Interview Flashscore / Damien Perquis : "Szczesny a qualifié la Pologne à lui tout seul"

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Interview Flashscore / Damien Perquis : "Szczesny a qualifié la Pologne à lui tout seul"
Interview Flashscore / Damien Perquis : "Szczesny a qualifié la Pologne à lui tout seul"
Interview Flashscore / Damien Perquis : "Szczesny a qualifié la Pologne à lui tout seul"Profimedia
Formé à Troyes et passé notamment par Sochaux et le Betis, 14 fois international avec la Pologne avec qui il a disputé l'Euro 2012 à domicile, Damien Perquis aura le coeur partagé pour ce 1/8 de finale entre les Bleus et les Aigles blancs. Le consultant BeIN Sports, l'un des diffuseurs du tournoi, a répondu à Flashscore pour évoquer un match forcément particulier pour lui et beaucoup de binationaux.

France-Pologne est une rencontre spéciale pour vous, on imagine que vous avez le coeur partagé ?

Forcément, ce sont deux pays qui comptent pour moi et pour ma famille. Dans le même temps, on a aussi hâte que le match commente parce que ce sera un beau 1/8 de finale de Coupe du Monde. 

La diaspora polonaise est nombreuse en France mais vous, en plus, vous avez porté le maillot des Aigles blancs. C'est une double culture difficile à assumer avant ce match ? 

Non, au contraire, c'est plutôt rigolo, la "gué-guerre" entre les deux côtés de la famille. Mon père est Breton, ma mère est d'origine polonaise, donc ça se taquine un petit peu, c'est sympa. J'ai des amis qui ont aussi cette double culture et c'est évidemment partagé mais comme on est des passionnés, on se recentre sur la tactique, sur tout ce qui pourrait arriver.

Vous êtes devenu international polonais en 2011. Est-ce que votre arrivée, au même titre que celle de Ludovic Obraniak, a répondu à un travail important de scouting de la part de la fédération pour attirer des binationaux, à l'image de Matty Cash aujourd'hui ?

Pour Ludo comme pour moi, il y a effectivement eu un travail en amont réalisé par la fédération. A cette époque, nous étions 5 ou 6 à avoir été appelés en tant que binationaux. Il y a eu une sorte d'opération de recrutement concernant des joueurs avec des origines polonaises et susceptibles de venir renforcer la sélection. Dans mon cas personnel, il y avait eu des rumeurs mais la fédération avait délégué quelqu'un pour me rencontrer et nous entretenir chez moi afin de m'exposer le projet. 

Vous aviez été bien accueilli ? On imagine que pour une partie du public et de vos coéquipiers, vous étiez en porte-à-faux. 

Je ne parle pas polonais et c'était assez complexe pour se faire comprendre, donc tout se passait en anglais. Je n'appellerais pas ça de l'animosité mais, parfois, on sent qu'on n'est pas le bienvenu, dans le sens où on peut vous laisser croire que vous prenez la place d'un joueur qui était déjà là ou d'un autre qui a évolué dans toutes les catégories de jeunes. En somme que vous êtes là à la place d'un "vrai" Polonais qui est né sur le territoire et qui a toute sa famille au pays. Il y a eu des articles publiés qui allaient dans ce sens. Mais après, il y a aussi une question de qualité. Sur le moment, est-ce qu'on était meilleur que ceux qui y étaient ? Je ne suis pas le mieux placé pour le dire mais, en tous cas, le sélectionneur avait fait ses choix.

Damien Perquis, consultant BeIN Sports
Damien Perquis, consultant BeIN SportsOpta by Stats Perform / Profimedia

Malgré tout, il y a des liens historiques entre les deux pays qui auraient pu faciliter votre acceptation ?

