Kempes : un doublé unique
On imagine que sur le coup, Mario Kempes aurait bien partagé avec Lionel Messi mais l'épilogue de la finale lui confère toujours le statut de seul champion du monde argentin couronné meilleur buteur de la compétition, en 1978. Comme la Pulga, le Matador a inscrit un doublé en finale, en ouvrant le score et en marquant en prolongation contre les Pays-Bas (3-1).
S'il n'a marqué "que" 6 buts, soit un de moins que Messi, Kempes a été une référence offensive avec le 10 sur le dos attribué... de manière alphabétique, ce qui explique pourquoi Ubaldo Fillol, le gardien, a porté un étonnant numéro 5 !
Cette victoire, qui plus est contre les Pays-Bas quoique privé de Johan Cruijff, forfait pour des menaces planant contre sa famille plus que par opposition à la dictature de Jorge Videla, a consacré le "Menottisme", une forme totale de concevoir le football.
Maradona : le mythe absolu
Qu'écrire sur Diego Maradona ? Contre l'Angleterre, il a résumé ce qu'était le football, c'est-à-dire un jeu, où le talent et la roublardise ont toute leur part. Le contexte de revanche après la guerre des Malouines, le commentaire de Victor Hugo Morales scandé de "ta-ta-ta-ta" et son "cerf-volant cosmique" : tout est entré dans la Légende au même moment dans un stade Aztèque accablé par la chaleur.
La victoire de l'Argentine avec le joueur le plus charismatique de tous les temps à sa tête mais avec un sélectionneur, Carlos Bilardo, considéré comme l'antithèse de Menotti. Et depuis en Argentine, s'affrontent les Menottistes et les Bilardistes... Sans jamais rogner sur l'essentiel : la place de Pelusa au firmament.
Messi : l'Olympe, enfin
Ce n'est pas tout d'être en mission, encore faut-il être accompagné des meilleurs soldats. Maradona a connu cela en 1986, Messi aussi 36 ans plus tard. Assurément, l'Albiceleste a eu de bien meilleures équipes, infiniment plus talentueuses mais aucune n'est parvenue à accrocher la 3e étoile. Intrinsèquement, c'est peut-être la moins dotée de l'Histoire.
Messi a été un guide, un leader, précisément tout ce qu'on lui reprochait de ne pas être. Son hommage à Juan Roman Riquelme avec la célébration "Topo Gigio" contre les Pays-Bas, son appel outre-tombe à Maradona alors que Gonzalo Montiel s'avançait pour frapper le tir au but décisif en finale : la Pulga a entraîné dans son sillage tout un héritage footballistique argentin.
La finale est déjà au Panthéon du football et c'est l'homme de tous les records qui l'a emporté. A 35 ans, il a décroché son ultime rêve et écrit une nouvelle ligne indélébile des 10 argentins.