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Lens-Nantes, une affiche incompréhensiblement disputée en même temps que la finale du Mondial de rugby

Kevin Danso et Moses Simon devraient se retrouver ce samedi soir
Kevin Danso et Moses Simon devraient se retrouver ce samedi soirAFP
Classique du championnat de France, Lens-Nantes se disputera au même horaire que la finale de la Coupe du monde de rugby. Une décision absurde, surtout après l'échec de l'appel d'offres de la LFP en début de mois.

Nantes 7e et Lens 14e après 9 journées : rien n'aurait pu prédire en début de saison que ce premier quart de championnat serait à l'avantage des Canaris, 14 points. Alors qu'il est invaincu en Ligue des Champions, le RC Lens pâtine en Ligue 1, à peine deux victoires et contraint au match nul lors des deux derniers matches. La réception du FCN peut rapprocher les Sang-et-Or des équipes de tête mais son adversaire est en forme. 

Collision frontale avec les All Blacks et les Springboks

C'est à se demander si la LFP a envie que l'on voit son produit, surtout après que l'appel d'offres pour la ventes des droits de diffusion a capoté. Mais quelle idée de diffuser un match de Ligue 1 à la même heure que la Coupe du monde de rugby qui se dispute en France ? 

Mettre en frontal son propre produit avec un événement d'envergure internationale, c'est un bel essai de pénalité. Même si les Bleus ne sont pas présents en finale, le match sera regardé par plusieurs millions de personnes, ce qui laissera encore moins de monde devant le football. 

Le fait que Canal + soit le diffuseur de la rencontre est-il la raison de ce doublon ? Dans un tel cas, c'est à la fois mesquin mais aussi risqué dans le contexte actuel où la LFP doit à présent négocier de gré à gré avec de potentiels acheteurs. Maxime Saada, le DG de la chaîne cryptée, est dans la position de faiseur de roi grâce aux accords de diffusion qui pourraient porter préjudice à Prime Video, plateforme qui n'est pas proposée aux abonnés de Canal. Une chose est certaine : déprécier la valeur d'un match ne doit guère être de son goût.

 

Pour un 8e match consécutif sans défaite

Lens a de la ressource. Du moins en C1. Mené au score lors de ses trois premiers matches de poule, les Artésiens sont revenus pour arracher 5 points. En L1 en revanche, l'équation est très différente. Même équipe mais ressort cassé en somme. Face au Havre la semaine dernière, les Lensois ont beaucoup attaqué, vu un but refusé par la VAR mais n'ont finalement pris qu'un point au Stade Océane (0-0). Un moindre mal quand on se souvient de la défaite à Bollaert contre Metz (1-0), après un festival d'Alexandre Oukidja dans les cages des Grenats. 

Pour la venue de Nantes à Bollaert, l'équipe est requinquée par la bulle européenne mais défier un club en confiance impose une concentration totale, notamment au niveau du bloc équipe. Une consigne que Franck Haise travaille spécifiquement avec Elye Wahi, nouvel arrivé et encore dans l'apprentissage : "il fait partie des joueurs que je vois régulièrement en individuel avec la vidéo. On s'est revu cette semaine en lui montrant les bonnes choses faites en début de match et d'autres séquences moins abouties. L'objectif n'est pas d'être prescriptif mais que les joueurs, d'une manière générale, soient le plus au clair avec ce qu'ils voient, le pourquoi de telle ou telle action, si c'est bien ou si ça doit être corrigé"

Sans David Pereira da Costa ni Wesley Saïd, sortis touchés mardi, Haise reconnaît que "Nantes fait des matches très complets depuis plusieurs semaines, qui marque beaucoup, qui est joueuse. Quand on laisse du temps, on peut mettre des choses en place et ce que le coach et son staff parviennent à faire. C'est un gros morceau comme une équipe en pleine forme"

Passé sur le gril après son entraîneur, Morgan Guilavogui n'a pas voulu minimiser la situation comptable du club, seulement 10 unités après 9 journées : "l'équipe manque de points, on ne va pas s'en cacher. On a eu un début de saison difficile mais on est très bien revenu avec une série de 7 matches sans défaite (toutes compétitions confondues, ndlr), c'est assez positif"

Nantes, protéiforme et efficace

Depuis ses deux premiers revers en août, Nantes navigue à un rythme très souvenu : 2 points par match. Une victoire à la Meinau contre Strasbourg (2-1), une autre à la Beaujoire contre Montpellier (2-0) et voici les Canaris dans le haut de tableau. 

Malgré l'absence de Mostafa Mohamed, son meilleur buteurs (5 réalisations) suspendu après son expulsion à Rennes, Nantes s'est montré réaliste et Matthis Abline a gagné du temps de jeu en pointe. Au milieu, Pierre Aristouy a pu compter sur les apports décisifs de Marcus Coco ou Florent Mollet. Surtout, Moses Simon est revenu à un niveau digne de son standing, avec 2 buts et 4 passes décisives

Le FCN n'a pas de système de jeu préférentiel et cet aspect protéiforme rend la préparation délicate pour l'adversaire. C'est notamment le cas dans le sceteur offensif où son passé d'attaquant semble contribuer à la bonne entente d'un secteur particulièrement concurrentiel. Pour le déplacement à Nantes, Aristouy pourra de nouveau compter sur Mohamed et Ignatius Ganago. Dans le même temps, leurs coéquipiers ont "profité" de leurs absences pour se montrer : "la semaine passée, Kader Bamba est rentré et a marqué, Adson est également entré en jeu et a livré une bonne rencontre. Mollet réalise de bons matches. Abline a été bon devant Strasbourg et ça a été un peu plus délicat face à Montpellier. Il y a du monde. Il n’y a pas de numéro un, rien n’est établi".

De son aveu même, cette gestion n'est pas uniquement contrainte par les suspensions et les blessures. "Tout peut changer d’un week-end à l’autre, a-t-il assuré. Ça peut donner des perspectives à l’entame d’un match, en cours de rencontre selon le contexte et l’évolution du score. Les associations possibles sont nombreuses". Aristouy a cité l'exemple de Bamba, auteur d'une belle entrée à la Beaujoire : "j’ai la certitude et la conviction qu’il a fait une bonne rentrée face à Montpellier et qu’il a été décisif parce qu’il s’est mis dans une considération positive avant la rencontre et ce, même avec la frustration de ne pas avoir commencé le match. Je suis suffisamment bien placé pour dire que c’est un super footballeur. Il est revenu de prêt et j’ai demandé à mes dirigeants qu’il soit avec nous pour la saison. J’ai beaucoup de considération pour lui"

Toujours privé de Douglas Augusto et Fabien Centonze, le coach nantais considère que "Lens mérite bien plus que le classement actuel" et que la rencontre contre le PSV a prouvé que les Sang-et-Or pouvait nourrir des ambitions en dépit de cette entamé chaotique : "on affronte une équipe de Ligue des Champions, qui encore cette semaine, a démontré toute sa qualité et sa force mentale. Ils sont capables d’installer de la pression, peuvent la maintenir sur la durée de la rencontre".

Vu l'état de confiance de ses joueurs, le FC Nantes peut continuer à créer la surprise, dans l'ombre, à un horaire idéal pour avancer sans se faire remarquer.