C'est un beau dimanche pour aimer le football à Barcelone. Sur les coups de 14h, la Roja emmenée par Aitana Bonmatí est devenue championne du monde en Australie après avoir battu l'Angleterre (1-0). Un triomphe pour le club blaugrana, avec six titulaires (sans compter Ona Battle qui a signé à l'intersaison) et deux remplaçantes, dont Alexia Putellas, icône locale et entrée en jeu en fin de match pour valider la conquête de la coupe.
C'est aussi une belle journée pour découvrir le nouvel écrin de l'équipe masculine qui affronte Cadix pour le compte de la 2e journée de Liga : le stade olympique Lluís Companys (du nom du président de la Generalitat de Catalogne pendant la Guerre civile), également connu sous le nom de stade de Montjuïc, inauguré en 1929. Trente-et-un ans après les Jeux olympiques, l'enceinte conserve son aspect hors du temps, avec son horloge classée, ses murs parés de bas reliefs en hommages aux héros grecs des temps anciens et ses gradins évasés.
La vasque est toujours là et, en passant devant de la Palau Sant Jordi, on a forcément une pensée pour la Dream Team américaine qui a ébloui le monde comme jamais. Un autre temps, malgré les rénovations. Mais c'est aussi symbole de la révolution sportive, économique et architecturale de Barcelone opérée par l'obtention des JO en 1986 grâce à l'influence du président du CIO de l'époque, le Marquis Juan Antonio Samaranch. Il y a encore peu, on pouvait entrer gratuitement, sans ticket, en passant, pour voir l'évolution de la mise en conformité, la tribune de presse qui semblait si haute... alors qu'elle était simplement un étage en-dessous.
Pour venir, mieux vaut anticiper. La circulation est bloquée plus de deux heures avant le coup d'envoi et seuls les taxis peuvent vous déposer plus près, à quelques mètres de l'entrée qui, avec la chaleur, se tranformerait presque en kilomètres... surtout que la zone pour les accréditations est au terme d'un petit périple. C'est la rentrée pour tout le monde et il faut s'accoutumer à ce nouvel environnement et à l'odeur des pins qui changent l'ambiance olfactive du quartier des Corts en plein coeur de la cité comtale. Pour peu, le décor champêtre laisserait penser qu'il s'agit d'un tournoi amical de début de saison, à une époque où il ne fallait pas traverser l'Atlantique pour se préparer convenablement.
Le dernier club résident fut l'Espanyol, de 1986 à 2009. Désormais, ce sont les Culés qui seront temporairement chez eux jusqu'en novembre 2024 a priori. À pleine capacité, le Camp Nou frisait les 100.000 sièges : ils sont quasiment réduits de moitié. Avec 55.000 places, Montjuïc ne propose pas les mêmes revenus matchday. La nostalgie ne fait pas de miracle. En revanche, si Spotify ne sponsorise pas l'enceinte, la playlist est toujours là, propulsée à fond dans la sono car, c'est bien connu, le bruit donne de la contenance aux choses.
Une chaleur assommante, un bloc défensif bas et compact : les 39600 spectateurs ont attendu, attendu, attendu que le match se débloque. La lumière viendra de Pedri puis de Ferran Torres. L'essentiel est assuré et le manque de repères n'a finalement pas souri à Cadix. Après les conférences de presse et le choc thermique clim' intérieure-moiteur extérieure, bonne surprise : des navettes gratuites partent à tour de rôle en direction d'une station de métro. Une commodité qui devra être mise en exergue par le club car le périple jusqu'à la colline risque d'en frustrer plus d'un. Ce dimanche soir, Montjuïc n'a pas fait le plein, loin de là, comme lors du Trofeo Gamper. Le paysage bucolique risque de pas suffire, même pour aller voir le champion d'Espagne en titre.
