Sport de haut-niveau et maternité, un casse-tête toujours d'actualité

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Sport de haut-niveau et maternité, un casse-tête toujours d'actualité
Clarisse Crémer en mai 2021.
Clarisse Crémer en mai 2021.
AFP
Comme l'a montré récemment le cas de la navigatrice Clarisse Crémer, privée du Vendée Globe 2024 après avoir mis au monde sa fille en novembre, concilier sport de haut niveau et maternité reste compliqué, malgré quelques avancées.

Le résultat d'une enquête menée il y a deux ans par un groupe de travail associé au ministère des Sports est sans appel : une majorité (61,6 %) des centaines de sportives interrogées estiment qu'il est difficile de devenir mère pendant leur carrière.

"Le sport est un milieu qui demeure conservateur. On y retrouve de nombreuses idées reçues sur ce que les femmes ne devraient pas faire ou ne pourraient plus faire une fois devenues mères", a expliqué à l'AFP la sociologue du sport Catherine Louveau.

Peur d'une baisse des performances, pause prolongée dans un environnement ultra-compétitif, manque de soutien des sponsors, la grossesse est encore vue comme une "prise de risque" par de nombreuses athlètes qui préfèrent renoncer ou attendre la fin de leur carrière. Mais pas toutes. La navigatrice Clarisse Crémer, femme la plus rapide de l'histoire lors du Vendée Globe, est devenue mère en novembre dernier... et a été débarquée quatre mois plus tard par son sponsor Banque Populaire.

Pendant sa grossesse, elle n'avait pas participé aux premières courses qualificatives pour la prochaine édition et ses chances d'être au départ étaient devenues inexistantes, selon le groupe bancaire, qui a rejeté la faute sur l'organisateur de la course.

"Rassurer les sponsors"

"Il faut qu'on améliore encore et on va voir comment intégrer (la) grossesse (aux règlements, NDLR) (...) peut-être plus pour rassurer les sponsors que pour rassurer les skippeuses", a déclaré ce lundi Alain Leboeuf, président du Vendée Globe, à l'occasion d'une matinée de débats sur le sport féminin à la maison du handball située à Créteil.

"Le sponsor investit beaucoup et il veut que sa championne soit sur la ligne de départ (...) il ne faut pas que demain, il y ait des skippeuses qui soient otage d’un sponsor qui dirait moi, je ne préfère pas prendre de femme car on ne sait jamais", a-t-il détaillé.

Le cas de la navigatrice "pourrait se passer dans d'autres fédérations", a estimé Marie-Françoise Potereau, membre de la Fédération française de cyclisme, et responsable de la parité au comité olympique français. Elle ajoute que "sur tous ces sujets, on est dans le trop peu ou le pas assez". Et la problématique ne concerne pas que la France. En mai 2019, l'athlète Allyson Felix, sextuple championne olympique, avait expliqué les difficultés rencontrées avec son équipementier Nike lorsqu'elle est tombée enceinte.

"Si nous avons des enfants, nous risquons des coupes de nos revenus de la part de nos sponsors durant la grossesse et par la suite", avait dénoncé Felix, qui a depuis lancé sa propre marque de chaussures dédiée au pied féminin.

Quelques avancées

Du côté des sports collectifs, la FIFA a franchi un grand pas fin 2020 en imposant le congé maternité à ses pays membres. Rarissimes il y a quelques années dans le football féminin, les joueuses optant pour une grossesse en pleine carrière osent de plus en plus franchir le pas. Mais des progrès restent à faire comme en témoignent les révélations, en janvier, de l'Islandaise Sara Bjork Gunnarsdottir.

Enceinte en 2021, celle-ci avait dénoncé une chute brutale de son salaire pendant sa grossesse et des réticences de son club, l'Olympique lyonnais, à répondre aux impératifs d'une jeune maman à son retour à la compétition.

Le handball français qui compte des championnes mères de famille, comme Cléopâtre Darleux, fait, lui, figure de pionnier. Il a signé en janvier 2021 une convention collective qui prévoit expressément un congé maternité, avec un an de maintien de salaire. La Ligue féminine de basket (LFB) espère, elle, conclure sa propre convention collective, intégrant des dispositifs sur la maternité, au 1er juillet. Mais la route semble encore longue pour le monde du sport dans son ensemble.

"L'actualité récente a montré que les compétitions et règlements sportifs ne prenaient pas encore assez bien en compte les enjeux liés à la maternité", a déclaré ce lundi la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Elle a lancé des pistes pour améliorer la situation dont l'adoption d'un "critère de parentalité" dans les critères d'aide de l'Agence nationale du sport (ANS) ou encore la prolongation de un à deux ans sur l'inscription de la liste des sportifs de haut-niveau pour "laisser du temps" aux femmes.

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