J-500 : Paris 2024 et la quadrature des anneaux olympiques

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J-500 : Paris 2024 et la quadrature des anneaux olympiques

Mis à jour
Le compte à rebours est lancé
Le compte à rebours est lancéAFP
Plus personne ne veut de l'organisation des Jeux olympiques mais les responsables de Paris 2024 ont certifié que la prochaine édition serait en tous points un réussite. À 500 jours de la cérémonie d'ouverture, les doutes grandissent.

Loin de l'image d'Épinal, la France découvre semaine après semaine la réalité de l'organisation des Jeux olympiques. À 500 jours de la cérémonie d'ouverture, le fantasme d'une édition populaire et peu dispendieuse s'est évanoui. Rien n'est raisonnable dans l'organisation des JO et il n'est pas inutile de rappeler que si Paris était seule candidate pour 2024, c'est qu'il y avait bien une raison. Il y a donc eu une opération de réduction des coûts, ce qui a surtout mis la Seine Saint-Denis de côté alors qu'elle était au centre du projet initial. Des sports ont été délocalisés, des sites déplacés.  Le budget d'organisation était initialement inférieur à 4 milliards d'euros : il a déjà bondi de 10%. D'après L'Equipe, en comptant le budget de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), le chiffre monte à 8,8 milliards.

Tony Estanguet, président du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP)
Tony Estanguet, président du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP)AFP

La cérémonie d'ouverture, à côté de la plaque 

La cérémonie d'ouverture sur la Seine, c'est une belle idée en théorie. Dans la pratique, c'est une aberration. Alors que le stade permet à chaque délégation de bénéficier de la même exposition médiatique, le parcours n'offrira de la visibilité qu'aux pays majeurs. Initialement, 160 bateaux devaient être présents, ce qui revenait déjà "compacter" plusieurs délégations et donc à les invisibiliser. L'inverse de l'olympisme en somme. Selon les dernières rumeurs, la flotte sera quasiment réduite de moitié, avec 90 embarcations en tout, ce qui implique l'organisation, les media, les hospitalités. En outre, les conditions de sécurité paraissent difficilement compatibles avec un parcours de 6km. La jauge sur les quais hauts, initialement fixés à 500 000 spectateurs gratuits, a été réduite de 20%. Mais même avec 400 000 personnes, le risque de mouvements de foule est immense, sans parler des risques d'attentat sur le site, mais aussi ailleurs sur le territoire français, les forces de sécurité mobilisés ce jour-là étant nécessairement absentes sur d'autres secteurs. Vu la réussite de la dernière finale de la Ligue des Champions au Stade de France, il y a de quoi s'inquiéter. D'une manière générale, le spectateur sur place, avec ou sans billet, ne pourra pas tout voir puisque l'unité de lieu ne sera pas fixe. C'est la prime à ceux qui ne s'intéressent au sport que de temps à autres, sans linéarité. Le vrai passionné sait où il se trouvera : dans son canapé. 

Il était temps de réaliser qu'assister à des compétitions de haut niveau coûte cher 

Dans la mesure où les Jeux olympiques sont un événement unique et exceptionnel, ils attirent un public qui consomme les JO avant de consommer du sport. C'est d'ailleurs pour cela que le système de package a été instauré, pour que tous les sites soient pleins, même si le détenteur ne souhaitait pas spécialement choisir cette épreuve. C'est ce qui explique aussi la récente prise de conscience globale que chaque passionné véritable sait depuis très longtemps : assister à des compétitions coûte cher. Et donc, l'idée de JO populaires était inévitablement impossible à matérialiser. Il n'y a pas de place pour les budgets serrés et, finalement, peu de monde peut s'offrir ce luxe, surtout pour ceux qui ne sont ni Parisiens ni Franciliens. Quel prix pour une famille entre le déplacement, l'hôtellerie, la restauration, la compétition ? La vérité des JO se révèle au plus grand nombre et la billetterie a mis fin à une forme de naïveté collective.

La France n'est pas un pays consommateur de sport comme peuvent l'être la Grande-Bretagne, les États-Unis ou l'Allemagne. Pousser aux dépenses excessives n'est pas dans la culture locale. Pour entrer dans ses frais, le COJO doit mettre le paquet sur la billetterie de luxe, les fameuses hospitalités. Et à ce jeu-là, le commun des Français n'est pas invité. Parce que ces ventes sont cruciales pour amortir les coûts. L'objectif est d'atteindre le tiers du budget mais le comité d'organisation table sur 1 millard d'euros. On est davantage sur du 11% que du 33%...si on compte ou pas le budget de la Solideo. Et parmi les fameux billets à 24€, entre 40 et 50% ont été achetés par l'État, autrement dit par l'argent public. Les JO, ce sont avant tout les sociétés privées et les sponsors qui y gagnent. 

Les Phryges, mascottes officielles
Les Phryges, mascottes officiellesAFP

Plus vite, plus cher et plus peuplé

Les Franciliens se retrouvent tout aussi lésés. Les promesses faites quant à l'extension du réseau de transports n'ont donné vie qu'au prolongement de la ligne 4 du métro. Pire, les travaux ayant pris du retard, le trafic est toujours plus perturbé. Comment feront donc les habitants de la région - les touristes et les quelques 3 millions de personnes supplémentaires, pour se rendre aux événements sportifs ? Avec des pics de fréquentations à 1000 personnes la minute vers Saint-Denis, le défi est total, d'autant qu'il a déjà été annoncé que les transports ne fonctionneront pas 24 heures sur 24. Il ne manquerait plus que les cheminots décident de faire grève au mois d'août en guise de cerise sur le gâteau. Prévoyant des difficultés dues à l'engorgement, l'organisation veut promouvoir... la marche à pied ! De quoi redonner du sens à la vieille blague "RATP, c'est Rentre Avec Tes Pieds". 

Les infrastructures ne sont, pour la plupart, toujours pas terminées non plus. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, annonce que tout sera prêt. Décembre 2023, janvier-février... voire juin 2024 : le temps presse et plus le temps presse, plus le budget augmente. La réalité est telle que les Français n'ont pas fini de s'interroger sur le déroulement de la plus grande compétition internationale et son financement, qui plus est dans une période sinistrée marquée par l'inflation galopante, la guerre en Ukraine, la stagnation des salaires, la réforme des retraites. Il ne reste plus qu'à espérer que les enceintes sportives soient plus réalistes que la verdure prévue sur les Champs Elysées. 

Il reste 500 jours pour réenchanter les Jeux. C'est loin d'être gagné. 

France gouvernement

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