Andreas Wellinger, Karl Geiger, Markus Eisenbischler, Severin Freund, Michael Neumayer : ils ont tous fini au moins une fois sur le podium de la Tournée des 4 Tremplins sans jamais soulever l'Aigle d'or. En 2008, Neumayer fut le premier Allemand à s'offrir un accessit, une troisième place derrière le mythe Janne Ahonen et Thomas Morgenstern. La dernière victoire du Kuningaskotka (Roi des Aigles) avant une hégémonie autrichienne sans partage avec 7 victoires d'affilée.
Depuis une décennie, l'autre Nation forte du saut à ski attend à son tour, débordée par la Slovénie (Peter Prevc en 2016), la Pologne (Kamil Stoch en 2017, 2018 et 2021, David Kubawski en 2020), le Japon (Ryoyu Kobayashi en 2019, 2022 et 2024) et la Norvège (Halvor Egner Granerud en 2023).
L'an dernier, Kobayashi a remporté sa 3e Tournée sur la régularité : lui qui avait signé un Grand Chelem en 2019 a gagné sans remporter la moindre étape. En revanche, Wellinger s'est adjugé le concours d'Oberstdorf. Il ne s'agissait que du 4e succès allemand depuis l'ultime coup d'éclat de Sven Hannawald qui a remporté 5 étapes consécutivement entre 2002 et 2003. Depuis, seuls Freund (Tournée 2015), Richard Freitag (Tournée 2015) et Geiger (Tournée 2021) ont laissé espérer une victoire finale teutonne, sans y parvenir.
Pourquoi ? Paschke !
Mais cette fois, c'est le moment ou jamais. Et c'est un vétéran de 34 ans qui suscite tous les espoirs. Pius Paschke domine le classement de la Coupe du monde, a déjà remporté 5 manches sur 10 et signé deux autres podiums. Pour autant, on arrive à la Tournée des 4 Tremplins comme on entre en conclave : pape à l'entrée, évêque à la sortie. Le favori ne gagne pas toujours et des légendes comme Martin Schmitt et Simon Ammann n'ont jamais triomphé dans cette compétition dans la compétition.
La présence de Paschke est une surprise totale. Son meilleur résultat au général de la Coupe du monde ? 15e, en 2020-2021, avant de retomber aux 33e et 34e rangs par la suite. Jusqu'alors, il n'avait à son palmarès une seule victoire en individuel il y a un an, à Engelberg (Suisse) et deux podiums, également en 2024, une 2e place à Ruka (Finlande) et une 3e place lors du 2e concours d'Engelberg.
Un peu à la manière de la comète Thomas Diethart, vainqueur inopiné en 2014, Paschke est sous le feu des projecteurs alors qu'il n'était pas programmé pour cela. La pression l'aurait-elle rattrapé ? Les deux derniers concours, disputés à Engelberg en Suisse, ont marqué un recul du Bavarois, absent du podium là où il avait si bien réussi l'an dernier. Au contraire, on a pu constater un retour en force de l'Autriche avec Jan Hörl, vainqueur puis 2e, et Daniel Tschofenig, 2e puis vainqueur. Enfin, Stefan Kraft, tenant du titre de la Coupe du monde, 3e de la Tournée 2024 avec une victoire lors du dernier concours à Bischoshofen, a complété le podium du deuxième concours. Dix ans après son seul succès, il revient en forme au bon moment.
Le retour au sommet de l'Allemagne ou de l'Autriche semble écrit. À l'heure actuelle, ils ne sont que 3 dans le Top 10 de la Coupe du monde à contester cette hégémonie. Le Suisse Gregor Deschwanden (33 ans), aucune victoire en Coupe du monde, est actuellement 5e du général; le Norvégien Kristoffer Eriksen Sundal (23 ans), lui non plus sans aucune victoire sur le circuit, est 7e; enfin le Slovène Anze Lanisek (28 ans), 32 podiums dont 6 victoires, 3e du général en 2023 et 3e de la Tournée 2023, est 10e.