Pedro Miguel Pauleta n'a pas eu la chance d'évoluer au PSG à la grande époque de la gestion Canal +au début des années 90 ou sous l'ère QSI. Lui a plutôt connu le PSG entre deux eaux, capable du meilleur comme du pire, souvent irrégulier. Mais souvent terrible à l'égard de l'OM : du 26 octobre 2002 au 16 novembre 2004, le Paris Saint-Germain a enchaîné 8 succès consécutifs contre l'Olympique de Marseille.
Le PSG pense à la France, l'OM à l'Europe
Attaquant de référence des Girondins de Bordeaux, le Portugais débarque dans le club de la capitale en 2003 avec des statistiques solides, 65 buts en 98 matches en Gironde. Orphelin de Ronaldinho, parti au FC Barcelone, le public du Parc des Princes tient sa nouvelle idole.
Pour sa découverte du Vélodrome le 30 novembre 2003, Pauleta est proche d'ouvrir le score à la 89e minute sur un dernier contre assassin du PSG. Vedran Runje s'interpose mais repousse le ballon sur Fabrice Fiorèse. De retour à Marseille moins de deux mois plus pour disputer un 1/16 de finale de Coupe de France, il ouvre la marque d'une frappe du droit au ras du poteau de Fabien Barthez. Le PSG se qualifiera au bout de la prolongation.
Le 25 avril 2004, PSG-OM se dispute en plein samedi après-midi, par crainte de débordements aux alentours du Parc des Princes. Les deux clubs vivent une saison faste : les Parisiens sont 2es du championnat et s'apprêtent à disputer une demi-finale de Coupe de France contre le FC Nantes.
Si les Marseillais, emmenés par Didier Drogba, ne sont que 6e au classement, ils sont au beau milieu d'une campagne européenne épique : Dnipro, Liverpool et l'Inter sont tombés. Trois jours avant ce déplacement périlleux, ils ont ramené un match nul prometteur (0-0) de Saint James Park contre Newcastle et ont certainement dans un coin de leur tête le match retour dans une dizaine de jours. Ce Classique est leur 59e match d'une saison à rallonge, alors que le PSG n'en a disputé que 38.
12e minute : un éclair de génie iradie le Parc
Sous un soleil radieux, le PSG aborde la rencontre en 3-4-2-1. Pour l'anecdote, 5 joueurs présents au coup d'envoi porteront ensuite le maillot bleu et blanc : Frédéric Déhu, Gabriel Heinze, Modeste M'Bami, Lorik Çana et Fabrice Fiorèse. De son côté, José Anigo propose un 4-3-1-2 dans l'idée d'attendre bas pour mieux contrer.
Le match a commencé depuis à peine 12 minutes. Juan Pablo Sorín, qui a la particularité de n'avoir jamais perdu un match avec le club parisien, récupère le ballon plein axe à 35 mètres des cages olympiennes. Du gauche, l'Argentin trouve Pauleta qui profite du mauvais alignement de la défense marseillais pour récupérer le ballon sans pression dans la surface. Fabien Barthez se lance à sa rencontre et contraint le Portugais à s'excentrer, quasiment sur la ligne de fond. Le gardien français recule pour retrouver sa cage et, malgré l'angle impossible, l'attaquant portugais lève la tête et tente une frappe enroulée improbable. Mais Pauleta n'est pas n'importe quel buteur. Quelque part entre l'intelligence, l'instinct et le génie, malgré le retour de Brahim Hemdani sur la ligne, le 9 parisien parvient à lober Barthez et le défenseur algérien dont le saut désespéré ne suffit pas à effleurer le ballon, placé idéalement sous la transversale.
En 2e période, le buteur signera un doublé d'une frappe croisée du gauche exceptionnelle de technique et d'équilibre. Mais c'est surtout cette ouverture du score et cette célébration devant le virage Auteuil qui sont restées. Le PSG l'emportera 2-1, ajoutant une nouvelle victoire contre son meilleur ennemi.
Assurément, ce lob prodigieux est le but le plus emblématique de Pauleta en France et l'un des plus beaux de la Ligue 1 au XXIe siècle. Un moment suspendu avec un goleador lumineux.
