"Les autres attendaient que je fasse quelque chose, parce que j'avais fait rouler mes gars, et c'était un bon signe pour moi parce que peut-être qu'ils me craignaient ou qu'ils étaient à la limite", a déclaré Joao Almeida en conférence de presse mardi soir.
En très bon opportuniste, le Portugais a attaqué à 6 km de l'arrivée et seul Geraint Thomas est parvenu à le suivre jusqu'au bout. Néanmoins, le Britannique n'a pas semblé en mesure de riposter. Il s'est donc contenté de gérer pour perdre le moins de temps possible. Résultat : Almeida a vraiment fait bonne impression et du fait qu'il a tenté le risque, le panache, sa côte est renforcée à quelques heures des explications finales.
Ça paye de montrer les muscles, d'autant qu'à 24 ans et malgré un début de carrière plutôt prometteur si on regarde ses résultats, le coureur d'UAE Team Emirates n'avait jamais démontré sa puissance et la possibilité de dominer sur un Grand Tour. Il y a son Tour d'Italie 2020 durant lequel il se révèle, mais sans forcément pour y laisser l'image d'un crack absolu.
Toutefois, c'est bien sur lui que repose l'espoir de voir un Portugais triompher sur un Grand Tour pour la première fois de l'histoire. À titre personnel, Almeida pourrait effacer la déception du Giro 2022 durant lequel il avait dû abandonner à l'issue de la 18e étape alors qu'il pouvait viser le podium final.
Faire mieux qu'Agostinho
2e sur la Vuelta 1974, 3e sur la Grande Boucle 1978 et 1979, voici à quoi se résume la grande histoire du cyclisme portugais sur les Grands Tours par l'intermédiaire de Joaquim Agostinho. Il a également porté la tunique amarillo durant quatre jours en 1976 (sur le Tour d'Espagne), mais avait échoué à la 7e place au bout des 19 étapes.
Héros de son pays en matière de cyclisme, celui qui nous a quitté en 1984 est dans l'attente de son héritier. En ce sens, Joao Almeida est évidemment le candidat le plus probable et le plus crédible. Oui, il a les capacités pour le faire et il deviendrait alors un monument au Portugal dès dimanche soir.
Devenir le premier coureur de son pays à remporter un Grand Tour est toujours un moment particulier. Ce fut le cas, par exemple, lorsque Richard Carapaz a triomphé à Vérone en 2019. Pour la nation équatorienne, c'était fou, pour celle portugaise, cela le sera également. Et si on doit relativiser, Joao Almeida qui termine sur le podium serait déjà un superbe accomplissement, puisqu'il serait également le premier Portugais à le faire sur le Giro.
Mais revenons en aux faits et à partir de ce jeudi, nous entamons la dernière ligne droite ; le moment de vérité. Cette 18e étape est une de moyenne montagne et il n'est pas certain que la différence se fasse à ce moment-là, mais il sera intéressant de voir comme Thomas, Almeida et Roglic se comporteront. Les 19e et 20e seront à coup sûr décisives, car sur le massif des Dolomites, nous allons avoir le droit à de très beaux cols et de très beaux pourcentages.
En effet, Almeida va devoir dompter, mieux que les autres, Cortina d'Ampezzo, puis le Passo Tre Croci et enfin les Tre Cime di Lavaredo constitués d'un col de 7,2 km avec une pente moyenne de 7,6 % dont deux passages à 18 %. Autant dire que cela va être plus que rude et le spectacle devrait être au rendez-vous. C'est d'ailleurs la Cima Coppi de ce Giro 2023, à la suite de l'annulation du Col du Grand Saint-Bernard survenu lors de la 13e étape.
Enfin, samedi, il y a ce fameux contre-la-montre montagneux de 18,6 km avec une pente moyenne de 12 % et deux passages à 22 % situés au début et à la fin de la côte menant au sanctuaire du Monte Santo di Lussari. Cette étape pourrait convenir à Joao Almeida dans le sens où ses qualités de grimpeur pourraient faire la différence pour enfoncer le clou sur Geraint Thomas si ce dernier l'aura suivi la veille.
"On est restés derrière et on les a laissés faire", a déclaré ce dernier après la 16e étape. Malheureusement pour lui, il ne va pas pouvoir se cacher indéfiniment et Almeida pourrait en profiter. Le Portugais est peut-être face à la chance de sa vie et il serait bien dommage de ne pas en profiter. Surtout, il semble plus fort que jamais, à lui de le prouver en mondovision.
