Gaëtane Thiney soufflera ses 38 bougies dans un mois mais le temps ne semble pas avoir d'emprise sur elle. Pour l'ouverture de la saison en D1 Arkema, le déplacement sur le pelouse du LOSC a été marqué par un doublé de la joueuse aux 163 sélections avec l'Equipe de France (4-0). Le promu a payé pour apprendre contre la troisième force hexagonale derrière l'Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain.
Une carrière de 24 ans
Le Paris FC a commencé très fort sa saison en championnat mais c'est surtout sur la scène continentale qu'il a fait fort. Après un tour de chauffe contre le club ukrainien de Kryvbas (4-0), les joueuses de Sandrine Soubeyrand ont renversé Arsenal, rien de moins qu'un demi-finaliste de la dernière Ligue des champions féminine (3-3, 4 t.a.b à 2). Pour intégrer la phase de poules, il faudra éliminer Wolfsburg qui avait sorti... les Gunners pour se hisser en finale.
Pour Thiney, cette double confrontation pourrait soit ouvrir un nouveau chapitre, soit mettre un terme à ses rêves d'Europe avec le club dont elle porte les couleurs depuis 15 ans, d'abord avec l'écusson de Juvisy puis avec celui du PFC depuis que "l'autre" club de la capitale a racheté les droits de l'équipe de l'Essonne.
Sous contrat jusqu'à la fin de saison, la milieu offensive devrait stopper sa carrière au terme de celle-ci. Mais quel jour ? Le dimanche 11 août 2024 serait une belle date, si possible avec la médaille d'or olympique autour du cou. "J'ai un an et demi pour prendre du plaisir, m'éclater et terminer sur une date symbolique, les Jeux Olympiques à Paris en 2024, expliquait-elle dans les colonnes de L'Equipe en mars dernier. J'ai commencé en Première Division en 2000. Comme j'aime les symboles, cela en fera un très beau".
La première à parler
L'arrivée d'Hervé Renard a modifié la donne pour Gaëtane Thiney qui n'a plus disputé la moindre minute en Bleue depuis le 9 novembre 2019. En février 2020, elle était montée au créneau pour réclamer davantage de dialogue et de transparence pour évoluer pleinement dans un environnement dédié à la haute performance. En agissant de la sorte, celle qui fut l'une des emblèmes du football féminin français signait la fin de sa carrière internationale tant que Corinne Diacre serait en poste.
Après avoir terminé la saison 2020-2021 avec le PFC, elle prolonge et est prêtée dans la foulée aux États-Unis pour le Gotham FC, à New York. Un "Erasmus" qui a été rendu en partie possible précisément car elle était montée au créneau médiatiquement. "C'était une prise de risque, analysait-elle à propos de ses quelques mois outre-Atlantique, de juin à décembre. Cela a peut-être permis à certains de réfléchir et même peut-être au staff d'avoir un management différent. Moi, ça m'a fait du bien car tout garder, ne rien dire et faire semblant, ce n'est pas trop mon truc. Cela m'a permis de partir, de revenir et d'avoir des données physiques meilleures que quand j'avais 30 ans. Ça m'a retiré beaucoup d'angoisse et donné beaucoup d'espoir, de force, de confiance".
De retour dans "son" club, elle avait donné ses premiers ressentis sur son passage en NWSL au micro de Canal Plus : "jouer aux États-Unis était une super expérience, très enrichissante avec un football complètement différent. J’ai pu analyser l’approche américaine de la performance même si j’étais encore très proche par messages avec les filles au Paris FC. Je reviens avec beaucoup d’énergie et beaucoup de bonne humeur et beaucoup de rêves parce que au final ils sont un peu moins dans le jugement. Je suis heureuse de revenir avec le sourire".
Sans pression mais avec les Bleues en tête
Cette enthousiasme s'est vérifié dans ses performances en D1 Arkema et, surtout, l'a poussé à toujours croire en un retour en sélection dans un secteur où les Bleues auraient bien besoin d'une mentor avec le recul nécessaire et capable de prendre la pression sur ses épaules. "J'ai 37 ans, je cours en moyenne 10 à 11 kilomètres par match, affirmait-elle dans L'Equipe. En termes d'intensité, je suis dans les normes internationales sur le plan athlétique. Ce qui est important, c'est de se dire, sur le terrain, qu'est-ce que je peux apporter à cette équipe ? Et en dehors, dans le groupe, est-ce que je peux apporter quelque chose ? C'est au coach de répondre. Je suis dans le plus haut niveau national, performante. J'ai un vécu international très important, une personnalité qu'on connaît. Libre au coach de me prendre ou pas, dans un système innovant, moderne et qui va vers la performance".
Après une victoire facile à Lille, le Paris FC affronte dès la deuxième journée Fleury, un concurrent direct pour le podium qui a terminé 4e la saison dernière. Un succès serait de bon augure, non seulement pour cette lutte, mais aussi en précision du match aller contre Wolfsburg qui se disputera à Charléty le 10 octobre. "J'ai juste envie de m'éclater jusqu'à la fin de ma carrière en club", plaidait-elle il y a 6 mois. Pour Thiney, il ne s'agit pas d'un jubilé d'un an mais bien d'un tremplin pour finir en beauté aux Jeux Olympiques.
