Jusqu'ici, il n'y a pas vraiment lieu de s'inquiéter. Le Stade Toulousain est leader du Top 14, en route pour un billet direct vers les demi-finales. En Champions Cup, zéro défaite cette saison, et une qualification aisée en quarts. Avec en plus le plaisir de jouer à domicile. Mais les corps commencent à grincer, et l'adversaire de ce samedi ne sera pas une partie de plaisir. Les Toulousains peuvent-ils lancer de belle manière leur sprint final ?
Pas totalement convaincant face aux Bulls
Dimanche dernier, en 8e de finale, les Toulousains ont disposé des Bulls (33-9). Le score est confortable, mais le fait est qu'il n'y avait que 12-9 après 50 minutes. Avant que l'expérience et la profondeur de banc haut-garonnaise ne fasse son oeuvre. Les plus optimistes diront que les Rouge et Noir ont pris leur temps.
Les plus pessimistes signaleront que le Stade avait sorti l'artillerie lourde. Hormis Thibaud Flament sur le banc, c'était sans doute la meilleure équipe possible. Et si globalement, le Stade a dominé la rencontre, il a fait montre de trop de maladresse en première période alors que la possibilité de tuer rapidement le match était réelle.
Et les Toulousains ont de plus payé un tribut avec la blessure de Julien Marchand, l'un des leaders de jeu. Rien d'extraordinaire, mais suffisant pour pousser Ugo Mola à ne pas le titulariser. Certes, l'équipe aura fière allure sur le papier. Mais les leaders sont logiquement éreintés, et cette fois, il serait étonnant que leurs rivaux ne résistent pas jusqu'au bout.
Les Sharks, le niveau au dessus
Cette saison, les franchises sud-africaines ont intégré les Coupes d'Europe. Et avec succès, puisqu'elles seront 2 en quarts de finale. Les Stormers et les Sharks sont au rendez-vous après avoir chacun terminé troisième de leur poule respective. Une issue quelque peu attendue, au vu de la qualité des effectifs et de l'efficacité globale de ces formations.
Les Sharks seront donc les adversaires des Toulousains ce samedi. Une équipe d'un calibre bien supérieur à celui des Bulls. Mais surtout, une équipe qui vient de coller 50 points à un club historique des Coupes d'Europe, le Munster. Réputée pour la puissance de son paquet d'avants, la formation irlandaise a subi dans ce secteur.
Les Sharks possèdent une belle colonie d'internationaux sud-africains, à commencer par le capitaine des Springboks Siya Kolisi. Une équipe solide, structurée, qui sait jouer sur ses points forts. Mais aussi une équipe qui sait varier si besoin, et qui sait tenir une haute intensité si besoin. Après tout, ce sont les quarts de finale, il n'y a pas d'adversaire "faible".
Mais surtout, les Sud-Africains ont déjà réussi leur entrée dans la compétition. En ce qui concerne les Sharks, perdre en quarts chez l'un des plus grands clubs de l'histoire de la Champions Cup n'aurait clairement rien d'infâmant. La pression sera donc toulousaine.
Résister à la pression
Car les Rouge et Noir restent sur une saison sans trophée, et dans le club le plus titré de France, la répétition est exclue. Ugo Mola, jamais avare d'un bon mot, a un bel avis sur les Sharks, dans des propos donnés à Rugbyrama.
"On a le droit de penser qu’une équipe qui a mis cinquante points au Munster revêt le statut d’une équipe redoutable. Il y a longtemps que je n’avais pas vu le Munster exploser de la sorte, donc oui, il faudra du plus partout."
Mais le manager toulousain ne dépareille pas de son style piquant en revenant sur le dernier match des Sud-Africains.
"Jusqu’à la mi-temps il y a 17-14, et au retour on avait l’impression que certains sortaient de la douche frais comme des gardons quand les autres étaient complètement hachés. Il doit bien y avoir une relation de cause à effet, notamment sur l’impact physique de cette équipe sud-africaine qui est redoutable. Vous n'avez qu’à les regarder à l’échauffement... Ils sont athlétiquement préparés au très haut niveau."
Mola cherche souvent des moyens de se délester de la pression. Il n'empêche que les Toulousains sont les favoris de la rencontre. Ils reçoivent, sont invaincus en Champions Cup cette saison, les internationaux de grand talent sont légion dans l'effectif, et il ne faut pas perdre de vue que l'on parle du recordman de victoires dans cette compétition.
Ça va cogner fort, c'est une évidence. Les Sharks tiendront sans aucun doute mieux le rythme que les Bulls, voire l'imposeront. Le piège pour les Toulousains serait de se contenter de tenir l'intensité sud-africaine, en essayant de capitaliser sur les fautes adverses. Tentant quand on a un buteur de la trempe de Thomas Ramos.
Mais la clé se trouve sans doute derrière. La ligne de trois-quarts des Sharks n'a pas été exempte de tous reproches contre le Munster. La charnière internationale Dupont - Ntamack aura comme souvent un rôle prépondérant dans l'alternance du jeu. Le rugby a beau commencer devant, comme le dit l'expression, il se termine souvent derrière, et un Matthis Lebel entreprenant face aux Bulls aura son mot à dire.
Clairement, il ne faut pas s'attendre à une victoire de 30 pions du Stade Toulousain. L'affiche s'annonce serrée, intense, et douloureuse pour les corps. Mais avant d'aller tenter d'assurer une place dans le dernier carré du Top 14, les Toulousains auront une belle occasion de s'étalonner. Une victoire ce samedi et la fin de saison sera lancée sur de bonnes bases. Une défaite, et la pression va monter crescendo. Et la pression, hormis après le match, c'est l'ennemi du rugbyman.
