, ce n'était pas un gouffre, évidemment, mais c'était suffisant pour insuffler le doute dans l'esprit de l'Allemand devant son public.
Jan Hoerl (à 0,1 point) et le vainqueur des qualifications Anze Lanisek (à 1,8 point) complétaient le podium après le premier saut.
Côté français, Valentin Foubert, 27e des qualifications, a manqué de peu la finale comme lucky loser (32e avec 126.5m).
Une attente qui coûte cher à Kobayashi
Alors que l'Italien Giovanni Bresadola venait de remonter 10 places, le vent latéral a commencé à inquiéter les juges. Il restait 20 sauteurs à s'élancer et la situation se tendait sensiblement. Après le deuxième tiers, Michael Hayboeck a fait flotter le drapeau autrichien en terre allemande, mais c'était avant l'explication des cadors du moment.
Le vent est passé dans le dos lors du saut de Timi Zajc, rien de moins que le champion du monde en titre sur grand tremplin, pas vraiment les meilleures conditions pour attaquer. Stefan Leyhe, dernier Allemand à sauter avant Wellinger, a confirmé la tendance avec un recul de 6 places.
En atterissant à 132 mètres, Kraft a pris la tête du concours, un moindre mal, mai il y avait encore 5 rivaux juchés sur la porte 16. Son coéquipier Manuel Fettner a serré le poing après son Telemark : 138 mètres et 288,7 points, contre 276,6 pour son coéquipier qui ne peut plus se faire d'illusion pour la conquête de la Tournée, même s'il arrive sur des tremplins qu'il connaît parfaitement.
Poussé par tout un stade, Wellinger a signé 137,5 mètres avec une technique quasi-parfaite, en nette amélioration par rapport à Oberstorf. 291,4 points : la concurrence de Kraft est éparpillée définitivement avec plus de 25 points d'écart désormais. Mais si le public a rêvé d'un Grand Chelem pour leur favori, Lanisek a jeté un froid : 137m et 295,8 points qui ont validé un premier podium cette saison en Coupe du monde.
Le Slovène a bénéficié d'une fenêtre de tir idéale. Après lui, Hoerl a attendu le feu vert et de meilleures conditions : l'Autrichien a manqué son saut, ce qui a assuré le podium à Wellinger. Seul Kobayachi pouvait tout relancer. Dans un excès de prudence et alors que tout indiquait des conditions parfaites, l'entraîneur japonais a tergiversé et attendu d'agiter son drapeau. Contraint de quitter la plate-forme après avoir dépassé le délai d'une minute, Kobayashi est resté tout là-haut de longs instants pendant que Wellinger signait des autographes à ses fans et restait dans la peau de leader de la Tournée.
Beaucoup de hauteur mais une fin de saut délicate pour finalement une marque de 135,5 mètres et un total de 292,6 points : Kobayashi a laissé la victoire à Lanisek mais, en terminant 2e, il a repris 1,2 point à Wellinger. À la moitié de la Tournée, le double vainqueur de la Tournée (2019 et 2022) est toujours en course pour une 3e couronne mais Wellinger ne risque pas de laisser l'opportunité d'entrer dans la légende de son sport. 4 sauts et 2 concours en 5 jours en Autriche : le duel s'annonce spectaculaire !
