Interview Flashscore - Mehdi Filali : "Un champion, ce n’est pas quelqu’un qui fait du one shot"

Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
Interview Flashscore - Mehdi Filali : "Un champion, ce n’est pas quelqu’un qui fait du one shot"
Mehdi Filali sur la plus haute marche du podium de Budapest.
Mehdi Filali sur la plus haute marche du podium de Budapest.Instagram : @equipedefrancekarate
Le vendredi 3 novembre, Flashscore France s'est entretenu avec avec Mehdi Filali, Champion d'Europe et du monde de karaté dans la catégorie +84kg et membre de l'Equipe police nationale. L'occasion d'aborder son récent titre mondial, et ses futurs projets.

Il est sur une pente ascendante. À 24 ans, le Marseillais Mehdi Filali, a été couronné du titre de Champion du monde de karaté, catégorie +84kg à Budapest en octobre dernier. Désormais détenteur de l'or européen et mondial, il doit se remettre en selle et repartir de plus belles vers de nouveaux défis. Malheureusement, sans passer par la case Jeux olympiques 2024 à travers lesquels ne figurent plus le karaté.

Qu’est-ce que cela fait d’être tout juste auréolé du titre de Champion du monde de karaté ? 

Je suis très content, c’est beaucoup de travail, de sacrifices pour en être arrivé là. Je fais une belle année parce que je gagne le titre de Champion d’Europe en mars et là, je suis Champion du monde. Je suis en revanche très déçu que mon sport ne soit pas représenté aux Jeux olympiques. Cela aurait permis à la France d’avoir une autre chance de médailles. En étant Champion d’Europe et du monde… Cela aurait pu marcher. Je pense que c’est vraiment dommage. Après, je reste super content de mes résultats et du travail accompli. 

Parlez-nous de votre déception par rapport à cette non-représentation de votre sport aux JO. 

Je suis vraiment déçu. Comme tous les karatékas, je pense, d'ailleurs. Le pire… C’est qu’on a goûté aux Jeux olympiques à Tokyo. Je n’y ai pas participé. À l'époque, je ne suis pas passé loin de me qualifier, mais je n’ai pas réussi. Là en France, on avait une place par catégorie pour le pays hôte. Je suis premier français et troisième mondial, donc j’aurais pu représenter la France. Je suis par conséquent encore plus déçu de sa déprogrammation.

Et d’un point de vue extérieur, comment voyez-vous ces Jeux ? 

Je suis très content pour ceux qui vont y participer. Cela va être quelque chose de fou. Déjà de participer aux JO pour moi, cela relève du rêve. Alors en plus, derrière, d’y participer à Paris, en France, avec toute la médiatisation, les opportunités que cela peut offrir… Je suis presque un peu jaloux. 

Vous agirez quand même en vrai supporter ?

Oui (rires) ! J’espère que les copains vont réussir à se qualifier. Je monterai pour les voir sur Paris. Et si je n’arrive pas à avoir de places, je les regarderai à la télé, comme tout le monde.

En l’absence d’objectif JO, que visez-vous désormais ? 

Après avoir fait Champion d’Europe et du monde, il ne reste pas grand-chose. Mais je suis un compétiteur. Je ne vais pas me dire "ça y est j’ai un titre européen et mondial, et maintenant, je vais me laisser aller, être en roue libre". Non, je dois m’installer dans la durée et à continuer de gagner des titres. C’est très important. Un champion, ce n’est pas quelqu’un qui fait du one shot. C’est quelqu’un qui arrive à accumuler les titres et qui arrive à rester au top longtemps.

Donc vous allez vous entraîner au maximum et rester en forme ? 

C’est exactement cela. Après, c’est sûr, cela va être un peu compliqué de garder la flamme sachant qu’il n’y a plus les Jeux et que j’ai réussi à accomplir de belles choses. Mais, derrière, la vie, elle ne s’arrête pas aux JO. Elle continue bel et bien. C’est hyper regrettable. Mais, il y aura d’autres compétitions à aller chercher. 

Est-ce que le fait qu’il n’y ait pas de karaté aux Jeux vous conditionne et vous affecte particulièrement pour affronter la suite de votre carrière ? 

Non, cela ne me perturbe pas du tout parce que les Jeux, on sait depuis longtemps qu’on n’y sera pas. L’année après Tokyo, on nous l’a révélé. Donc, si cela avait eu un impact sur moi, cela l’aurait eu depuis l'annonce de la décision du Comité national olympique. 

Cela a donc eu l’effet contraire ? 

Oui. Je pense. Le fait qu’on ne soit plus aux Jeux, cela m’a permis d’être plus relâché. C’est vrai que pendant la préparation aux JO, on avait beaucoup de pression, on était en compétition tout le temps, on en avait quasiment une toutes les deux semaines. C’était un très gros rythme. Après les Jeux, j’ai pris beaucoup de temps pour moi. Maintenant, je prends vraiment du plaisir à m’entraîner et à aller en compétition. Cela me sert bien. 

C’est le principal, au final.

C’est sûr qu’on reste sportifs… C’est un métier. Aller s’entraîner, c’est une obligation. Si tu as un but de performance dans la vie, tu es obligé d’aller cravacher. Le premier qui vient me voir un jour et me dit "moi, je ne m’entraîne pas" et qui affirme gagner par la suite, c’est un menteur. C’est plus du plaisir maintenant. J’étais à Paris pendant la préparation des Jeux, au KREBS Île-de-France. Juste après, je suis rentré à Marseille. Je m’entraîne dans mon club, à côté de chez moi et je pense aussi que d’être entouré de mes proches, d’être dans mon cocon familial, cela a un impact beaucoup plus positif sur moi. 

Cela change-t-il quelque chose d’être loin d'eux ? 

Je suis monté à Paris quand j’avais 18 ans. J’ai toujours été chez mes parents. Arriver dans une grande ville tout en étant tout seul… gérer des choses banales de la vie que je n’avais jamais fait avant… C’était très compliqué. Les moments de doute, tu es seul dans ta chambre. Il n’y a que toi et le mur en face de toi pour discuter. Il y a le téléphone, certes. Mais, ce n’est pas la même chose. Quand tu intègres une structure de haut niveau, on est là pour performer. Les états d’âme, faut les mettre de côté. Tout le monde se soucie que de la performance. Tant que tu gagnes, tout va bien. Le jour où cela ne va plus, il y aura un autre qui prendra ta place. C’est ainsi. Personne n’est éternel, pas même au haut niveau. Il faut le savoir. Moi je le sais maintenant. Le jour où je ne performerai plus, il y aura quelqu’un qui prendra ma place et je suis tout à fait d’accord avec cela. Moi, quand je suis arrivé, j’ai pris la place de quelqu’un d’autre. Je me retirerai et je laisserai à cette personne l’occasion de faire son bout de chemin comme je l’ai fait. 

Et en attendant ? 

(sourire) En attendant, je suis là, et je vais essayer de continuer à gagner des titres.  

France gouvernement

Les jeux d’argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d’argent, conflits familiaux, addiction…

Retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09-74-75-13-13, appel non surtaxé)