Didier Deschamps espérait certainement faire une revue d'effectif avant que les choses sérieuses ne commencent. Il n'a dû que modérément apprécier le spectacle. Il a fallu attendre la 26e minute et une frappe dévisée de Kingsley Coman pour assister au premier tir d'une Equipe de France remaniée avec 9 changements au coup d'envoi par rapport à la victoire contre le Danemark. Entre temps, la Tunisie avait cru ouvrir le score par Nader Ghandri mais le défenseur était hors-jeu (8e). Une nouvelle gestion approximative des coups de pied arrêtés, un défaut récurrent chez les Bleus.
Si l'Equipe de France en tant que telle n'avait rien à gagner, les joueurs alignés avaient l'occasion de proposer une alternative au sélectionneur pour les 1/8 de finale. La profondeur du groupe laisse clairement à désirer. Car face à des Aigles de Carthage tous ergots dehors, les Bleus ont été bien pâles. Virevoltant, le capitaine Wahbi Khazri a proposé énornément de problèmes. En électron libre, le meneur tunisien a proposé du mouvement, des décalages et une frappe puissante qui a sollicité Steve Mandanda (35e).
Pressés haut par leurs adversaires, les Bleus ont eu toutes les peines du monde à proposer quoi que ce soit de convainquant. Hormis les efforts de Randal Kolo Muani, titularisé à la place de Marcus Thuram, malade, le contenu a été d'une rare pauvreté. Positionné à des postes qui ne sont pas les leurs, Axel Disasi à droite et Eduardo Camavinga à gauche ne sont pas devenus de purs latéraux en l'espace de quelques jours.
La VAR refroidit Griezmann
"Timide, mou" : toute colère rentrée Didier Deschamps est apparu crispé au moment de répondre au micro du diffuseur en début de 2e période. Pas sûr que la suite lui a plu davantage. Les Tunisiens sont revenus ambitieux et Aurélien Tchouaméni a frisé le penalty sur un tacle osé sur Khazri dans la surface (47e). Aissa Laidouni a également eu une opportunité dans la foulée (51e) mais, en dépit d'une faute involontaire sur Youssouf Fofana, cela traduisait un engagement supérieur.
Après une perte de balle au milieu de Fofana, Shkiri a pu orienter sur Khazri qui s'est enfoncé dans la défense avant d'ajuster Mandanda du bout du pointu malgré l'intervention tardive de Disasi (58e). Blessé, le buteur providentiel est sorti dans la foulée, tandis que Deschamps a fait entrer conjointement William Saliba, Adrien Rabiot et Kylian Mbappé (63e), puis Antoine Griezmann (73e) et Ousmane Dembélé (78e) qui s'est immédiatement mis en valeur par un centre-tir piégeux du gauche repoussé par Aymen Dahmen (79e). Avec une ossature offensive quasi au complet, la France s'est emparé du contrôle du ballon et des occasions. D'abord, Disasi, à la réception d'un corner, n'a pu rabattre le ballon (80e). Du droit, "Dembouz" a cadré, une première pour les Bleus, mais le gardien tunisien a pu capter le ballon sans souci (82e).
Dépendante du Danemark mené contre l'Australie au même moment, la Tunisie n'a eu d'autre choix que de finir la rencontre retranchée dans son camp, fatiguée aussi par la débauche d'énergie depuis 75 minutes. Sur une ouverture de Mbappé, Dembélé a ensuite trouvé Rabiot mais sa volée du gauche est passée largement à côté (85e). Malgré un festival côté gauche, Mbappé a failli inscrire un but exceptionnel dans un angle fermé mais Dahmen a mis en échec le Parisien (89e). Kolo Muani plein axe a cru égaliser mais son tir, légèrement ´dévié, a vu sa frappe s'échapper du cadre (90e).
Les supporters et les joueurs tunisiens ont autant regardé la pelouse que leurs smartphones dans l'attente d'une égalisation danoise. Qui ne viendra pas. À la dernière minute, Griezmann a égalisé du droit (90+8)... avant que la VAR, après un temps de latence, n'intervienne et n'annule le but pour un hors-jeu du Colchonero au moment du centre qui a entraîné la déviation de Kolo Muani. Malgré cette victoire honorifique, la Tunisie est éliminée du Mondial mais elle est sortie par la grande porte.
