Vingt-trois. 23. XXIII. Écrivez-le comme vous le souhaitez : Novak Djokovic s'est adjugé son 23e titre du Grand Chelem, devenant l'homme le plus titré en Majeur, égalant Serena Williams. Seule Margaret Court, 24 succès, est encore devant le Serbe. Mais pour combien de temps encore ?
Arrivé avec quelques doutes physiques, "Nole" a dominé sa finale contre Casper Ruud pour remporter son 3e Roland-Garros après avoir tremblé une petite demi-heure en début de rencontre avant de survoler les débats contre un adversaire désormais habitué des finales mais aussi aux défaites à une marche de la timbale.
Mise en action perturbée avant le retour de flamme
Dix fautes directes après trois jeux, 3/0 pour Ruud qui avait breaké sur sa première mise en jeu du match après 12 minutes de bataille : Djokovic n'a pas commencé sa finale sur le meilleur des tempos. Fébrile côté revers alors qu'il avait été souverain dans ce registre contre Carlos Alcaraz en 1/2 finale, le Serbe était dans une position inconfortable tandis que les nuages noiratres s'amoncelaient autour du Philippe-Chatrier.
Mais la moiteur parisienne a aussi fait succomber le Norvégien, débreaké après un smash dans le filet. Un résumé express des occasions manquées par la tête de série nº4, proche d'un nouveau break à 4/4 30-40 puis à 6/5 0-30. Son pourcentage en 1re balle (50%, soit 20/40) et son faible taux de conversion (55% de points gagnés, soit 11/20) ont constitué un obstacle évident sur ses performances. Tout l'inverse de "Djoko" qui a pu sortir de la tête de l'eau en s'appuyant sur son service (78% de 1re soit 39/50, et 28 points remportés derrière).
Arrivé au jeu décisif, Djokovic a dégainé un coup droit long de ligne en bout de course supersonique avant de s'envoler à mesure que Ruud offrait des points. Sur la quinzaine, "Nole" a signé un 6/6 avec aucune faute directe.
Break d'entrée pour un 2e set vite expédié
Djokovic avait pourtant donné quelques indicateurs quant à son état de forme, prenant quelques instants pour se reposer après un long rallye, glissant deux fois dans la terre battue et maculant son t-shirt.
Le temps pouvait devenir l'allié de Ruud, encore fallait-il résister à l'offensive du Serbe qui, comme les requins, est attiré par l'odeur du sang et ne desserre plus son étreinte quand il a identifié sa proie. Avec un retour gagnant, Djokovic s'est offert deux balles de break alors qu'il avait déjà inscrit un jeu blanc dès son retour sur le court. Revenu à trois reprises, Ruud a cédé au terme de deux rallyes exténuant conclus par autant de points gagnants du "Djoker".
Un copier-coller inversé du 1er set qui signifiait quasiment la perte de la 2e manche pour Ruud, impression confirmée par la suite. Plus solide, plus tranchant, Djokovic distribuait les coups gagnants et poussait son adversaire à l'erreur, notamment côté revers. Le slice du Norvégien a été spécifiquement défaillant ce dimanche. Malgré deux balles de set sauvée sur son service, Ruud a encaissé un jeu blanc sur un dernier revers gagnant de Djokovic (6/3).
Chronique d'un triomphe annoncé
1h30 pour le 1er set, 45 minutes pour le 2e : Djokovic avait activé le rouleau-compresseur et Ruud, sans vivre un calvaire, était de nouveau renvoyé à ses chères études en finale d'un tournoi majeur, sa 3e en Grand Chelem, sa 4e en comptant le Masters en l'espace de 12 mois. Alors qu'il avait tenu mentalement contre Nicolás Jarry en 1/8 (7/6 7/5 7/5) puis abruti de coups Holger Rune en 1/4 (6/1 6/2 3/6 6/3) puis Alexander Zverev en 1/2 (6/3 6/4 6/0), le Norvégien était à présent de l'autre côté du miroir.
Mené 15-30 sur son premier jeu de service puis 30-40 sur l'engagement suivant, Ruud était au rupteur, frustré de la tournure des événements alors qu'il était si proche et pourtant si loin d'empocher le 1er set. À l'inverse, Djokovic était injouable sur sa mise en jeu avec deux jeux blancs consécutifs, le second avec 4 coups gagnants, et s'offrant le luxe de claquer un ace sur 2e balle lors de son 3e engagement du set.
Même sur des jeux où il semblait bien parti, Ruud a constamment été mis sous pression, comme à 2/2 40-15 où il a été remonté 40-A après une énorme faute en coup droit et un passing transperçant de Djokovic. Nerveusement, il y avait de quoi suer à grosses gouttes et chaque retour sur la chaise avec l'avantage au score ressemblait à une petite victoire.
Le set aurait pu basculer pour le Norvégien : à 4/3 0-30, Djokovic a eu le filet pour lui avant de dégainer un ace pour se remettre à l'endroit. Le warning reçu à 40-30 témoignait tout de même de l'instant critique et de l'extrême concentration du Serbe, auteur d'un service gagnant au T pour égaliser à 4/4.
Le temps pressait furieusement pour Ruud car la perspective d'un nouveau jeu décisif ne pouvait guère l'enchanter. Mais Djokovic était pressé lui aussi. Un jeu blanc sur son service puis un jeu blanc sur l'engagement du Norvégien avec 3 coups gagnants : la supériorité du Serbe était totale alors que les 3 heures de match venaient de sonner.
L'épilogue n'a guère fait de doute : 40-0, une première balle croquée avant de pouvoir s'allonger dans la terre battue sur la deuxième.
Novak Djokovic est désormais seul au Royaume des tennimen et son record devrait tenir quelques dizaines d'années, d'autant que Wimbledon approche et qu'il sera favori à sa propre succession.
