Quand on a été un milieu de terrain avec une telle aptitude à organiser son équipe et déséquilibrer l'adversaire, devenir entraîneur est la suite logique. Xabi Alonso n'a qu'une expérience de premier entraîneur, avec la Real Sociedad B, mais il est déjà à la tête d'une grande équipe.

Gerardo Seoane n'a pas survécu à la défaite contre Porto en Ligue des champions. Le Basque effectue donc son retour en Allemagne, lui qui a porté le maillot du Bayern de 2014 à 2017. 

"C'était direct et j'ai senti que c'était quelque chose de formidable pour moi, une grande opportunité de travailler, de m'améliorer et d'avoir un impact sur ce club et pour moi-même. Je connais l'Allemagne, la mentalité de travail, l'environnement, le professionnalisme, le sérieux, et j'aime ces choses qui montrent que vous devez être à la hauteur. C'est le plus important", a-t-il déclaré jeudi lors de sa présentation en tant que coach du Bayer Leverkusen. 

Des passages réussis au Real Madrid et à la Real Sociedad

Raynald Denoueix, Rafa Benítez, Luis Aragonés, Vicente del Bosque, José Mourinho, Carlo Ancelotti, Pep Guardiola : le parcours de Xabi Alonso a été émaillé de rencontres avec de très grands techniciens aux multiples influences. La synthèse de ces expériences autorise les plus grands espoirs quant aux capacités managériales du champion du monde 2010. 

Diplômé, il s'est d'abord tourné vers le Real Madrid. À la tête des U14 lors de la saison 2018-2019, il réalise des débuts quasi parfaits : 25 victoires, 1 défaite, 156 buts marqués et 14 encaissés. Il finira champion de sa catégorie.

Mais plutôt que de suivre son cursus à La Fábrica, il met le cap sur Zubieta, l'excellent centre de formation de la Real Sociedad, son club formateur. Entraîneur du filial txuri-urdin en 3e division, sa première saison s'arrête brutalement avec la pandémie de COVID, alors que la Real Sociedad B est 5e de son groupe.

Avec les futurs talents du club de Gipuzkoa, il réalise l'exploit de monter en Segunda lors de la saison 2020-2021 : il finit premier de son groupe en Segunda B, devant le Bilbao Athletic, et obtient l'ascension, 60 ans plus tard, après des playoffs remportés face au FC Andorre puis Algeciras.

La saison 2021-2022 est forcément plus chaotique, mais, malgré tout, tout à son honneur. Imanol Alguacil faisant appel aux meilleurs éléments de la B pour compléter son effectif, l'équipe redescend en Primera RFEF (nouveau nom donné, à la troisième division espagnole), après avoir lutté pour le maintien jusqu'au bout. Dans tous les cas, le travail de formation a été réalisé avec succès. 

Un entraîneur qui tend vers le jeu de possession 

Pour Xabi Alonso aussi, la formation est achevée. À 40 ans, il voit plus loin. Il quitte la Real Sociedad et attend la bonne opportunité. Et il n'a pas eu à attendre longtemps, preuve de sa cote. C'est le Bayer Leverkusen qui enrôle le jeune entraîneur espagnol, et ce, jusqu'en 2024. 

Avec l'Espagnol, les fans de Leverkusen doivent s'attendre à un jeu de possession avec le ballon. Une philosophie qui se rapproche de celle de Pep Guardiola : des attaques placées et des variables dans un milieu constamment en mouvement pour déstabiliser l’adversaire et être en surnombre. Défensivement, l'objectif est de mettre la pression sur le porteur après perte de balle et de la récupérer le plus rapidement possible.

Son schéma tactique se rapproche également de celui du manager des Citizens. Deux tactiques de départ sont privilégiées par l'Espagnol : le 4-3-3 et le 4-2-3-1. Mais comme souvent, dans les faits, avec et sans ballon, celle-ci se modifie.

En phase de possession, son équipe se positionne en 3-2-4-1 : l'un des latéraux resserre dans l'axe ; le 6 et un des 8 se positionne au milieu à la création ; le deuxième latéral devient ailier ; l'autre 8 et l'un des deux ailiers passent au poste de milieu offensif ; le 9 est un point de fixation et l'autre ailier ne bouge pas. L'objectif est de peupler le milieu de terrain pour être en surnombre avec ballon, tout en maintenant un rythme élevé en possession. 

Et lorsque l'équipe perd la balle, le fait d'avoir autant de joueurs offensifs haut sur le terrain, lui permet d'étouffer l'adversaire et de presser le plus possible pour la récupérer. Si la ligne des quatre offensifs est cassée par l'adversaire, son équipe se positionne en 4-1-4-1 en lignes ultra-resserrées. Dernier aspect tactique important : le gardien devient libéro en possession, dans le but de générer un surnombre et casser la première ligne de pression en une passe. 

"Il a été l’un de mes meilleurs milieux de terrain que j'ai eu et je savais qu’il allait devenir un bon entraîneur", a avoué l'an passé Carlo Ancelotti, lors d'une conférence de presse.

Au Bayer Leverkusen, Xabi Alonso aura l'opportunité de montrer toutes ses qualités au plus haut niveau. Premier match samedi, à 15 h 30, face à Schalke 04.