C'est ce qui s'appelle un beau champion de France. Valentin Madouas, fils de Laurent pour les férus de cyclisme des années 90, et surtout magnifique coureur de classiques (2e des Strade Bianche et 5e de Liège-Bastogne-Liège cette année, 3e du Tour des Flandres en 2022), s'est paré de bleu-blanc-rouge, 7 ans après avoir remporté le titre chez les amateurs. Au terme d'une course harassante, le coureur de 26 ans a gagné en costaud et fait mieux que son paternel, 3e en 1995. Le 10e du dernier Tour de France a été à l'avant de bout en bout et a littéralement survolé une course épique. Le podium est complété par son coéquipier Rudy Molard et Julien Bernard. Tony Gallopin termine 4e.
Alaphilippe prend un coup de chaud
Trente-deux degrés, une chasse à l'ombre et aux bidons permanente et des organismes qui souffrent, à l'image de Julian Alaphilippe, pourtant sur ses routes du Nord, pris de vomissements : ce championnat de France proposait déjà un parcours très exigeant, le cagnard a encore augmenté la difficulté.
La course a été animée très rapidement, avec une première cassure d'une vingtaine de coureurs dont Thibaut Pinot et Warren Barguil à 188km de la fin. Outre "Tibopino", la Groupama-FDJ était en force à l'avant avec Quentin Pacher, Olivier Le Gac, Romain Grégoire, David Gaudu, Valentin Madouas et Rudy Molard. Du très lourd donc. À moins de 100 bornes de l'arrivée, Benoît Cosnefroy, suivi de Clément Chaupoussin, a essayé de rentrer sur le groupe de tête, sans succès.
Ewen Costiou, Elie Gesbert, Mathis Le Berre, Madouas, Molard, Grégoire et Dorian Godon se sont isolés à l'avant à 76km du terme. La chasse a essayé de se mettre en place. Nans Peters, Julien Bernard et Champoussin sont revenus à 26 secondes, tandis que Cosnefroy, Godon, Gaudu et Tony Gallopin étaient à portée de tir.
Gaudu ramène Cosnefroy
À 3 tours de l'arrivée, Arkéa-Samsic était en surnombre avec 3 coureurs mais la dernière montée avant le 13e passage sur la ligne a rebattu les cartes avec le jump de Gaudu avec Cosnefroy sur le porte-bagage quoique au rupteur mais trop heureux de revenir aux avant-postes avec l'aide d'un rival direct.
3 Arkéa-Samsic (Gesbert, Le Berre, Champoussin), 3 Groupama-FDJ (Madouas, Gaudu, Molard), 2 AG2R-Citroën (Peters, Cosnefroy), 2 Trek-Segafredo (Gallopin, Bernard soit... l'ensemble de l'équipe) : un recensement 4 étoiles alors qu'il restait moins de trois tours à parcourir.
Le Berre et Champoussin cédaient les premiers; Cosnefroy, Gaudu et Gallopin se regardaient en chiens de faillance tandis que Madouas, Peters et Molard prenaient quelques mètres d'avance. Au pied de la côte d'Aire, Gaudu a mis une nouvelle sacoche, suivi par Madouas et, à quelques secondes, Molard.
Intouchable Madouas
Une fin de championnat de France sur un air de Paris-Roubaix 1996 en somme. Le trio de la Groupama-FDJ avait deux tours pour s'expliquer en famille. Mais ce championnat de France était désormais indécis. Après un relais très appuyé, Gaudu, tout sourire, mettait la flèche, bientôt récupéré par le quatuor Gallopin-Bernard-Peters-Gesbert.
Madouas ou Molard ? Le suspense n'a pas duré longtemps. Madouas a fait sauter son coéquipier à la pédale. 20 kilomètres encore à couvrir et 50 secondes d'écart : l'autoroute vers le titre national n'a pas été sans péage puisqu'un saut de chaîne dans la descente pavée de la côte de la Porte de Dunkerque aurait pu lui coûter son paletot tricolore. Lucide et bénéficiant d'une avance suffisante, il a changé de vélo et perdu à peine 15 secondes dans la manoeuvre inopinée. Mais même un incident mécanique n'a pu stopper Madouas, tout simplement exceptionnel et triomphateur incontesté d'un championnat de France qui restera dans les mémoires.