La Roca Team, à l'ascension fulgurante depuis son rachat par l'homme d'affaires russo-hongrois Alexeï Fedoritchev, connaît un premier coup d'arrêt, elle qui s'était classée troisième lors du dernier carré à Berlin l'an passé.
"L'année dernière, on était comblés. Cette année, on est abattus", a résumé le pivot lituanien Donatas Motiejunas (16 pts, 7 rebonds). "Ils ont montré plus de calme à la fin. Ils ont trouvé des tirs ouverts. Ils ont joué plus intelligemment, c'est pour ça qu'ils ont gagné."
L'échec est d'autant plus notable que jamais une équipe disputant son cinquième match à domicile n'avait été éliminée en quart de finale de l'Euroligue depuis 2009 et l'instauration de ce format au meilleur des cinq matches.
Comme cinq matches ne suffisaient pas, il a fallu cinq minutes de plus pour décoller les deux équipes dans ce match irrespirable.
Deux fois, la Roca Team a eu la dernière possession. D'abord dans les ultimes secondes du temps réglementaire, quand un shoot derrière la ligne d'Elie Okobo (15 pts, 5 passes au total) n'a pas trouvé les filets.
"Normalement, il ne faut jamais tirer dans cette situation", a concédé l'entraineur Sasa Obradovic. On joue à la maison, on peut penser qu'on va obtenir des lancers francs et on avait un bon pourcentage de réussite sur la ligne... Mais c'est facile à dire à froid après."
Puis dans les derniers instants de la prolongation quand le ballon a glissé des doigts d'Okobo encore, dans la chaleur moite de Gaston-Médecin.
L'issue est rageante aussi car le meilleur marqueur de l'histoire de l'Euroligue, Mike James, après une soirée tout à fait banale (12 pts avant, 20 pts au total), avait semblé faire basculer le match du côté du Rocher.
Calathes létal
D'un panier à trois points qu'il a fabriqué à lui seul, d'un step-back, alors que les siens étaient auparavant menés de deux possessions à 112 secondes du buzzer (63-67). Puis d'une autre flèche paranormale pour placer ses compagnons devant d'entrée en prolongation (73-70).
Monaco paraissait en mesure de sceller sa série. Surtout après son coup de force cinq jours plus tôt en Turquie (65-62) en milieu qu'il est difficile de faire plus hostile.
Sauf que l'équipe de shooters du "Fener" n'a été muselée derrière la ligne qu'un quart-temps seulement (0/4) avant d'afficher une adresse insolente (43%).
Même le vétéran grec Nick Calathes (35 ans), qui avait presque tout manqué auparavant (2/13), y compris sur la ligne des lancers francs (3/5), a été touché par la grâce avec deux shoots derrière la ligne dans la dernière minute de la prolongation pour envoyer le "Fener" au Final Four pour la première fois depuis cinq ans.
Conscient de ce qu'il lui devait, l'entraineur Sarunas Jasikevicius l'a étreint à l'étouffer dans les entrailles de Gaston-Médecin, sous le stade Louis-II. Avant que toute l'équipe n'asperge d'eau le divin chauve aux cris de "MVP ! MVP !", transformant la zone mixte en mare.
Monaco doit maintenant se remobiliser vers les play-offs du championnat de France, où un autre jeune et ambitieux club, le Paris Basketball, commence à lui disputer le leadership.
Deuxième de saison régulière derrière l'ASM, qu'il a éjecté de la Leaders Cup en février, le club de la capitale signe une série insensée de 24 victoires.
"Si on regarde notre saison, on n'a pas réussi à décrocher un seul titre. On n'a pas pris beaucoup de gens au sérieux, c'est quelque chose qu'il va falloir corriger", observe Motiejunas, en référence également à l'élimination en demi-finale de Coupe de France par Strasbourg (93-89). "Il faut comprendre qu'il n'y a plus qu'un seul trophée à gagner et que si on n'y met pas notre volonté, on va aussi passer à côté."
