Pour un joueur recalé par le FC Lorient au terme de sa formation, atteindre le cap des 400 matches professionnels a forcément une saveur particulière. Gaëtan Courtet a franchi le cap en mars dernier. En Ligue 2, il a dépassé les 300 apparitions entre Reims, Auxerre, Lorient, Ajaccio et Guingamp.
À 34 ans, il figure même en 2ᵉ position des meilleurs buteurs en activité dans l'antichambre de l'élite avec 74 réalisations, seulement devancé par Gaëtan Charbonnier (Saint-Étienne) et Mickaël Le Bihan (Caen).
Passé la trentaine, l'attaquant est devenu un "briscard" pour reprendre le nom d'une série tournée par la chaîne YouTube officielle de la Ligue 2. Courtet, c'est un "spécialiste" de la montée. Il y est parvenu avec Reims en 2012, Lorient en 2019 et Ajaccio en 2022.
"Ce que j’ai pu remarquer quand on est monté avec le Stade de Reims, c’est qu’il y avait un groupe, dans lequel il n’y avait pas les meilleurs joueurs du championnat, mais tout le monde travaillait pour le collectif, se donnait à fond à tous les matchs, analysait-il en 2020 sur le site officiel de la Ligue 2. C’est ce qui se passe avec l’ACA. Est-ce que c’est la recette ? Je ne sais pas, mais ce sont au moins les bons ingrédients pour pouvoir espérer quelque chose".
À l'époque, le joueur sortait d'une dernière saison difficile chez les Merlus et son arrivée en Corse avait totalement relancé sa carrière.
À Guingamp depuis l'été 2022, pour son retour en Bretagne, il a signé un exercice 2022-2023 des plus consistants avec 10 buts et une passe décisive en 35 matches dont 19 titularisations. Un total à seulement une réalisation de son record atteint en 2015-2016. Preuve qu'il a encore dans les pieds, il a été l'un des principaux acteurs de la fin de saison. Dans le XI de départ 7 fois lors des 8 dernières journées, il a marqué à 6 reprises et offert un but. Seul son but au Roudourou contre Saint-Étienne lors de la 34ᵉ journée n'a pas permis à l'EAG de prendre des points. Les dix autres fois, il y est parvenu. En tout, cela fait 23 unités sur les 55 qui ont permis au club des Côtes-d'Armor de terminer 6ᵉ.
"On a souvent dit que j'étais atypique, estimait-il dans l'épisode que Les Briscards lui consacraient. Ça ne ressemble pas aux autres (rires). Je ne suis pas quelqu'un qui va prendre le ballon et éliminer trois joueurs avant de marquer. Plus un renard des surfaces".
Pour Courtet, la dernière décennie n'est que du bonus. En 2011, après sa première saison en L2 avec Reims, un cancer lui est diagnostiqué au début de l'été : "on croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Quand ça nous touche, il faut l'affronter. Ce n'était pas le pire cancer qu'on puisse avoir mais il fallait le soigner et ça m'a permis de devenir un homme beaucoup plus tôt que prévu, parce qu'on est amené à vivre des choses quand tu es le plus jeune du service à être soigné à l'hôpital, ça marque. Quand on s'en sort, on se dit qu'on va profiter de la vie. Ce n'est pas une chance mais on s'en sert comme une chance". Après deux périodes de trois semaines de chimio, il revient à la mi-septembre et participera à la montée en L1.
Titulaire en début de saison, Courtet n'a effectué que trois bouts de match depuis. Les retrouvailles avec l'ACA seraient le théâtre idéal pour retrouver le chemin des filets et contribuer à faire remonter Guingamp au classement. Et le jour où il refermera la page du professionnalisme, une chose est sûre : il a déjà sa place dans le vestiaire de l'AS Lanester, là où tout a commencé avant ce périple de plus de 400 matches à travers la France.
