N'ayons pas peur des mots : la Juventus joue sa saison et une grosse partie de son avenir à la Beaujoire dans ce barrage d'accession aux 1/8 de finale de la Ligue Europa. Punie de 15 points de retrait en championnat pour des irrégularités financières, la Vieille Dame est à 12 points de la 4e place de Serie A qui lui permettrait de disputer la prochaine Ligue des Champions. Le seul moyen la jouer est de remporter cette C3 où elle a été reversée après sa 3e place en phase de groupe de C1, derrière Benfica et le PSG.
La pression est donc importante et le match nul concédé à domicile (1-1) laisse la porte ouverte au FC Nantes qui a beaucoup moins de questions à se poser que les joueurs bianconeri. Une élimination serait logique, une qualification serait historique. Pour Antoine Kombouaré, qui estime que Nantes a "deux chances sur 10" de se qualifier, son équipe s'est offert "le droit de rêver. Maintenant, le plus dur commence, le plus dur est à faire". Malin, il a profité de la conférence de presse d'avant-match pour ajouter un brin de pression aux Bianconeri : "c'est un grand match, mais c'est surtout un grand match important pour la Juve. Pas pour nous. La Juve, s'ils perdent contre nous, ils sont ridicules".
Un groupe quasi au complet
Les organismes étaient fatigués pour les joueurs de Kombouaré à Lens où les Nantais ont été battus par les Sang-et-Or (3-1). Les têtes étaient sans doute aussi à ce jeudi soir. Le coach kanak doit gérer un effectif au coeur d'une période faste mais aussi très chargée avec 11 matches en 35 jours. Sept se sont déjà disputés et le reste du planning est épicé : Juventus, Rennes, Lens en 1/4 de Coupe de France et le PSG. Contre Lens dimanche dernier, le XI de départ avait été sérieusement remanié avec 6 changements par rapport à l'aller dans le Piémont. Buteur contre les Bianconeri, Ludovic Blas est resté au repos complet, tout comme Fabien Centonze.
Joueur de champ le plus utilisé de l'effectif, Andrei Girotto a eu une alerte à la cheville mais il sera bien présent au côté de Nicolas Pallois, de retour de blessure et préservé lors du déplacement en Artois. Ignatius Ganago, touché par un drame familial, sera lui aussi bien présent. "Ce sera toujours sans Quentin Merlin (adducteurs, ndlr), Joao Victor et Jaouen Hadjam (non qualifiés, ndlr), sinon on a récupéré tout le monde, a expliqué Kombouaré. "Gana" a repris lundi, il est prêt physiquement et surtout mentalement pour réintégrer le groupe".
Autre bonne nouvelle pour l'attaque nantaise : Moses Simon et Andy Delort sont aptes, ce qui ouvre l'horizon des possibles après avoir proposé une défense à 3 à l'aller : "c'est possible qu'il y ait un changement sur le plan de l'organisation. On va avoir plus de forces, plus de possibilités pour aller faire mal à cette défense. Quand on a des attaquants en nombre et surtout en qualité, c'est vraiment un plus pour nous".
Impatience partagée
Le vainqueur de la dernière Coupe de France n'a rien à perdre, contrairement à la Juventus. "Nous, on est le petit poucet", a rappelé Alban Lafont en conférence de presse d'avant-match. Cependant, ce ne sera pas une raison pour être timides sur le terrain. "On a conscience de l'importance de l'événement. On est impatients. Des matches comme ça, face à un tel adversaire, on n'en joue pas souvent dans une carrière", a martelé l'ancien gardien de la Fiorentina, le rival honni de la Juve.
La Beaujoire aussi est impatiente et l'enceinte sera bondée pour encourager les Canaris avec ce parfum d'Europe qui rend ces soirées si spéciales. "On connait tous l'importance du public et les émotions vécues avant, a rappelé Lafont. Nous pousser au maximum, ça va être une motivation supplémentaire". Puis de tempérer : "après, c'est à nous, les joueurs, de faire les efforts. Ça peut changer la donne mais ce ne sont pas les supporters qui vont marquer un but. La Juventus a l'habitude de ces matches à enjeu, avec du public".
Le FC Nantes n'a jamais battu une équipe italienne mais le dernier passage de la Juve à Nantes s'est soldé par une victoire des Canaris (3-2) en dépit de l'élimination en 1/2 finale de la Ligue des Champions, en 1996. Une autre époque mais les émotions européennes ne demandent qu'à ressurgir.
