Il avait joué 65 minutes déjà à Dublin en mars en tant que n°9 d'un 3-4-2-1, Evan Ferguson n'avait pas marqué et n'avait même pas été très bon. Depuis, il a pris en expérience et devait revenir avec le couteau entre les dents pour espérer transpercer la défense de l'équipe de France.
Avec son club de Brighton, il a réalisé un super début de saison, signe qu'il progresse à la vitesse de l'éclair, au point même qu'il soit considéré comme l'un des plus grands espoirs de Premier League. Son triplé face à Newcastle le week-end dernier a naturellement impressionné, tant il a éclaboussé la rencontre de son talent. Malheureusement, il ne pourra pas réitérer sur la pelouse du Parc des Princes.
Le successeur de Robbie Keane ?
1 m 83, né un 19 octobre 2004, Ferguson est ce qu'on appelle un footballeur prometteur. Formé au Bohemian FC, un club de Dublin, l'attaquant est repéré à 15 ans et signe à Brighton en janvier 2021 pour atterrir dans les équipes de jeunes. Jusqu'à la saison dernière, il dispute des matches en Premier League 2, le championnat espoir de l'élite anglaise. Il totalise d'ailleurs 16 buts et 2 passes décisives en 34 rencontres, en deux saisons et demi. Toutefois, en parallèle, il a déjà commencé avec les grands.
En février 2022, alors qu'il n'a que 17 ans, il est lancé une vingtaine de minutes par Graham Potter. L'expérience ne se renouvelle pas jusqu'à la saison suivante. Encore une fois, c'est le temps qu'il puisse progresser à l'abri des caméras et du grand public, car les Seagulls savent qu'ils tiennent un joyau.
Il réapparaît définitivement lors du Boxing Day la saison dernière, cette fois-ci sous la coupe de Roberto De Zerbi, qui entretemps a mis la main sur son nouveau collectif. Et, au fil des mois, le jeune Ferguson parvient à trouver sa place sans problème. Trois buts et deux passes décisives entre le 26 décembre et le 21 janvier – face à des adversaires comme Arsenal et Liverpool –, l'international irlandais a lancé sa carrière en PL.
Quelques mois auparavant, Stephen Kenny l'avait convoqué en sélection et avait fait ses débuts à la Norvège, puis Malte en amical. Jusqu'à la fin de la saison, il grappille des minutes aussi bien en club qu'avec l'Irlande et il est même titularisé à plusieurs reprises. À 18 ans, il fait son trou de façon inattendue, dans le sens où on sent une certaine maturité se dégager de son football. Sans être décisif chaque week-end, Evan Ferguson conquit ses publics. Dès mars, avant le match aller face à la France, il marque son premier but en sélection face à la Lettonie.
Tranquillement, il franchit les étapes une par une... d'une facilité plutôt déconcertante. Finalement, il boucle sa première saison (même pas complète donc) avec 29 matches disputés toutes compétitions confondues avec Brighton, pour 11 buts et 3 passes décisives. Pas mal pour un buteur de 18 ans.
Et, en ce début de saison 2023-2024, il vient de montrer qu'il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Un but en ouverture du championnat face à Luton en fin de rencontre, puis donc un triplé à domicile contre les Magpies, Ferguson allait arriver au Parc des Princes en pleine forme.
La défense de l'équipe de France aurait dû négocier la présence d'un attaquant au profil physique complet et impressionnant. Il pourrait jouer pivot, mais sa technique est trop importante pour n'être qu'un simple relai aux abords de la surface. Très bon finisseur, il possède un gros volume de jeu et c'est pour cela qu'il représente le buteur moderne, car il est capable de multiplier les courses – il vaut mieux dans le Brighton de Roberto De Zerbi -, de faire les efforts défensifs, et donc d'imprimer un très gros pressing et contre-pressing. Très bon de la tête également, il est celui qui aurait posé des problèmes aux Bleus.
Pour l'Irlande, malgré le contexte, il est celui que tout un peuple attendait, orphelin depuis le départ de la légende Robbie Keane en 2016. Il évolue dans un autre registre, cela n'empêche que Ferguson pourrait bien marquer le football de son empreinte... mais ses compatriotes vont devoir faire sans lui face à la sélection de Didier Deschamps à partir de 20h45.
