On ne donnait pas cher de la peau des Chicago Bulls dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur le parquet des Raptors, les Taureaux ont pourtant réussi à écarter les Dinos et à prolonger leur saison d'au moins deux jours. Ne reste plus que le Miami Heat à terrasser, et Chicago fera alors au moins aussi bien que la saison passée.
Mais sans doute pas mieux. Même si les Bulls arrachent le dernier ticket à l'Est, on ne voit pas comment ils pourraient passer l'obstacle Bucks, et prendre un match serait déjà une belle performance. Une saison moyenne de plus, et le projet semble avoir du plomb dans l'aile à Chicago. Alors, stop ou encore ?
LaVine - DeRozan, who's the boss ?
Le match contre les Raptors était symptomatique de la saison de Chicago. Les Bulls, 22e équipe NBA au rebond, ont été laminés dans ce secteur (36-50). Et leurs 26.9% à trois points (7-26) ne sont clairement pas glorieux, même si le volume pris reste raisonnable. Pourtant, Chicago a gagné ce match. Outre la faillite de Toronto aux lancers, les Bulls s'en sont remis à un one man show de Zach LaVine (39 pts) pour aller chercher la victoire.
Le bilan de Chicago quand Zach LaVine met au moins 30 points ? 16-5. Mais bilan quand DeMar DeRozan met au moins 30 points ? 7-13. De quoi en tirer la conclusion que l'un est plus important que l'autre ? Probablement pas. Depuis deux saisons, les Bulls galèrent à trouver un véritable équilibre entre leurs deux stars.
La saison passée, on pensait que DeRozan s'était imposé comme le clair leader à coups de performance inoubliables. Mais il va avoir 34 ans cet été, et il avait été recruté pour booster l'équipe et en faire un contender. Mission accomplie sur la régulière 2021/2022, mais en playoffs, les Bucks ont anéanti leurs espoirs, s'imposant 4-1. Le seul match gagné par les Bulls ? 41 points de DMDR. Les 4 défaites ? 18, 11, 23 et 18 points. Pas le leader attendu, même si l'opposition était de grande qualité.
Zach LaVine, lui, avait été transparent sur cette série de playoffs. Et si Chicago passe l'obstacle Miami, ce seront de nouveau les Bucks leurs adversaires. Pour le même résultat ? Qui aujourd'hui oserait parier le contraire ?
L'échec du projet
Seulement, cette saison ressemblait à la dernière chance de ce groupe. Bien sûr, il faut prendre en compte l'absence depuis janvier 2022 (!) de Lonzo Ball, dont on ignore toujours s'il va refouler les parquets. Mais à première vue, dans la hiérarchie, l'ancien Pels est n°4 derrière DeRozan, LaVine et Nikola Vucevic. Et si l'absence d'un n°4 change la physionomie de l'équipe, comme on a pu l'entendre ça et là, soit la hiérarchie est biaisée, soit la construction de l'effectif est imparfaite.
Nikola Vucevic, parlons-en. Le pivot monténégrin mérite que l'on s'attarde sur ses statistiques. 2021/22 : 17.6 points, 9.1 rebonds, 3.2 passes. 2022/2023 : 17.6 points, 9.1 rebonds, 3.2 passes. Incroyable. Du coup, pas besoin de sortir de l'ENA pour comprendre qu'il stagne. Mais le voilà en fin de contrat. Et souvent, quand un joueur NBA est dans sa dernière année de contrat, il appuie sur le champignon pour s'assurer l'intérêt de plusieurs franchises, et donc la possibilité de signer un nouveau contrat juteux. Ce qui n'est donc pas son cas.
DeRozan, lui, n'a plus qu'un an de contrat. Et ces deux joueurs ont été les grosses signatures de l'année 2021, et donc les deux joueurs censés faire passer un cap à la franchise. Si sur le plan brut, Chicago a retrouvé la postseason, le fait est que les Bulls n'ont plus gagné une série de playoffs depuis 2015. Et en l'état actuel, on voit mal comment ça pourrait changer.
Un choix à faire
Pratiquer la politique de la terre brûlée ? Tout raser et reconstruire autour de Zach LaVine, qui a été prolongé à prix d'or ? L'option la plus probable. Mais alors reviendra sur la table la question : Zach LaVine est-il un franchise player ? Et l'on continuera à tourner en rond à Windy City. Mais la crainte que l'on peut avoir, paradoxalement, c'est que les Bulls s'imposent la nuit prochaine et foncent en playoffs.
Cela pourrait inciter le front office à penser que ce groupe mérite une dernière chance. C'est à dire honorer la dernière anné de contrat de DeRozan, resigner Vucevic, prier pour un retour de Lonzo Ball et faire allin sur la saison 2023/24. Ce qui serait la dernière chance avant une explosion qui serait alors sans doute programmée.
Tout ça pour dire que le match face au Heat a sans doute beaucoup plus d'importance qu'il n'y parait. Sur le papier, ce sont deux équipes malades qui s'affrontent. Deux équipes au jeu collectif en berne, qui compteront chacune sur leurs stars pour faire la différence. Butler vs DeRozan, LaVine vs Herro, Adebayo vs Vucevic, trois duels qui vont sans doute conditionner la rencontre.
Sur le papier; avantage Heat. Miami est passé à un match de la finale la saison passée, a joué plus de rencontre couperet, est plus fort intrinsèquement. Mais après la défaite face aux Hawks, alors que Jimmy Butler avait assuré que Miami passerait, on se doute que le moral ne doit pas être au beau fixe, en même temps que la pression a augmenté. Chicago a une belle chance, mais Chicago dépend exclusivement du bon vouloir de ses "leaders".
Alors, perdre et mourir, ou gagner et mourir dans un an ? Le terrain parlera, mais l'un ou l'autre, les rêves de retour au sommet des Bulls sont sans doute en train d'effectuer leurs derniers soubresauts. Si malgré tout, les Bulls ont montré une belle force mentale à Toronto, cela reste trop peu commun pour espérer le transformer en une dynamique. Alors tous devant le poste, car sans nul doute, l'équipe perdante va exploser en direct la nuit prochaine.