J'ai toujours fait en sorte d'écarter la politique. Il s'agissait de football. Mais, évidemment, la politique s'en est mêlée. Je tiens à remettre les choses dans le contexte de l'époque. Quand j'ai été accusé par l'extrême droit polonaise d'être un voleur de place et que j'étais une "sale ordure française", on ne s'est pas privé de me le dire. On est allé au tribunal parce qu'ils avaient sali mon nom et celui ma grand-mère. Néanmoins, j'ai pris du recul par rapport à ça parce que ma priorité, c'était de jouer pour ma grand-mère. Là où je l'ai mal pris aussi, c'est que ce genre de critiques venait de Jan Tomaszewski qui avait été le gardien de la sélection (63 capes entre 1971 et 1981, devenu par la suite député au sein d'un parti populiste, ndlr). Il était écouté, même si une autre partie du pays le détestait. Il avait une influence et ça m'avait beaucoup touché, encore plus parce que cela avait choqué ma grand-mère qui était amoureuse de la Pologne. Ce n'était pas évident mais je dois dire que je n'ai jamais ressenti quoi que ce soit de négatif quand j'étais avec le groupe. Il n'y a jamais eu aucune méchanceté à mon égard. 

Quand on a une double culture, l'appartenance à celle des parents et des grands-parents se transmet par des vecteurs culturels, souvent la gastronomie. 

La fierté de ma grand-mère, c'était de nous partager sa culture polonaise et ça passait par la cuisine. Ça me transportait, ça me montrait son attachement, ça me touchait énormément. Surtout, ça m'a permis de connaître les racines de ma vie, tout simplement. C'était important pour elle et ça l'était pour moi aussi. J'ai eu un lien privilégié avec ma grand-mère, elle était comme une deuxième maman. Je mangeais et je dormais chez elle quand mes parents travaillaient. Elle a énormément compté dans ma vie et transmis tout ce qu'elle savait de la Pologne. Quand elle est venue avec moi en Pologne pour l'Euro 2012, la première chose qu'elle m'a dite après le match d'ouverture, c'est que je lui avais fait réaliser son rêve avant de mourir. C'est une fierté encore plus grande pour moi. 

Votre première sélection a lieu en 2011 contre l'Allemagne. Ça forge le caractère !

Ce n'était pas le match idéal pour moi parce que c'était un gros morceau et, en plus, je revenais d'un match de Coupe d'Europe où j'avais été un peu blessé. Finalement, j'avais joué 70 minutes et ça s'était plutôt bien passé. C'était une sacrée première parce que, quand on vous dit que vous allez débuter contre Miroslav Klose, Thomas Müller, Toni Kroos, Mario Götze... Mais à un moment, eh bien, il faut y aller ! 

On fait avance rapide et on arrive à ce 1/8 de finale de Coupe du Monde. Czesław Michniewicz, le sélectionneur polonais, est très critiqué malgré la qualification car son jeu est essentiellement défensif, sans un succès débordant. Est-ce qu'il a en tête un plan spécial pour affronter l'Equipe de France ou ce sera dans le même registre que face à l'Argentine ?

Je ne sais pas s'il prépare quelque chose de différent, je pense qu'il restera principalement focalisé sur l'aspect défensif. C'est quasiment une certitude. Cela dit, je soupçonne une modification tactique. Pendant les qualifications et la Ligue des Nations, il a joué avec une défense à trois avant d'opter pour un passage à 4 pendant cette Coupe du monde. Revenir à 3, ça lui permettrait d'occuper beaucoup plus la largeur du terrain parce que les vagues bleues pourraient déferler sur les côtés.

Si d'aventure le match se terminait aux tirs au but, il semble que Wojciech Szczesny est particulièrement affûté depuis le début de la compétition. 

C'est le meilleur joueur polonais du Mondial. Quand je l'ai dit en Pologne, j'ai rajouté : "c'est dire l'état de cette équipe". Je me suis fais reprendre car, soi-disant, je crachais sur l'équipe nationale. Mais je n'ai dit que la vérité ! Wojciech a été énorme. Quand on voit ce qu'il a été capable de réaliser depuis le début de la Coupe du monde... C'est plus une remise en cause du sélectionneur : il veut jouer défensif mais Szczesny est un des gardiens qui a repoussé le plus de tirs en phase de groupes. La logique défensive n'est pas respectée et elle n'existe pas. C'est Szczesny qui qualifie la Pologne à lui tout seul. S'il ne sort pas le penalty contre l'Arabie Saoudite, il y a 1-1 à la mi-temps et là, ce n'est plus même sauce. On me dira que Lewandowski a raté son penalty contre le Mexique mais le discours du coach pour ce premier match était de ne pas perdre le match. C'est quand même fort ! Son plan était de prendre au moins un point en pensant déjà gagner contre les Saoudiens. Sauf qu'ils avaient battu l'Argentine et que ce genre de calculs aurait pu se retourner contre lui. Ça me dérange vraiment de dire que mon meilleur joueur est mon gardien alors que la tactique est défensive. C'est illogique. 

