Andrey Rublev est capable de tout, aussi bien de dégoupiller que de tout arracher sur son passage. Ce 1/8 de finale remporté aux dépens d'Alex de Minaur en a été l'illustration (6/4 6/7 (5) 6/7 (4) 6/3 6/0 en 4h14). C'est la 10e fois qu'il disputera un 1/4 de finale en Grand Chelem.
Un 1er décousu
Encore jamais qualifié pour un 1/4 de finale en Grand Chelem, de Minaur a laissé l'impression que ce ne serait pas pour cette fois non plus, contre un joueur qui s'est déjà invité 9 fois parmi les 8 derniers en lice. Deux balles de break non converties dans le premier jeu, un engagement concédé et un premier set très mal engagé : 4/1 en un quart d'heure. Mais Rublev, passé proche de la porte au premier tour avec une qualification arrachée au super tie-break contre Thiago Seyboth Wild, évolue comme les montagnes de son pays. Un jeu concédé blanc, un retour à 4/4 de son adversaire... avant de breaker sur sa première balle de set. La double faute de l'Australien coûtait cher. Première balle en panne (50% et 50% de points remportés derrière), 15 fautes directes : le local a manqué son entame.
De Minaur, l'homme du 13e jeu
Ce n'était pas la fête des serveurs. Le deuxième set a été du même acabit, mais aucun break n'a été concédé malgré 5 opportunités pour de Minaur et 3 pour Rublev. Le Russe arrosait sérieusement avec 19 fautes directe mais il a tout de même tenu jusqu'au jeu décisif. Même s'il a réalisé le mini-break d'emblée, Rublev s'est crispé après que la bande du filet a arrangé les affaires de l'Australien. Après le changement de côté, le Russe a été trahi par son revers : une faute en longueur puis une faute sur son deuxième coup de raquette après un retour agressif de son adversaire. À 5-4, au terme d'un bras de fer du fond du court, de Minaur a glissé un lob divin alors que Rublev était entré dans le terrain.
Mais même à 6-4 service à suivre, l'Australien n'a pas conclu sur sa mise en jeu; il l'a fait sur l'engagement de Rublev, avec un revers croisé gagnant (7-5).
Ébranlé, Rublev a concédé le break d'entrée de 3e set. Avec un taux de première balle toujours aussi faible (47% dans le 3e set), de Minaur a mené 5/2... avant de voir le Russe revenir à sa hauteur. Malgré une balle de set à 6/5, l'Australien a dû patienter pour s'octroyer le 3e set. À 3-3, Rublev a dégoupillé. Après que sa balle a été freiné par la bande, il a assisté, médusé, à une volée en bout de course de son adversaire qui a rebondi... deux fois sur le filet avant de tomber dans sa moitié de terrain.
Capable de commettre une énorme faute directe mais aussi de sauver une balle de set avec une attaque de droit laser, Rublev a concédé la manche sur un passing fabuleux de son adversaire (7-4) mais on sentait que le Russe entrait dans un nouveau match.
Et Rublev devint injouable
Break d'entrée, 3/0 puis débreak et nouveau break pour repasser à 4/2 : Rublev est passé par tous les états et il a même sauvé une balle de débreak à 4/2 40-AV. Plus de coups gagnants (7 à 3), un nombre équivalent de fautes directes (9 à 8) : le Russe en a mis beaucoup plus et de Minaur a subi la fin d'un match où il avait entrouvert la porte des 1/4 de finale.
Double break d'entrée, langue sortie façon Mick Jagger : la rockstar Rublev écoeurait de Minaur, Melbourne et toute l'Australie. La tête de série nº5 était intouchable, menant 4/0 dans la manche décisive, trouvant la bonne carburation au service (80% de première, 88% de points convertis derrière) quand l'Australien plongeait physiquement et mentalement. Nouveau break. Balle de match Rublev. Mais de Minaur n'a pas voulu finir sur un bagel. Il a obtenu trois balles de débreak, sans les convertir. Après une belle attaque de revers, le Russe a débordé l'Australien qui a commis une dernière faute directe avant de s'avouer vaincu.
En 1/4 de finale, Rublev affrontera Jannik Sinner qui n'a pas perdu le moindre set jusqu'à présent.
