B&B Hôtels va disparaître : Chronique d'un désastre annoncé

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B&B Hôtels va disparaître : Chronique d'un désastre annoncé

B&B Hôtels va disparaître : Chronique d'un désastre annoncé
B&B Hôtels va disparaître : Chronique d'un désastre annoncéAFP
Cinq mois après des annonces de grand chambardement et de montée en grade de son équipe, Jérôme Pineau, manager de la B&B Hôtels, a dû se résoudre à libérer tous ses coureurs devant l'incapacité à décrocher un sponsor important. De nombreux coureurs vont rester sur le carreau et l'équipe va disparaître.

Mi-juillet, en plein Tour de France, les premières rumeurs circulaient. Un gros sponsor allait s'associer à la formation B&B Hôtels. On ignorait qui, mais cela allait permettre de doubler le budget de la formation française, de la structurer, la solidifier et de l'installer définitivement dans le peloton, avec pour objectif une place permanente sur le circuit World Tour.

Or voilà quelques jours, le couperet est tombé. Le manager, Jérôme Pineau, a libéré tous ses coureurs. Si certains n'auront pas de mal à rebondir, la grande majorité se retrouve sans équipe alors que les formations ont en majorité bouclé leur effectif et le budget pour 2023. 

Didier Quillot toujours dans les mauvais coups

Très vite après les premières rumeurs, la Mairie de Paris a annoncé qu'elle serait partenaire de l'équipe, ce qui a soulevé deux questions majeures.

1- B&B Hôtels, le sponsor principal, est une chaîne d'hôtels dont le siège social est situé à Brest. Une association avec la Ville de Paris n'avait pas vraiment de sens, surtout que le siège de l'équipe devait alors déménager à Paris. Même si le centre de formation devait demeurer en Bretagne, ce n'était guère pertinent pour l'identité de l'équipe.

2- La personne qui a initié ce partenariat n'est autre que Didier Quillot. Si ce nom vous est familier, c'est normal. On parle de l'ancien directeur général de la Ligue de Football Professionnel. C'est sous sa houlette que la LFP va nouer un partenariat tristement célèbre, avec Mediapro. Nul besoin de rappeler quel fiasco cela fut. Malgré tout, cet "homme d'affaires" a de nouveau frappé en rapprochant la Ville de Paris de l'équipe bretonne, sans que la Mairie n'engage un centime cependant. On aimerait bien savoir s'il en était de même pour lui.

Un projet bancal

Quand les premières annonces tombent, le nouveau sponsor est annoncé comme quasi-certain. Très vite, des noms circulent. Le plus récurrent était celui de Carrefour, mais ce fut rapidement démenti. Puis un partenariat avec Amazon France - qui faisait sens - a été annoncé. Du tout cuit entendait-on. Là encore, la confirmation n'est jamais tombée. 

En ce qui concerne le sportif, fatalement, de grosses recrues étaient attendues. Si la piste Michael Matthews a rapidement disparu, un nom est principalement revenu sur la table : Mark Cavendish.

Le Britannique est l'un des plus grands sprinters de l'histoire, aucun doute là-dessus. Néanmoins, faire d'un coureur de 37 ans la figure de proue de son projet pose question. Est-ce parce que c'est tout ce que cette équipe pouvait attirer comme coureur de renom ?

Il est vrai que le Tour de France des "Men In Glaz" n'a pas été transcendant. Tandis que lors de l'édition 2021, B&B Hôtels avait mouillé le maillot et été récompensé par le titre de "super-combatif" pour Franck Bonnamour, l'édition 2022 a été très décevante. Pas le meilleur moyen de donner envie à des coureurs de monter dans le train.

Un drame en plusieurs actes

Au mois d'octobre, l'Union Cycliste Internationale publie la liste provisoire des équipes professionnelles pour la saison 2023. Et ô surprise, B&B Hôtels n'y figure pas. La formation avance un simple contretemps, puisque l'annonce officielle du nouveau sponsor a alors été retardée. La réalité est tout autre. Il apparaît que la Ville de Paris devait fournir une partie du budget, mais se serait retiré au dernier moment pour des raisons politiques, sans plus de précisions. Mettant ainsi Pineau au pied du mur pour retrouver un sponsor important en urgence.

La présentation officielle devait avoir lieu le 26 octobre, soit la veille de la révélation du parcours du Tour de France 2023. Bien orchestré donc, sur le papier. Mais en réalité, un désastre. 48 heures avant, la formation annule sa conférence de presse ! Là encore, Jérôme Pineau se veut rassurant, évoque des délais courts et des impératifs administratifs pour justifier ce revirement. Aucun mot sur le mic-mac avec Paris. 

C'est alors que la situation tourne au vinaigre. On apprend que certains coureurs auraient saisi l’Union Nationale des Cyclistes Professionnels pour cause de salaires impayés. De plus, le bruit circule que B&B Hôtels aurait tenté de fusionner avec l'équipe Israel Premier Tech, qui aurait refusé la proposition.

Une chute inéluctable

Mi-novembre, Jérôme Pineau semble encore faire l'autruche. Alors que tout doit être bouclé au 30 novembre pour avoir une chance, le manager explique qu'il a encore des pistes sérieuses, qui ne demandent qu'à être concrétisées. Mais vu de l'extérieur, la situation semble franchement désespérée. Plus les jours avance,nt plus le manager déclare qu'il continue de travailler.

On ignore s'il était sincère ou s'il s'agissait d'un management de façade, mais toujours est-il qu'il a fini par faire ce que tout le monde redoutait en fin de semaine dernière. Il a libéré tous ses coureurs pour la saison à venir. Adieu l'équipe féminine qui devait compléter la structure, et adieu le centre de formation. Le coup de grâce a été prononcé mercredi dernier, quand la dissolution de l'équipe a été officialisée. Il ne reste plus que des cendres. 

Que de victimes

Problème, on est au mois de décembre. Ce qui signifie que toutes les équipes ont quasiment bouclé leur effectif - et leur budget - pour la saison 2023. Alors certes, les coureurs les plus en vue de l'effectif devraient facilement rebondir. Axel Laurance, l'une des révélations de la saison, est annoncé en contact avec INEOS- Grenadiers. Victor Koretzky vient d'atterrir chez BORA-Hansgröhe. Quand à l'Italien Luca Mozzato, il devrait signer chez Arkéa-Samsic. Franck Bonnamour devrait lui aussi trouver un échappatoire chez AG2R - Citroën.

Mais qu'en est-il des autres ? 24 coureurs professionnels composent la stucture. Alors certes un Pierre Rolland a pris les devants en annonçant sa retraite. Mais qui va miser sur un Cyril Gautier, qui est au crépuscule de sa carrière ? Les coureurs en devenir comme Pierre Barbier risquent de voir leur ascension fauchée en plein vol. Et on ne parle pas des recrues annoncées comme Ramon Sinkeldam, qui a heureusement été repeché par Alpecin-Deceuninck

Et qu'en est-il des membres du staff, kinés, personnels administratifs ? Sous-traitants, personnels associés de près ou de loin à l'équipe ? Un désastre. Un projet qui rêve de grandeur pour finir par une noyade, ce n'est pas nouveau. On l'a souvent vu, notamment en football. Mais cela doit rester l'exception. Or plus les années passent, plus ce genre d'exemples fleurissent. Une bonne leçon pour tout le monde : tant que rien n'est signé, rien n'est réel. 

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