En pleine montée de l'Albulapass, alors qu'il se trouvait dans le groupe maillot jaune, Juan Ayuso (Team UAE Emirates) a placé une grosse mine et semé immédiatement ses compagnons. Lancé à la poursuite du reste de l'échappée, il a avalé un à un les fuyards, est passé en tête au sommet et a fait le travail dans la descente pour aller chercher la victoire dans cette 5e étape du Tour de Suisse.
Une surprise ? Absolument pas. Le jeune Espagnol de 20 ans ne cesse de faire parler de lui. Et ce n'est pas par hasard. Car en fin d'été 2022, il était un espoir du vélo, mais combien d'espoirs compte ce sport ? Combien de coureurs prometteurs ? Qui pour la plupart n'iront jamais au niveau où on les imagine.
Ce statut lui a été attribué principalement grâce à sa victoire dans le Baby Giro 2021. Remporter une course de ce genre vous place sur la carte. Mais en jettant un oeil à la liste des récents vainqueurs de cette épreuve, on trouve des Carlos Betancur, des Mattia Cattaneo ou des Joe Dombrowski. Des coureurs honnêtes, oui, mais pas des cracks une fois professionnels.
C'est bien simple, sa troisième place sur la Vuelta 2022 a fait de lui le premier vainqueur du Baby Giro à monter sur un podium de Grand Tour depuis Danilo di Luca en 1998 ! Voilà qui fait de vous un réel espoir du cyclisme. Parce que clairement, Juan Ayuso est bâti pour les courses à étape.
Bien sûr, il reste du travail. Comme on a pu le constater lors du récent Tour de Romandie. On a d'abord vu le côté pile, avec une victoire sur un contre-la-montre compliqué, qui lui a permis de prendre le maillot de leader, avant que la pièce ne tombe sur face le lendemain, lors de l'étape reine, où il a essuyé une terrible défaillance lui ôtant toute chance de victoire finale.
Blindé par UAE
Mais il est clair que l'objectif d'Ayuso est la Vuelta. Et sa formation y croit. Elle ne va pas l'emmener sur la Grande Boucle pour faire le soutier de Tadej Pogacar, un rôle qui sera dévolu - ironie du sort - au vainqueur du Tour de Romandie, Adam Yates. Preuve de la confiance de la formation émiratie.
Parce que depuis le talent de l'Espagnol a explosé l'an passé sur ses routes, il apparaît déjà comme le présent et le futur de la formation UAE. Pour s'en convaincre, retour sur sa performance à la Vuelta 2022. Au sein de l'équipe UAE, il était sur le papier le n°2, derrière Joao Almeida, leader désigné, qui terminera 5e au final et qui vient de monter sur le podium du Giro. Pas un peintre donc.
Mais c'est lui qui va prendre à la pédale le statut de leader. Toujours aux alentours de la 5e place, il sent qu'une porte s'ouvre quand Primoz Roglic abandonne. Propulsé sur le podium provisoire, il va conserver sa place de haute lutte en faisant jeu égal avec Enric Mas et Remco Evenepoel sur les dernières étapes de montagne. Le tout quelques jours avant son 20e anniversaire.
Quelle meilleure façon de rendre ce que sa formation lui a donné ? Car avant le départ de la Vuelta, il s'offre sa première victoire professionnelle lors du Circuit de Getxo, et la UAE lui fait signer une prolongation de contrat jusqu'en 2028 ! Une anomalie dans le cyclisme moderne, la marque des grands. Personne si ce n'est les stars ne signe ce genre de contrats. Et Ayuso est sur le point d'en devenir une.
La victoire du jour en Suisse ne fait que le prouver. L'Espagnol débarque dans le sillage de cette nouvelle vague qui domine le cyclisme. Fort en montagne, à l'aise contre-la-montre, dôté d'une belle pointe de vitesse, il peut largement remporter cette course. Mais le plus important reste la Vuelta, et fin août - début septembre, Juan Ayuso sera sans doute l'outsider n°1 du Tour d'Espagne. Le tout à seulement 20 ans. On n'a pas fini d'en entendre parler.
