En France comme en NBA, pourquoi Rudy Gobert cristallise-t-il à ce point les tensions ?

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En France comme en NBA, pourquoi Rudy Gobert cristallise-t-il à ce point les tensions ?
Rudy Gobert, encore décrié.
Rudy Gobert, encore décrié.FIBA
Clairement pas à son niveau, comme toute l'équipe de France, durant la Coupe du monde, Rudy Gobert rajoute une pièce à son dossier, celui d'un joueur décrié constamment peu importe son niveau et son utilisation.

La France est éliminée de la Coupe du monde de basket dès le premier tour. Une faillite collective, aux explications multiples, mais au moment de trouver les coupables, derrière le nom de Vincent Collet, celui de Rudy Gobert vient assez rapidement. Comme d'habitude.

Car voilà quelques années que le pivot français est clivant au possible. À son importance défensive indéniable, on oppose son côté frustre en attaque, son manque de variété, dans une NBA dominée par le tir à trois points, et surtout son manque de dureté. 

Mais ne nous voilons pas la face, ce qu'on reproche au Français, c'est en premier lieu son salaire. Plus de 200 millions sur 5 ans - un contrat qui prendra fin en 2026 - c'est beaucoup, sans doute trop. Mais cela paraît toutefois dérisoire dans le basket moderne, dans une NBA où le salary cap est en train d'exploser. 

La saison prochaine, Gobert sera le 13e joueur le mieux payé de NBA. Et tous les joueurs devant mettent 20 points par match en dormant, sont des armes offensives redoutables, qui collent avec le spectacle proposé Outre-Atlantique. Lui n'est qu'un pivot défensif, dont on diminue l'importance parce qu'il ne domine que d'un côté du terrain. Manque de chance, c'est le mauvais. 

Mais quel rapport entre son salaire et l'équipe de France ? Puisqu'il fait partie des "stars" de la NBA, puisqu'il est triple meilleur défenseur de l'année et triple All-Star, puisqu'il est intrinsèquement le meilleur joueur de l'équipe et le plus connu, eh bien c'est lui qui devrait nous faire gagner des matchs, pardi !

Du coup, retour sur sa ligne de stats contre la Lettonie. 9 points, un seul tir pris - et réussi - 7 rebonds, 3 interceptions, 2 contres. un plus/minus de -5 mais une évaluation de 20, la deuxième meilleure de la partie - et la meilleure côté français. Une importance donc, mais aussi un point déjà souligné en NBA : on sert rarement Rudy Gobert.

Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la dernière action du match. Le pivot fait l'effort de remonter, parvient à s'isoler dans la raquette en profitant que la défense soit obnubilée par le porteur de balle, agite les bras désespérément en espérant qu'on le serve, puisqu'il allait offrir à coup sûr deux points et la prolongation. Las, un shoot casse-croûte plus tard, la France prend la porte.

Une situation vue et revue en NBA. Rudy Gobert a réalisé la deuxième meilleure saison de l'histoire au poucentage au tir, dépassant les 70%. Mais sans jamais appeler de systèmes pour lui, en gobant majoritairement des rebonds offensifs. Là où le bât blesse, c'est qu'il n'a jamais été question de transformer Gobert en arme offensive réelle. 

On reproche souvent à Gobert son manque de variété, mais n'importe quel joueur peu apporter de la variété à son équipe. À condition qu'il soit utilisé correctement. Et clairement, ce n'est pas le cas en équipe de France, où il n'y avait pas de réelle envie de variété, puisque le coach a tout misé sur le tir longue distance, avec un seul réel shooteur - Evan Fournier - dans le cinq. 

Contre la Lettonie, les Bleus ont ainsi pris plus de trois points que de deux points. Mais ont réussi à perdre malgré une adresse - longue distance comme globale - supérieure à 50%. Mais contre le Canada, c'est un horrible 6/28 dont ils nous ont gratifié. Pas de plan B donc, et pas de place pour Gobert dans l'animation offensive, que ça rentre ou pas, on continue d'artiller. 

Et malheureusement, c'est (trop) souvent le cas en NBA. Combien d'équipes ne jurent que par le trois points, sans avoir l'effectif adéquat ? Si les Warriors, qui ont lancé cette ère, disposent de Steph Curry et Klay Thompson, tout le monde n'a pas de shooters élite dans son roster. C'est le cas de Minnesota, qui a misé sur le pivot français l'été dernier, n'hésitant pas à prendre des gros risques. 

Pour l'instant, c'est un échec cuisant, et cela a coûté au pivot son statut de All-Star. Mais s'il est une évidence, c'est que Rudy Gobert n'a jamais joué avec un passeur de niveau élite. Parce que les passeurs élite sont désormais rarissimes ? Oui, mais c'est un autre débat. Cependant, pas besoin d'être élite pour faire un pick'n'roll. Mais quand le mismatch est créé, 95% du temps, le meneur jouera le pivot plutôt que de servir son intérieur. 

Le jeu au poste est décrié, et puisque le Français n'est pas élite au poste, il n'a pas de munitions. C'est aussi simple que ça, c'est l'époque qui dirige la façon de jouer. Jusqu'au jour où une équipe qui remettra le jeu intérieur au centre du projet viendra gagner le titre, et dès lors, on changera d'époque. 

Néanmoins, il ne faut pas excuser Rudy Gobert, qui a trop souvent mis en avant lui-même son importance capitale défensivement pour masquer ses manques offensifs. Le QI Basket ne s'achète pas, ne se loue pas, on l'a ou pas. Gobert ne l'a pas, c'est une évidence. Mais plutôt que de se lamenter sur ses faiblesses, pourquoi ne pas tenter de capitaliser sur ses forces ?

Or, la défense française était aux abonnés absents. Les Bleus ont concédé 25 rebonds offensifs en deux matchs, inexcusable avec Gobert sur le parquet. À chaque match, ils ont pris 36 points dans la raquette, ce qui est énorme, et la responsabilité du pivot est clairement engagée. Alors oui, reconnaitre ses fautes, c'est très bien, c'est preuve de maturité, de leadership, parait-il. 

Mais ne pas en faire, c'est encore mieux. La trentaine passée, Gobert aurait dû atteindre une sorte de maturité dans son jeu. Personne n'a jamais demandé au pivot de devenir Nikola Jokic, mais de trouver un équilibre pour avoir un impact visible dans son équipe. 

L'impact, il n'en a eu quasiment aucun durant cette Coupe du monde. Et quand il rentrera à Minneapolis, il sera au mieux le troisième joueur le plus important de son équipe. Mais le mieux payé, et on lui reprochera encore son rapport salaire / apport. Ainsi va la vie du meilleur joueur français actuel, ni prophète en son pays, ni respecté dans les autres. 

France gouvernement

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