Sa parade sur le penalty de Lionel Messi est parfaite, la frappe était puissante. 

Le penalty est très bien frappé. Mais Wojcieh réalise aussi un double arrêt sur le penalty contre l'Arabie Saoudite. Il est en "surforme". Après, sur une séance de tirs au but, c'est une loterie. 

Un passage en 3-5-2 pourrait permettre de mieux alimenter Piotr Zielinski qu'on sent en dedans depuis le début de la compétition ?

Zielinski est en dedans parce qu'il ne fait que défendre. Ce n'est pas une question de justesse technique. Depuis le début du Mondial, il passe son temps à courir. Forcément, quand vient le moment d'avoir le ballon, que vous êtes loin de la cage adverse et que vous avez accumulé beaucoup de fatigue, ça devient très difficile. Zielinski a besoin d'avoir le ballon. Certes, il doit défendre, mais il doit le faire pendant 95 minutes parce que c'est une demande du coach. On ne peut pas lui reprocher de ne pas donner de bons ballons à Robert Lewandowski parce qu'il n'a plus la lucidité pour le faire. Passer à 3 dernière permettrait d'utiliser les qualités de contre-attaquant de Matty Cash, sachant que sur le côté gauche de l'attaque française, ça monte beaucoup et ça laisse donc des espaces défensivement. 

Est-ce que la Pologne espère trop un exploit de Lewandowski pour s'en sortir ? 

Si on se met dans la peau du sélectionneur, on se dit que la seule balle que ses joueurs auront, il faudra bien l'exploiter. Or si tu passes ton temps à défendre, ça rend les choses trop difficiles. Contre l'Argentine, Lewandowski a effectué un, deux, trois sprints mais au bout d'un moment, il n'a plus pu y aller. Il peut y avoir un ballon négociable mais s'il arrive et que tes attaquants sont fatigués... C'est ça le problème de la Pologne. A force de défendre, les joueurs ne produisent plus rien. C'est dommage parce que ces joueurs ont de la qualité technique, ils sont vraiment bons mais on a l'impression qu'on n'exploite pas la totalité de leurs qualités. Sans le critiquer ouvertement, Lewandowski a parlé du plan du jeu du sélectionneur. On a des joueurs qui peuvent tenir le ballon, qui doivent jouer. Je suis curieux de voir comment ils vont s'adapter tactiquement contre la France. 

Quand le FC Barcelone joue au Camp Nou, le stade est investi par de très nombreux supporters polonais qui viennent pour Lewandowski. C'est une vrai icône. 

La ferveur pour le football en Pologne est incroyable. Lewandowski est évidemment la star et le joueur emblématique de la sélection. Il a marqué les esprits dans le monde entier. Les gens veulent le voir jouer, partager son environnement. Malheureusement, il y a peu de supporters polonais au Qatar parce que le voyage est peu abordable pour beaucoup de monde. Lewandowski, c'est une machine à émotions et aussi une machine à sous parce que, il faut bien le dire, il fait rapporter de l'argent, précisément parce qu'il provoque ces émotions.

Son adaptation au Barça et à la Liga vous a-t-elle surpris ? On a l'impression que son arrivée à Barcelone a été très réfléchie avec son épouse. 

C'est vrai qu'il a pire que Barcelone pour un projet familial. En plus, c'est quelqu'un de très droit, de très bien avec sa famille. Il a une image de gendre idéal. Il est arrivé dans un Barça qui n'allait pas très bien, même s'il y a eu du mieux par rapport à quelques saisons en arrière. Il empile les buts alors certains ont eu des doutes sur sa capacité à contribuer à l'élaboration du jeu de son équipe. Il est très technique, il sait faire jouer les autres aussi et ça colle avec le Barça. Je ne suis même pas surpris par son adaptation, qu'il soit toujours cette machine à buts. Pour moi, c'est le meilleur avant-centre typique du moment. 

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