Il arrive que la vie surprenne tout le monde, qu'elle s'emballe et qu'elle change le statu quo en un rien de temps. Nommé capitaine de la première équipe d'Italie de Luciano Spalletti il y a tout juste deux mois, Ciro Immobile n'a pas été retenu dans la liste des Azzurri qui disputeront les deux derniers matches des éliminatoires de l'Euro 2024 contre la Macédoine du Nord et l'Ukraine. Deux matchs décisifs pour assurer sa présence à la kermesse continentale et éviter un repêchage en mars.

Deux rencontres pour lesquelles l'attaquant et capitaine de la Lazio, qui a récemment atteint les 200 buts en biancoceleste, a été exclu. Un choix technique, celui du coach. Car le quadruple meilleur buteur de Serie A est totalement remis de la blessure aux ischio-jambiers qui l'a tenu éloigné des terrains pendant un certain temps, et il reste l'élément le plus expérimenté pour assumer le rôle de terminal offensif.

Pourtant, Spalletti a décidé de ne pas le convoquer, ouvrant ainsi une polémique assez profonde, même s'il faut rappeler que le joueur de la Lazio n'a jamais vraiment eu d'impact chez les Azzurri et qu'il n'est certainement pas dans sa meilleure période en ce moment.

Spalletti préfère Raspadori

Selon le Corriere dello Sport, Spalletti a lui-même appelé le joueur la semaine dernière pour l'informer de son choix, afin de ne pas le laisser trop abasourdi à l'heure de vérité. Un choix technique dû, évidemment, à la volonté de miser sur Giacomo Raspadori que l'entraîneur toscan avait à Naples, où il l'avait élu comme relayeur offensif en l'absence de Victor Osimhen. Actuellement très en vue avec les Napolitains, l'ancien joueur de Sassuolo semble être le principal candidat pour jouer le rôle d'attaquant, pour lier le jeu, mais aussi pour finaliser. Tout cela parce que Spalletti a l'intention de jouer beaucoup avec le ballon, ce qui ne serait pas possible avec Immobile comme buteur.

Le fait que les alternatives soient Moise Kean et Gianluca Scamacca, deux joueurs qui n'ont pas un grand CV, signifie que le sélectionneur azzurro a l'intention de miser davantage sur la jeunesse que sur le désir de rédemption d'un vétéran de presque 34 ans qui est apparemment en train de décliner.

Sans avoir disputé un match depuis le 2 septembre, Immobile est considéré par Spalletti comme peu fiable physiquement, tandis que Kean, insaisissable et plutôt vif ces derniers temps, peut être utilisé dans le jeu en profondeur, mais aussi comme joueur extérieur dans le trident.

Scamacca, quant à lui, représente l'archétype de l'attaquant physique qui apporte des garanties dans le jeu aérien et qui, avec Gian Piero Gasperini à l'Atalanta, a encore appris à s'associer à ses coéquipiers. En somme, celui de l'ancien entraîneur de Naples est un pari très lourd, surtout si l'on pense à ce que l'on pourrait lui reprocher au cas où les Azzurri n'obtiendraient pas le laissez-passer pour l'Euro.

Un bilan médiocre

Il est vrai que durant sa carrière en équipe nationale, Immobile a laissé une trace médiocre, presque incolore. 17 buts en 57 apparitions, c'est une statistique médiocre pour un avant-centre qui vit de buts et qui, au cours des 12 dernières saisons, c'est-à-dire depuis qu'il a rejoint l'Italie, a marqué 242 buts en 408 matches avec ses équipes en club. L'écart avec les performances en équipe nationale est évident, même s'il faut toujours garder à l'esprit que les dynamiques en club sont différentes d'un côté à l'autre.

Le joueur de la Lazio, cependant, n'est historiquement pas très concret dans les grandes occasions sous le maillot de l'équipe nationale. Sa performance à l'Euro 2020, où la Squadra Azzurra a triomphé en déployant un beau jeu collectif, est un contre-exemple. Immobile n'avait marqué que deux buts en six matches dans la compétition, tous deux lors des deux premiers matches de groupe. Lorsque le jeu s'est durci, il n'a guère semblé indispensable. Cela s'est également vu lors du tristement célèbre et délétère barrage de la Coupe du monde à Palerme contre la Macédoine du Nord, où sa contribution a été minime.

Épuisé par son rôle de capitaine, mais aussi et surtout d'avant-centre titulaire, Immobile va désormais se concentrer sur sa Lazio, dont il est une idole incontestée. En équipe nationale, en revanche, il est possible que la porte lui soit définitivement fermée. À moins qu'en cas de qualification pour l'Euro 2024, ses performances se révèlent fructueuses pour qu'il franchisse cette porte avec des buts, sa seule option pour briller.