Au début, ce n'était que Cristiano Ronaldo :"Il est fini. Il n'est plus adapté au football européen", disait-on de lui lorsqu'il a dit "oui" à l'offre d'Al-Nassr. Aujourd'hui, ces critiques n'ont plus lieu d'être.
En partie par nécessité, en partie par flair, Cristiano a tout vu avant les autres. Et quand on lui a demandé de choisir entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, il n'a pas hésité.
"Leur projet est de devenir, dans les cinq prochaines années, l'une des cinq meilleures ligues du monde. En fait, à ce rythme, ils pourraient même y parvenir plus tôt. Seule la Premier League est d'un autre niveau", a assuré le quintuple Ballon d'Or. Et en effet, si l'on regarde ce qui s'est passé au cours des deux derniers mois, les autres grands championnats européens ne peuvent pas vraiment se reposer sur leurs lauriers.
Les transactions les plus importantes
Le transfert de Ruben Neves de Wolverhampton à Al-Hilal a marqué un tournant fondamental dans la perception du phénomène arabe : "Mais comment est-il possible que le capitaine d'une équipe de Premier League, régulièrement appelé en équipe nationale et âgé de seulement 26 ans, décide d'aller là-bas ?".
Ce n'est pas un hasard s'il est également portugais. L'ancien dirigeant des Wolves a d'ailleurs admis qu'il en parlait souvent avec CR7, qui a réussi à le convaincre du bien-fondé du projet de Fonds souverain saoudien à travers lequel le prince Mohamed bin Salman tente de changer le visage de son pays aux yeux de l'opinion publique internationale.
Viser 2030
Le football est non seulement l'un des aspects les plus importants, mais le véritable moteur de cette volonté. Et oui, car l'héritier de la maison royale saoudienne a toujours été conscient que ce n'est que grâce à l'impact médiatique du plus beau sport du monde qu'il pourrait obtenir des résultats impressionnants en très peu de temps.
Et c'est exactement ce qui se passe. Ainsi, CR7 et Neves ont été suivis par une foule de joueurs. À commencer par Neymar, pour lequel le Paris Saint-Germain a reçu 90 millions d'euros d'Al-Hilal.
C'est là que l'on touche à un autre aspect fondamental de cette affaire. Et oui, car nulle part ailleurs on n'aurait payé un seul euro pour le footballeur controversé qui, depuis quelque temps, fait plus parler de lui pour ses fêtes que pour ses buts.
Pourtant, pour le PSG, c'est une véritable bouffée d'oxygène que de se débarrasser de son salaire.
De même, pour beaucoup d'autres clubs européens, l'arrivée saoudienne été une aubaine. Mais si, au lieu de regarder le doigt, ils regardaient la lune, les clubs du vieux continent comprendraient que si cette tendance se confirme, les jours du football européen sont comptés.
La deuxième phase
En Europe, on préfère cependant continuer à se bercer de l'illusion que "le phénomène saoudien durera quelques années, cinq tout au plus". Néanmoins, la durée courte des contrats (deux ou trois ans) signés par les joueurs qui ont décidé de s'expatrier fait partie de la stratégie d'attraction des talents.
En effet, une fois qu'ils auront fait le plein de stars, la deuxième phase du projet visera à construire une ligue de haut niveau, dans le but de convaincre ceux qui ne sont venus que pour l'argent - et les premiers à en prendre conscience sont justement eux - de rester quelques années de plus que prévu pour d'autres raisons.
Cristiano Ronaldo reste, aujourd'hui encore, le mieux payé de tous. Mais si, jusqu'au printemps dernier, le salaire de CR7 était exponentiellement plus élevé que celui de tous les autres joueurs du championnat réunis, aujourd'hui, derrière lui, on trouve, outre Neymar, des joueurs comme Karim Benzema, N'Golo Kanté, Jordan Henderson, Sadio Mané, Riyad Mahrez, Kalidou, Marcelo Brozovic et une longue liste.
Le "non" de Veiga à Naples
Une autre surprise de ce mercato a été la signature de Gabri Veiga à Al-Ahli au lieu d'opter pour Naples.
Le choix du prometteur espagnol nous dit que le paradigme du football mondial a désormais inévitablement changé, et que si l'argent était déjà important, il l'est beaucoup plus aujourd'hui.
A première vue, il est inouï qu'une promesse du football mondial ait décidé d'aller parfaire sa formation dans une ligue mineure et loin de la Ligue des champions.
L'avenir nous dira qui aura eu raison. En attendant, Veiga touchera plus de 20 millions par saison contre les deux millions et demi que le club napolitain pouvait lui garantir.
Le "oui" de Mancini à l'Arabie
"Eh mais vous savez, les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas de valeurs.... Ils ne pensent qu'à l'argent". Roberto Mancini a presque 60 ans, mais il a pris la même décision.
Le désormais ancien sélectionneur de l'équipe nationale italienne recevra une somme proche de 100 millions d'euros pour s'asseoir sur le banc de l'Arabie saoudite pendant les quatre prochaines années.
Voilà qui démontre une nouvelle fois combien le controversé prince bin Salman est prêt à parier au nom de la réussite de son projet : beaucoup.
En fuite de l'Italie
Gabri Veiga et Roberto Mancini n'ont pas été les seuls à préférer l'Arabie à l'Italie. Le premier - d'un certain niveau - a été Sergej Milinkovic-Savic, pour lequel la Lazio a perçu 40 millions d'euros d'Al-Hilal.
Dix de plus que ceux reçus par la Roma pour Roger Ibañez, qui à 24 ans seulement a décidé de suivre la voie tracée par Cristiano Ronaldo, et par l'Inter pour Marcelo Brozovic qui, lui, ne reviendra probablement pas en Europe. Enfin, si quelqu'un revient un jour pour de bon...