En début de saison, on se demandait pourquoi Monaco était allé chercher Mouhammadou Jaiteh à Bologne. Parti depuis cinq ans de l'Hexagone, le pivot avait quitté Limoges précipitamment en début de saison pour aller bourlinguer à l'étranger. À 29 ans, il avait visiblement fait le tour de la question après deux saisons sous les couleurs de la Virtus Bologne.
Mais visiblement, il avait coché la date des Jeux olympiques sur son agenda. La seule raison de son retour ? Probablement pas. Quand un club comme Monaco, en pleine ascension, vient aux nouvelles, c'est l'assurance de jouer les premiers rôles sur le plan national comme européen. Nul doute qu'il n'a pas dû réfléchir à deux fois avant de rejoindre un des favoris à la victoire finale en Euroligue.
"Ça m'a paru totalement cohérent du coup de pouvoir rejoindre une équipe comme Monaco", déclarait-il lors de sa signature. C'était tout de même risqué. Titulaire indiscutable à Bologne, l'affaire n'allait pas être aussi simple sur le Rocher. Une concurrence, une légère blessure pour retarder sa préparation. Il a fallu attendre un mois pour le voir intégrer le groupe, et jusqu'à la fin d'année 2023, on commençait à s'interroger sur la pertinence d'un tel recrutement.
D'autant que le dernier match de l'année, c'était une victoire extrêmement probante de Monaco sur Barcelone, avec "Mam" Jaiteh dans les tribunes. Mais même avant cela, il avait été intégré au cinq de départ par surprise, et après une légère phase de transition, il semble que cela soit une réussite. Et pourtant, son temps de jeu n'est pas fantasmagorique, malgré une pointe à 19 minutes lors du choc en Betclic Élite contre le Paris Basketball.
Mais son impact, lui, est réel. Et il n'est pas étranger aux deux victoires récentes et extrêmement importantes décrochées face au Real Madrid puis sur le parquet de l'Anadolu Efes. Infatigable travailleur sous le cercle, il a usé la défense, permettant à Donatas Motiejunas et/ou Donta Hall de faire du dégât quand ils ont pris la suite. Trois pivots de haut niveau qui peuvent évoluer dans des registres différents et complémentaires, cela change tout, pour sûr.
Facilement transformable en machine à highlights, Jaiteh n'est pas de ces pivots modernes qui s'écartent pour shooter à trois points. Non, il pose des écrans plats, roule vers le panier, boxe au rebond, et amène une densité et une énergie dans la peinture qui est nécessaire pour avoir de la variété. Les scoreurs de qualité sont légion dans l'effectif, et il n'a de toute façon pas été recruté pour avoir un impact statistique.
Mais il est en train de prouver que sur un temps de jeu court, il peut apporter quelques chose en plus, sans se plaindre, sans réclamer plus. Et pour un horizon proche, cela pourrait avoir son importance. Car il peut clairement être candidat pour une place dans le roster de l'équipe de France aux prochains Jeux olympiques, ayant déjà porté le maillot de la sélection, et pas plus tard qu'en 2022. Le problème, c'est qu'il semble partir de trop loin.
Victor Wembanyama et Rudy Gobert sont indiscutables à l'intérieur, et pour la place de n°3, Mathias Lessort semble tout de même compliqué à aller chercher, sortant d'une saison qui l'a emmené dans le meilleur cinq de l'Euroligue. Et on ne parle même pas de Moustapha Fall, qui est toujours capital dans une des meilleures équipes européennes, l'Olympiakos, ou encore de Vincent Poirier, ressuscité avec le Real. La concurrence est rude, d'autant qu'une place sur les postes 4-5 sera probablement prise par Guerschon Yabusele.
Il semble un peu court à l'aube de ses 30 ans. Mais au moins, Mam Jaiteh s'est relancé et s'est rappelé au bon souvenir de tout le monde. Et la saison n'est pas finie. Ce soir, contre le Partizan, l'occasion sera encore présente de prouver que son utilité, même pour quelques minutes, peut être utile dans une quête d'or. Encore six mois pour en être sûr.
