Le match entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France, dans la banlieue nord de Paris, à Saint-Denis, le 28 mai 2022, a été remporté 1-0 par l'équipe espagnole.
Le coup d'envoi a été retardé de 37 minutes, les supporters ayant du mal à entrer dans le stade national français après que la police les a dirigés vers des goulots d'étranglement surpeuplés à l'approche du match.
Ils ont ensuite tiré des gaz lacrymogènes en direction de milliers de supporters enfermés derrière des barrières métalliques sur le périmètre du stade.
Un an plus tard, les supporters qui étaient présents restent traumatisés par cette expérience.
John Marquis, un supporter de Liverpool originaire de Guernesey qui avait des billets pour assister au match avec sa fille, n'a jamais pu entrer dans le stade.
"C'est après la mi-temps que les choses ont vraiment mal tourné", a déclaré M. Marquis, ajoutant qu'il avait senti "le souffle d'une matraque qui a manqué mon crâne de quelques millimètres".
Un changement de vie
Il explique qu'il n'a pas regardé Liverpool depuis et qu'il lutte contre les crises de panique et les environnements surpeuplés.
"Cela a littéralement changé ma vie", a-t-il déclaré.
"On m'a diagnostiqué un TSPT (trouble de stress post-traumatique).
"Je n'ai plus la force ni la capacité de suivre le Liverpool FC. Je n'ai jamais regardé et ne regarderai plus jamais le Liverpool FC".
Comme beaucoup de supporters de Liverpool, l'expérience au Stade de France a rappelé à Marquis le désastre de Hillsborough en 1989, qui a coûté la vie à 97 supporters du club.
"Bien sûr, beaucoup de gens qui étaient là (à Paris) étaient déjà à Hillsborough en 1989 et cela ravive évidemment les choses", a déclaré à l'AFP Peter Scarfe, qui a survécu à cette catastrophe mais a regardé la finale du Stade de France à la télévision.
M. Scarfe a demandé que des personnes soient tenues pour responsables du chaos de Paris et a déclaré qu'il était "effrayant" que le même stade soit le centre de la Coupe du monde de rugby de cette année et des prochains Jeux olympiques.
"Ce que nous n'avons pas obtenu il y a 34 ans, c'est la responsabilité", a-t-il déclaré.
"Cette fois-ci, c'est ce que les gens demandent. Ils veulent qu'on leur rende des comptes. Ils veulent que le monde reconnaisse que d'énormes erreurs ont été commises.
Les autorités françaises ont d'abord tenté de rejeter la faute sur les supporters de Liverpool, affirmant qu'une "fraude à l'échelle industrielle" de faux billets était à l'origine du problème.
Une enquête du Sénat français a par la suite révélé que des mesures de sécurité mal appliquées étaient à l'origine de la pagaille.
Leçons pour l'UEFA
Un rapport indépendant publié en février a conclu que l'instance dirigeante du football européen, l'UEFA, était "la première responsable".
L'UEFA a présenté ses excuses et a promis de rembourser les billets de tous les supporters de Liverpool et des autres spectateurs touchés par les troubles.
Mais l'instance suisse tirera-t-elle les leçons de cette soirée ?
Au début du mois, elle a présenté un "plan d'action global" détaillant la manière dont elle allait "renforcer les garanties existantes" pour les supporters assistant aux futures finales des compétitions de clubs de l'UEFA.
Cette année, la finale de la Ligue des champions entre Manchester City et l 'Inter Milan se tiendra à Istanbul le 10 juin.
"Lorsque les gens arrivent au stade, l'idée est d'éviter une situation où les seules personnes à qui ils peuvent parler sont des policiers anti-émeutes", a déclaré à l'AFP Ronan Evain, directeur exécutif de Football Supporters Europe, qui a travaillé avec l'UEFA sur le sujet.
Cependant, l'UEFA reste dépendante des villes et des pays hôtes en ce qui concerne le maintien de l'ordre.
Certains observateurs ne sont guère rassurés par le lieu de la finale de la Ligue des champions, notamment en raison du souvenir de ce qui s'est passé lors de la Super Coupe de l'UEFA 2019 entre Liverpool et Chelsea au stade Besiktas de la ville.
"Une heure et demie avant le match, le commandant turc a décidé de remplacer les stadiers chargés de fouiller les supporters par des policiers", a déclaré une source au fait des rouages des instances dirigeantes du football, ajoutant qu'ils "ne parlaient pas anglais et confisquaient les écharpes et les drapeaux".
Des craintes pour les Jeux olympiques ?
Il faudra peut-être attendre un certain temps avant que l'UEFA ne ramène l'une de ses compétitions phares en France.
Les autorités françaises ont été critiquées pour leur réaction brutale à l'égard des supporters, fondée sur des hypothèses erronées selon lesquelles les supporters constituaient une menace pour l'ordre public.
Cela soulève des questions sur la manière dont elles géreront les foules lors de la Coupe du monde de rugby qui aura lieu plus tard dans l'année et des Jeux olympiques, même si les méthodes de maintien de l'ordre n'ont jamais été les mêmes.
La débâcle du Stade de France a entaché la réputation internationale du pays.
Les autorités se préoccupent donc désormais de veiller à ce que la France puisse accueillir des Jeux olympiques en toute sécurité.
Paris a un nouveau chef de police, Laurent Nunez, qui remplace Didier Lallement, lequel a fini par payer le prix de la finale ratée de la Ligue des champions.
"Nous travaillons mieux avec la police", a déclaré un membre de la direction du Stade de France.
