Huit buts en une semaine. Une victoire chez les Spurs. Un match nul contre les champions. Avec l'embellie qui règne à Stamford Bridge, la question peut paraître saugrenue. Mais elle doit être posée : à quel point ce conseil d'administration est-il sérieux quant au fait que son manager soit en charge du club à long terme ?
Nous posons la question alors que l'on a appris la semaine dernière que Pochettino était tenu à l'écart de la prise de décision concernant les transferts. Il aura son mot à dire. Il pourra donner son avis. Mais il n'y aura pas de droit de veto. Il n'aura pas la possibilité d'insister sur la signature de tel ou tel joueur. C'est l'affaire des directeurs sportifs, Paul Winstanley et Lawrence Stewart. Pour Poch, même avec son expérience à Tottenham et au PSG. Pour ses titres. Pour son parcours en finale de la Ligue des champions. Malgré tout, en matière de transferts, il sera marginalisé. Laissé au placard. Et, on se demande comment cela sera perçu dans le club et dans le vestiaire.
Cela ne fait que trois mois, mais Pochettino est le porte-drapeau de ce club. L'homme clé. Dans les bons comme dans les mauvais, c'est le manager qui est mis en avant. Nous n'entendons pas parler de Winstanley. Ni de Stewart. Ni des copropriétaires, Todd Boehly et Behdad Eghbali. L'Argentin est effectivement le visage de Chelsea. Il n'y a pas de Didier Drogba ou de Frank Lampard pour partager le fardeau. Reece James essaye, mais dans l'espace publique, les mots de son manager ont beaucoup, beaucoup plus de poids.
Alors, face à de telles exigences, de telles responsabilités, on aurait pu penser que la direction allait "intégrer" Pochettino. L'impliquer totalement dans toutes les décisions footballistiques. L'encourager. L'exhorter. Faire en sorte que le manager s'immerge totalement dans tout ce que fait Chelsea. Permettre à Pochettino d'apposer sa patte sur tous les aspects de l'aspect footballistique du club.
Au lieu de cela, il y a un réel danger de désengagement. Et ce n'est pas ainsi que fonctionne la culture du football anglais. Dans ces conditions, pourquoi le manager reste-t-il à l'écart des transferts ? La récente dynamique a été bonne pour Chelsea.
Comme nous l'avons dit, la semaine a été bonne pour le club. Mais sur le papier, les Blues n'ont pas l'étoffe d'un champion. Ni même d'un prétendant au top 4. Mais compte tenu de la faiblesse du club depuis le début de l'année, le Chelsea FC a connu une période faste.
Cependant, même avec les énormes dépenses, il y a encore des lacunes dans cette équipe. La question de la profondeur des gardiens de but. L'expérience de son arrière-garde. Et l'absence d'un véritable buteur en attaque.
En effet, c'est le choix du numéro 9 qui pourrait influer sur l'avenir de Pochettino. Nicolas Jackson, selon nous, n'est pas un avant-centre de Premier League. Et il n'est certainement pas l'avant-centre de Pochettino. Il peut réussir dans un trio de tête, c'est certain. Mais pour la manière dont Pochettino aime faire jouer son équipe, Jackson n'est pas celui qui doit mener la ligne de front.
Lors de la dernière semaine du mercato estival, après la victoire contre Luton, Pochettino avait parlé ouvertement des problèmes de l'équipe qu'il souhaitait régler :
"Nous travaillons, le résultat d'aujourd'hui a été positif, et nous continuons à parler d'un gardien et d'un joueur offensif de plus, du bon profil. Nous travaillons pour trouver ce profil dont je pense que nous avons besoin. Nous ne pouvons pas changer si nous perdons ou si nous gagnons, c'est ce dont nous avons besoin pour donner à l'équipe un bon équilibre. Nous avons besoin d'un joueur offensif de plus si nous voulons atteindre nos objectifs."
Pochettino doit pouvoir choisir son avant-centre. Et il doit être autorisé à prendre cette décision, comme il le fait pour toutes les autres décisions de transfert. Chelsea a un manager qui veut être impliqué à 100 %, mais on lui dit qu'il ne peut travailler qu'à 75 %. Ce n'est pas une façon de faire fonctionner un club de Premier League. Et plus cette contrainte perdurera, plus le détachement s'accentuera.
Au cours de ces trois mois, Pochettino a montré à Chelsea qu'il avait un manager capable de faire progresser l'équipe. Pour porter le club sur ses épaules. Il ne mérite pas d'être traité comme une simple gâchette.
