C'est une ellipse parfaite, un geste technique d'une rare précision. Force et précision. Du pied d'Abedi Pelé sort un ballon magique et Basile Boli catapultera d'un coup de tête légendaire dans les filets de Sebastiano Rossi. Ce moment suspendu a tout balayé : les larmes de Bari, 38 ans de disette française en Coupe d'Europe, les poteaux carrés de Glasgow. L'OM a mis la France tout en haut. Et tout a commencé avec un corner qui n'existait pas.
Deux ans après avoir perdu aux tirs au but contre l'Étoile rouge de Belgrade, l'Olympique de Marseille retrouve la finale de la Coupe d'Europe. L'armada du Milan de Silvio Berlusconi et Fabio Capello se dresse devant le champion de France. Les Marseillais ne sont pas favoris et ils sont mis sous pression par les Rossoneri.
Corner téléguidé signé Abedi Pelé
Outre un Fabien Barthez insubmersible, l'OM a besoin d'un petit coup de pouce pour faire basculer le match. Il arrive en toute fin de première période.
À la 43e minute, Franck Sauzée récupère un ballon dans le rond central de manière acrobatique. Jocelyn Angloma relance et ouvre sur Alen Boksic. Le Croate oriente à droite sur Pelé. Le Ghanéen fixe Paolo Maldini et accélère mais le jeune Italien de 22 ans s'accroche et tacle juste à temps. Le geste est parfait et Pelé retouche le ballon... mais l'arbitre de touche annonce corner. C'est le premier du match pour l'OM. Le numéro 10 prend le temps de récupérer de son sprint avant de frapper. Le gaucher cherche Boli des yeux plusieurs fois.
C'est un ballon téléguidé. Alors que Boli a l'habitude de se positionner au second poteau, il vient s'ajouter à Rudi Völler au premier. Son appel le place devant Frank Rijkaard. Völler saute mais c'est le défenseur central qui s'impose. "Basilou" rend une bonne dizaine de centimètres au milieu néerlandais qui, en plus, s'accroche au maillot de l'Olympien. Mais il compense par son timing et sa complicité avec Pelé. Avec la vitesse, inutile de mettre beaucoup de puissance. Il s'agit de la placer. Et comment mieux le faire ? Rossi n'a mis personne au second poteau. Stoïque, il regarde le cuir finir dans le coin de ses filets.
Et voilà comment l'histoire de l'OM et de tout le football français bascula...