En 2020-2021, Sandy Baltimore avait mis tout le monde d'accord. Pour sa première saison complète avec le PSG, la native de Colombes avait signé 8 buts et 12 passes décisives en championnat. Dès le mois de décembre, elle était sélectionnée par Corinne Diacre en Équipe de France et avait marqué un but dès sa première cape contre le Kazakhstan (12-0). Tout simplement fulgurante.
Repérée à Taverny en U14, elle avait intégré le PSG pour être directement surclassée avec les U19 nationaux. Aucun doute : il s'agissait un immense talent. Ailière gauche de formation, elle est pourtant descendu d'un cran pendant deux ans et gagné un surnom : "c’était pendant un tournoi, il manquait une joueuse et le coach m’a installée à ce poste que je ne connaissais pas du tout, expliquait-elle dans les colonnes d'Onze Mondial en mars 2021. Après ça, Pierre-Yves Bodineau (son coach de l'époque, ndlr) m’a dit que j’allais jouer arrière gauche. Tout le monde a commencé à m’appeler Serge Aurier, je lui ressemblais apparemment". De quoi augmenter son volume de jeu avant de débouler en D1 Arkema.
Un titre de championne, un Euro dans l'ombre
Petit à petit, elle est devenue un membre à part entière dans l'effectif professionnel au poste d'ailière et est nommée comme meilleur espoir du championnat en 2019. Si elle ne remporte pas le trophée, elle gagne néanmoins l'étiquette de promesse en devenir. Une pression supplémentaire qui ne paraît l'atteindre : "je suis dans un autre monde, constatait celle qui avouait parfois chercher ses mots pour s'exprimer face aux journalistes. Je ne sais vraiment pas comment l’expliquer. Je ne calcule pas ce qui peut se dire sur moi. Après, bien sûr, j’ai des objectifs. C’est normal mais sans stress, je suis posée, je reste zen, je prends du plaisir dans tout ce que je fais".
Au terme de la saison 2020-2021 où elle est cette fois-ci sacrée meilleure espoir, Baltimore fait partie du trident d'attaque parisien en compagnie de Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto qui est parvenu à renverser l'hégémonie hexagonale de l'Olympique Lyonnais. Le futur du football féminin français éclôt dans la capitale. Celle qui a inscrit un but en finale de l'Euro U19 2019 remportée contre l'Allemagne (2-1) en compagnie notamment de Selma Bacha, Maëlle Lakrar, Melvine Malard, Naomie Feller et Vicki Becho est sur une pente ascendante. En 2022, après avoir signé une nouvelle saison de haut vol avec 4 buts et 13 passes décisives en 22 matches de D1 Arkema, elle prolonge de deux saisons. Évidemment, elle participe à l'Euro. Devancée par Delphine Cascarino, elle dispute une poignée de minutes contre l'Italie (5-1), reste sur le banc contre la Belgique (2-1) et est titularisée contre l'Islande (1-1) avant de disparaître des radars pour la phase à élimination directe achevée en 1/2 finale contre l'Allemagne (2-1).
Des derniers mois pesants et décevants
Le petit gabarit (1,56m) véloce et explosif connaît un violent coup d'arrêt par la suite. Au PSG, Georges Prêcheur la met en garde quant au niveau de ses performances : "quand je suis arrivé, on a bien discuté avec elle, rappelait l'entraîneur. Et quand j’ai analysé la saison dernière, elle était en difficulté. Elle a fait une très mauvaise fin de saison, certainement pour des raisons peut-être particulières". L'affaire Kheira Hamraoui a eu des conséquences et Baltimore s'est carrément battue avec l'ancienne Blaugrana à l'entraînement avant d'affronter l'OL en avril.
En concurrence avec Lieke Martens fraîchement arrivée du Barça, la Suissesse Ramona Bachmann et la sensation Laurina Fazer, elle est positionnée à droite pour mieux rentrer sur son pied gauche et apporter de la densité dans l'axe en l'absence de Katoto, longuement blessée au genou. Un nouveau registre qui semblait plaire à Diacre alors qu'elle venait de la sélectionner pour le Tournoi de France 2023, dernier galop d'essai avant le Mondial : "elle a retrouvé du temps de jeu avec Paris. Quand on a la possibilité de s’exprimer et qu’en plus on le fait bien… C’est ce qu’elle a fait fin 2022. Elle revient dans le groupe, j’espère avec beaucoup d’envie. Elle m’offre une nouvelle possibilité car Gérard Prêcheur l’a fait jouer faux pied. Ça me donne pourquoi pas des idées pour perturber l’adversaire. Quand Sandy rentre à l’intérieur sur son pied gauche pour frapper, elle est plutôt performante".
Si ses statistiques sont très en-deçà de ses canons habituels (5 buts et 5 passes décisives en 21 matches), tout indique qu'elle sera en Australie. Sauf qu'entre-temps, la capitaine Wendie Renard s'est mise en retrait des Bleues, accompagnée de Diani et Katoto et Noël Le Graët, principal voire seul allié de poids de Diacre a dû quitter son poste de président de la fédération. Pire : début mars, elle est condamnée à 1500€ d'amende et 5 ans de sursis par le tribunal de Nanterre suite à une agression sur une amie.
Successeur de Diacre, Hervé Renard ne la convoque par pour la Coupe du monde, alors même que Delphine Cascarino, blessée au genou, est forfait : "je ne vais pas faire de commentaires sur sa saison, car je n'ai vu que la fin, d'autres joueuses semblent plus aptes à faire partie de cette liste", avait étayé le nouveau sélectionneur. Pour autant, il a décidé de la rappeler pour le début de la Ligue des Nations contre le Portugal (22 septembre) et l'Autriche (26 septembre), convaincu par son Trophée des Championnes très consistant lors duquel, malgré la défaite contre l'OL (1-0), elle a généré le plus d'occasions pour le PSG avec une belle capacité à semer le désordre dans le dernier tiers adverse.
À 23 ans, dans sa dernière année de contrat au PSG, Baltimore nourrit de grandes ambitions avec, en perspective, les Jeux olympiques à domicile. Le moment où jamais pour reprendre en main une carrière jusqu'alors très prometteuse.
