Dès le coup de sifflet final de la défaite en Irlande, qui a mis fin à une série historique de 14 succès d'affilée du XV de France, les critiques ont fusé. Jeu pas adapté à l'adversaire, manque de turnover, joueurs cramés, et bien entendu, le sempiternel couplet sur l'arbitrage.
C'est tout simplement le fait d'une équipe que l'on n'était plus habitué à voir perdre. Car ce n'était plus arrivé depuis juillet 2021. 14 rencontres, 14 victoires, un Grand Chelem, des succès contre des terreurs de l'Hémisphère Sud. Fatalement, quand on en arrive à ce niveau de jeu, pour l'opinion publique, le XV de France est invincible.
Critiques injustifiées...
Sauf que les invincibles, cela n'existe pas. Et après avoir réappris aux Bleus à gagner, Fabien Galthié a tout intérêt à leur réapprendre à perdre. Car soyons honnêtes, il n'y a rien d'infamant à perdre en Irlande, nation n°1 au ranking World Rugby. Surtout après un match d'une intensité folle comme celui-là.
Indubitablement, les Bleus n'étaient pas prêts pour un tel rythme. Ils ont fini carbonisés en fin de partie, au moment où il aurait fallu appuyer pour tenter l'impossible. Mais à ce moment-là, on ne parlait pas de second, mais de cinquième souffle. D'où les critiques sur le turnover inexistant de Galthié.
Des critiques infondées. Certes, l'équipe était la même que lors du succès en Italie, mais au-delà du fameux "on ne change pas une équipe qui gagne", ce match contre l'Irlande était annoncé comme le sommet du 6 Nations. Comment ne pas vouloir tester son équipe type contre ce qui se fait de mieux au monde ?
Car ce qu'on attend des Bleus cette année 2023, c'est une seule chose. La Coupe du monde. C'est bien de gagner le Tournoi, mais tout le monde aura oublié cette défaite en septembre. Et elle pourrait bien être salutaire. Car on le rappelle, il y aura un match d'ouverture contre la Nouvelle-Zélande à gagner. S'il était perdu - ce qui est plausible - il ne faudra pas s'effondrer.
... Rebond attendu
Et c'est bien sur ce point-là que la réception de l'Écosse est cruciale. Parce que si perdre un match chez les n°1 mondiaux n'a rien de dramatique, enchaîner une deuxième défaite ferait franchement désordre. Surtout que l'on peut considérer cette rencontre comme un test, quoiqu'inattendu.
Car cette équipe d'Écosse est surprenante. Joueuse, intrépide, elle a maté sans rémission l'Angleterre puis le Pays de Galles. Le XV du Chardon met du rythme, les combinaisons sont bien effectuées, la confiance est là. Si on était d'un naturel suspicieux, on qualifierait cette affiche de "match piège".
Alors bien sûr, Fabien Galthié ne sera pas licencié en cas de défaite aujourd'hui. L'objectif reste la Coupe du monde. Mais le principal intérêt de cette partie, c'est de vérifier la capacité de rebond de ces Bleus. Le Top 2 européen, c'est l'Irlande et la France. Et c'est ce qu'il va falloir prouver.
Parce qu'il ne faudrait pas qu'une défaite sur un match de préparation vienne entamer la confiance pour le Mondial. Parce qu'il ne faudrait pas qu'une défaite en ouverture face aux All Blacks ne vienne compromettre toute la compétition - souvenons-nous de 2007. Pour toutes ces raisons, ainsi que le fameux "orgueil du champion", gagner aujourd'hui est nécessaire. Les leaders de Fabien Galthié seront attendus au tournant, car si on aime les voir gagner, on aime aussi que leurs victoires aient un sens. Le signe d'un public exigeant, sans doute. Où alors d'une équipe qui doit garder le cap.
