En 2015, Ardie Savea a 22 ans. Il a déjà été convoqué plusieurs fois dans le squad de la Nouvelle-Zélande, mais aucune sélection à l'horizon. Ainsi, il ne sera pas retenu pour aller en Angleterre pour ce qui est à ce jour le dernier titre mondial des All Blacks, et ne sera rappelé que l'année suivante.
Depuis ? Intouchable. Plus de 80 sélections, un leadership à toute épreuve, mais surtout un niveau de jeu incroyable dans la pure tradition des n°8 blacks. Mais, si l'on connait son talent, son palmarès reste peu enviable. Une victoire dans le Super Rugby et plusieurs Rugby Championship certes, mais voilà quatre ans, il avait échoué à aller chercher le titre suprême.
Une sacrée déception, surtout quand l'ensemble des All Blacks a vu quelques jours après l'Angleterre se trouer complètement en finale, alors que les Britanniques avaient totalement asphyxié la Nouvelle-Zélande pour filer en finale, et mettre fin au rêve de triplé d'une équipe qui paraissait pourtant au sommet de son art.
Peut-être que Savea n'était pas à son maximum, après une période trouble où il avait d'abord signé avec la Section Paloise, avant d'être convaincu par sa Fédération qu'il était dans son meilleur intérêt de rester en Nouvelle-Zélande après la Coupe du monde au Japon, puisque quitter le pays interdit toute sélection en équipe nationale. Forcément, quand on s'engage puisqu'on se désiste, cela crée une ambiance lourde.
Cette fois, il est arrivé la tête légère, ayant prolongé son contrat avec les Hurricanes et la fédération nationale jusqu'en 2025. Et l'on sent bien qu'un joueur avec la tête légère, ça change tout. Savea porte le ballon (44 courses), avance, plaque à tour de bras, et surtout, il donne le tempo. Dès qu'il est en forme, tout va bien pour la Nouvelle-Zélande.
Démonstration en a été faite lors du succès homérique contre l'Irlande. 46 mètres parcourus ballon en main, 15 plaquages, un essai crucial pour maintenir la tête des Irlandais sous l'eau quand ils commençaient à revenir au score, une partition sans réelle fausse note. Et en plus, de la modestie après-match. "Je ne sais pas si c'était ma meilleure performance, j'essaie juste de faire de mon mieux sur le terrain pour l'équipe."
Un match qui symbolise ce qu'est Ardie Savea. Un joueur collectif avant tout, qui se moque bien de la gloire individuelle. Mais qui pourrait enfin accrocher une étoile à son maillot le weekend prochain. L'Argentine ne lui fera pas peur, mais il faudra faire le travail, avant de rentrer à la maison. "J'ai juste hâte de rentrer chez moi, de serrer ma femme dans mes bras, d'aller me coucher et de récupérer demain", a-t-il déclaré après l'Irlande. Mais pas avant d'avoir tout donné.
