Quoi qu'il arrive, l'arbitre polonais entrera dans l'histoire samedi soir. Il sera le deuxième arbitre de football à arbitrer une finale de Coupe du monde et une finale de Ligue des champions au cours d'une même saison. Seul Howard Webb avait réussi un tel exploit en 2010. Outre l'Anglais, trois autres arbitres ont arbitré les deux finales, mais pas au cours d'une même saison : Sandor Puhl (Coupe du monde 1994, Ligue des champions 1997), Pierluigi Colina (Coupe du monde 2002, Ligue des champions 1999) et Nicola Rizzoli (Coupe du monde 2014, Ligue des champions 2013).

Il ne fait aucun doute que c'est la finale de la dernière Coupe du monde qui a apporté au Polonais une renommée internationale. Il avait peut-être déjà arbitré de nombreux matches importants, mais il est rare que les supporters et les médias prêtent attention aux arbitres (surtout s'ils dirigent bien les matches).

Une finale de Coupe du monde parfaitement arbitrée, au cours de laquelle Marciniak a dicté trois tirs au but, et a tout simplement participé à un match historique au cours duquel Lionel Messi s'est montré à la hauteur de son grand triomphe, a dû lui valoir la reconnaissance des cercles footballistiques.

À 42 ans, il a atteint le sommet de sa profession, réalisant le rêve de tout arbitre, devant lequel même une finale de Ligue des champions n'est pas si impressionnante.

Une carrière prolifique en Europe

Marciniak ne vient pas de nulle part. Pendant de nombreuses années, il a arbitré l'Ekstraklasa polonaise, l'une des pires ligues de football d'Europe, dont il est très difficile de s'émanciper, tant pour les footballeurs que pour les arbitres. Cependant, au fil du temps, il a commencé à relever des défis dans le domaine du football international. Il a travaillé de longues heures pour arriver au point où il récolte les fruits de son travail.

Son CV comprend, par exemple, la finale de la Super Coupe d'Europe, qui a opposé le Real Madrid et l'Atlético de Madrid en 2018. Pendant la saison pandémique 2020, il a arbitré la demi-finale de l'Europa League entre l'Inter et le Shakhtar Donetsk, qui, sans match retour, a désigné l'une des équipes qualifiées pour la finale.

Ces dernières saisons, il a atteint les plus hautes sphères de la Ligue des champions. Il y a un an, il a obtenu la demi-finale de Liverpool contre Villarreal, et cette saison, le match retour de Manchester City contre le Real Madrid. Outre sa participation à la Coupe du monde 2022, il était également présent à l'Euro 2016 et à la Coupe du monde 2018, mais il a effectué quelques erreurs en Russie.

Les erreurs arrivent à tout le monde

La réputation d'un arbitre peut être entachée par une seule erreur. Cela peut signifier qu'il faudra attendre très longtemps avant d'avoir une autre chance à un niveau similaire. Marciniak n'a pas commis beaucoup de fautes dans sa carrière. Si cela avait été le cas, il ne serait pas actuellement le meilleur arbitre du monde. Mais il n'a pas non plus été infaillible.

Il aurait pu jouer un rôle plus important lors de la Coupe du monde en Russie, mais il a mis fin à sa carrière dès la phase de groupe. Après avoir arbitré le match Argentine-Islande, c'est à lui qu'est revenu le soin d'arbitrer le match Suède-Allemagne. Les champions en titre étaient alors sous pression après leur défaite au match aller contre le Mexique. Lors de la première mi-temps du match, Marcus Berg s'est retrouvé en position favorable, mais a été renversé par Jerome Boateng. D'après de nombreux observateurs, le Suédois méritait un penalty et peut-être un carton rouge. Marciniak a laissé le jeu se dérouler et n'a pas consulté la VAR.

La deuxième situation la plus controversée l'impliquant s'est produite lors du quart de finale de la Ligue des champions de cette année entre Naples et Milan. De nombreux supporters ont vu la faute de Rafael Leao sur Hirving Lozano en première mi-temps, pour laquelle les Napolitains ont obtenu un coup de pied de réparation. Cependant, les nominations ultérieures de Marciniak dans des matches européens montrent que l'UEFA n'a rien vu de controversé dans cette décision.

Un traitement spécial

En effet, l'arbitre polonais s'est vu confier non seulement la finale de la Ligue des champions, mais aussi le match retour entre Manchester City et le Real Madrid. Cela signifie que, premièrement, il y a eu une situation absolument unique dans laquelle le même arbitre a officié la demi-finale et la finale de la Ligue des champions au cours d'une même saison et, deuxièmement, Marciniak n'était initialement pas considéré pour arbitrer la demi-finale et était préparé pour le match de l'Ekstraklasa polonaise. Mais l'UEFA a finalement changé sa décision après le premier match, qui s'est soldé par un match nul 1-1.

Le traitement spécial réservé à Marciniak a également été remarqué lors de la Coupe du monde. Il a arbitré le match France-Danemark en phase de groupe, Argentine-Australie en phase d'élimination directe, puis la finale. 

Marciniak a mentionné plus d'une fois que depuis le début de sa carrière, il a ressenti une grande confiance de la part de Pierluigi Colina, le supérieur des arbitres à la fédération internationale. Il arbitre là où on a besoin de lui, car on sait que c'est la garantie d'un travail de qualité.

Des heures d'angoisse une semaine avant la finale

C'est pour cette raison que Marciniak arbitre régulièrement en dehors de la Pologne. S'il s'était fermé aux matchs nationaux, son talent aurait été gâché dans l'Ekstraklasa polonaise.

Les médias polonais ne manquent pas d'avis selon lesquels Marciniak devrait arbitrer en permanence des matchs de Premier League ou de Liga, ce qui élèverait automatiquement le niveau de l'arbitrage dans ces compétitions. 

Il s'en est fallu de peu et, dans des circonstances totalement absurdes, la finale de la Ligue des champions de cette année lui aurait été retirée. Il y a quelques jours, sa situation était le principal sujet d'actualité dans les médias polonais. Tout cela parce qu'il a participé à un événement co-organisé par un politicien polonais représentant un parti d'extrême droite.

Marciniak y prononçait un discours sur le succès qu'il avait connu, la réalisation d'un rêve et l'ascension de son "Everest" judiciaire (c'était le nom de l'événement). Cependant, l'information sur les liens présumés de l'arbitre avec l'homme politique est parvenue à l'UEFA et a été présentée de manière absurde. La fédération européenne a même décidé de suspendre la désignation de l'arbitre pour le match de Manchester City contre l'Inter.

Heureusement, l'intervention de la partie polonaise, dans laquelle le ministre des sports lui-même était impliqué, et Zbigniew Boniek, qui siège au comité exécutif de l'UEFA, a permis au Polonais de récupérer la finale. Tout au long de cette affaire, l'arbitre a cependant subi un tollé médiatique, car les plus grands médias sportifs européens ont écrit sur lui, l'associant aux opinions politiques de l'extrême droite, alors que l'arbitre ne s'est jamais exprimé politiquement.