Comment marquer l'histoire de la NBA ? En réalisant des performances assourdissantes au scoring sera la première réponse que les observateurs, suiveurs et fans de basket prononceront. Il est vrai que la grande ligue est gâtée depuis quelques temps, avec moults matchs à 70 points par exemple, où alors avec des génies qui enchaînent les matchs à 30 points et / ou les triple doubles.
Mais la régularité de performances de qualité, cela vous classe un joueur. Et c'est dans cette colonne que l'on trouve un certain Domantas Sabonis. Depuis le début de la saison, le Lituanien semble avoir de nouveau franchi un palier. Preuve en a été faite dans la nuit de lundi à mardi, quand il a signé son 50e double double (au moins 10 unités dans les 5 grandes catégories statistiques) consécutif lors de la victoire en prolongation de ses Kings sur les Grizzlies.
Pour remettre en perspective cette performance, seul Kevin Love, alors ches les Timberwolves, a réussi ce tour de force au XXIe siècle, lors de la saison 2010/2011. Et si l'on remonte sur les 50 dernières saisons de NBA, on ne rajoute que le légendaire Moses Malone (saison 1978/1979) à ce club extrêmement fermé, qui ne compte au total que 9 membres.
Un preuve de plus de la régularité et du talent du pivot lituanien, qui est pourtant parti du mauvais pied en NBA. Drafté 11e par Orlando en 2019, il est immédiatement expédié à Oklahoma City dans un échange pour rapatrier Serge Ibaka. Puis, un an plus tard, le voilà de nouveau monnaie d'échange pour que Paul George rejoigne le Thunder. Direction Indiana donc, là où il va enfin grandir et s'émanciper.
Car son nom est lourd à porter. Son père est une légende du basket international. Arvydas Sabonis, membre du Hall Of Fame NBA et FIBA, champion olympique, du monde et d'Europe, débarqué en NBA tardivement, ce qui ne l'a pas empêché d'y laisser sa marque. Un héritage dont Domantas semble se défaire petit à petit, même si ce n'était pas gagné.
À Indiana, il a amorcé une lente progression, qui l'a emmené deux fois au All-Star Game (2020, 2021), semblant être la figure de proue d'une équipe qui souhaitait remonter vers les sommets de la NBA, après avoir été une des équipes majeures fin 90 - début 2000. Il semblait être celui autour de qui une équipe se bâtit, la première pièce d'une reconstruction par laquelle doivent passer de nombreuses équipes NBA.
D'où la sidération à l'hiver 2022 quand il fait partie d'un trade totalement inattendu - le troisième pour lui donc - dont il est cette fois la pièce principale pour permettre à Indiana d'aller chercher le prometteur Tyrese Haliburton. À l'époque, tout le monde parle d'un trade "perdant - perdant", pensant que les Kings ont lâché un joueur ultra prometteur et les Pacers une valeur sûre.
Deux ans plus tard, force est de constater que tout le monde est gagnant. Haliburton est devenu un All-Star, et Indiana a parfaitement encadré sa reconstruction. En ce qui concerne les Kings, pas besoin de discuter, les joueurs de Sacramento sont retournés en playoffs après 16 ans d'absence, passant à un match de passer un tour. Et cette saison, ils sont encore dans la course pour une qualificaion directe, notamment grâce aux prouesses de leur génie lituanien.
20.1 points, 13.7 rebonds (n°1 NBA), 8.3 passes à 60.9 % au tir : la meilleure saison de sa carrière, sans nul doute. Une saison qui aurait bien pu prendre un coup de bêche quand, malgré des performances de qualité et une équipe en grande forme, il n'a tout simplement pas été retenu pour le All-Star Game. Une hérésie dont il a déjà été question, et qui ne fait que prouver que le match des étoiles est de moins en moins représentatif de ce qui se passe en NBA.
Car derrière les deux derniers joueurs MVP, Nikola Jokic et Joel Embiid, qui est meilleur que "Domas" au poste de pivot ? Certainement personne. Souvent comparé au Serbe pour son intelligence de jeu et son côté "Point Center", le Lituanien n'est pas encore à ce niveau là, mais il s'en rapproche. Il souffre cependant d'un des maux récurrents de la NBA : puisque le "Joker", dans la même gamme, fait mieux que lui, cela amène l'opinion publique à sous-estimer ce joueur on ne peut plus talentueux.
Il n'est pas flashy, ne claque pas des gros dunks, ne met pas des matchs à 50 points (record en carrière de 42) et brille dans une équipe moquée pour son absence de résultats depuis une quinzaine d'années. Une équipe qui est pourtant en train de passer un cap, notamment grâce au duo qu'il forme avec De'Aaron Fox. Sélectionné dans la All-NBA Third Team la saison passée, il serait incongru qu'il ne fasse pas aussi bien cette fois encore. Mais surtout, il est sans doute à un run de playoffs d'enfin attirer une réelle lumière pour celui qui est aujourd'hui le joueur le plus sous-estimé de la NBA.
