En football, le pays a été rendu célèbre par les grandes performances et les buts de James Rodriguez lors de la Coupe du monde 2014, le coup de scorpion du gardien Rene Higuita lors du match contre l'Angleterre à Wembley, et d'autres noms célèbres tels que Carlos Valderrama, Radamel Falcao et Juan Cuadrado.

Narco-football

Depuis les années 1980, la Colombie est devenue l'un des plus grands exportateurs de drogue au monde. Le pays sud-américain a été englouti par le phénomène de la cocaïne. Bien sûr, il n'y a pas de chiffres exacts, mais on dit que la Colombie produit environ 70 % de l'offre mondiale. Ce commerce lui a rapporté beaucoup d'argent, mais aussi beaucoup de problèmes.

Des barons de la drogue de plus en plus puissants ont commencé à prendre le contrôle de tout le pays et leur attention s'est portée sur le football, la passion la plus populaire du peuple colombien. Les clubs de football ont été saisis par les "patrons" des cartels de la drogue, non seulement pour le plaisir, mais aussi comme un outil pratique pour le blanchiment d'argent. De nombreux géants de la drogue ont investi massivement dans le football. Il s'agit d'une pratique que nous appelons aujourd'hui le "sportswashing".

En investissant dans le football, non seulement dans les équipes premières, mais aussi dans les académies et les infrastructures des clubs, les cartels s'attiraient les faveurs du grand public, et donc des communautés locales. D'autre part, ils ont légitimé l'argent sale par l'intermédiaire du club et en ont récupéré la plus grande partie en donnant de fausses informations sur les montants des transferts de joueurs, des salaires et d'autres postes comptables. Le terme "narco-football" désigne cette symbiose spécifiquement colombienne entre le trafic de drogue et le football.

Des projets de "narco-football" à grande échelle ont vu le jour dans trois des plus grandes villes de Colombie. Le plus célèbre d'entre eux est l'association de Pablo Escobar avec le club de l'Atletico National. À Bogota, Gonzalo Rodriguez Gacha, surnommé "le Mexicain", a rejoint le club des Millonarios. Gacha était un rival d'Escobar au sein du cartel de Medellin, mais au fil du temps, ils ont eu un certain nombre de différends, et leur rivalité s'est fortement reflétée dans la rivalité entre les deux clubs de football, sur laquelle nous reviendrons bientôt.

Les plus grands concurrents de la pègre étaient Escobar, Gacho, et la ville de Cali et son cartel. Les chefs du cartel de Cali, les frères Gilberto et Miguel Rodriguez Orejuela, possédaient et contrôlaient le club d'América de Cali.

Grâce aux injections financières des narcos, le niveau du football colombien dans son ensemble s'est amélioré. Les clubs colombiens, en particulier ceux qui étaient aux mains des cartels de la drogue, ont également fait appel à des renforts étrangers de qualité, ce qui a permis d'élever considérablement le niveau et les salaires des joueurs.

L'équipe nationale colombienne a également participé à trois Coupe du monde consécutives (1990, 1994, 1998). Avant cela, la dernière participation des Colombiens remontait à 1962. Les clubs locaux ont également connu de grands succès. En particulier, l'Atletico National d'Escobar.

La guerre des cartels sur les terrains 

Le triomphe de l'Atletico National en Copa Libertadores, en 1989, a constitué un moment historique pour le football colombien. C'était la première fois dans l'histoire qu'une équipe colombienne s'imposait face à des équipes brésiliennes ou argentines.

Il y a eu un affrontement très intense au cours de leur parcours vers le titre. En quart de finale, l'équipe de Medellin affronte les Millonarios. Les deux clubs étaient déjà de grands rivaux avant ce match.

Leur match est un choc entre deux des meilleures équipes colombiennes de l'histoire, une bataille entre la capitale et la deuxième ville la plus importante du pays, une rivalité entre deux régions différentes et leurs habitants, et à la fin des années 1980, un choc entre deux rivaux de la scène de la drogue - Escobar et Gacha "mexicain".

Le premier match à Medellin a été remporté 1-0 par l'équipe locale, l'Atletico. Le match retour à Bogota s'est soldé par un match nul 1-1, mais la rencontre a été très controversée.

L'arbitre chilien Silva semblait favoriser l'équipe de Medellin. Plus tard, de plus en plus d'informations ont filtré selon lesquelles Silva avait été en contact direct avec Pablo Escobar à plusieurs reprises… L'Atlético National réussit alors à aller au bout et brandir le trophée. La rivalité au sein du Superclásico colombien, comme on appelle le duel entre l'Atletico National et le Millonarios FC, s'est alors intensifié.

Quelles conséquences ?

Les pratiques désordonnées et brutales du monde de la drogue se sont très souvent manifestées dans le milieu du football. 

En 1989, l'arbitre Alvaro Ortega a été assassiné après un match opposant l'Independiente Medellin au América de Cali. Il avait pris des décisions étranges pendant le match et le nul n'a pas été du goût des cartels.

L'histoire la plus célèbre et la plus triste est l'assassinat du footballeur Andres Escobar après la Coupe du monde 1994. La Colombie s'était rendue au Mondial américain avec l'étiquette d'outsider du tournoi. Mais elle a trébuché lors de son premier match, s'inclinant face à la Roumanie.

Lors du deuxième match, on s'attendait à ce que les Colombiens reviennent dans le tournoi avec une victoire sur l'équipe hôte, qui n'était pas très forte. Cependant, à cause d'un but contre son camp du capitaine Escobar, la Colombie n'avait récolté aucun point après deux matches et n'avait plus aucune chance de se qualifier pour la phase à élimination directe.

Après son retour en Colombie, Escobar a été abattu devant sa petite amie dans la rue à Medellin. Il a été révélé plus tard que le tueur avait été engagé par l'un des cartels de la drogue. Il aurait tiré un chargeur entier sur le footballeur, en criant "but" à chaque coup. Il a été condamné à 43 ans de prison, mais a été libéré au bout de 11 ans pour "bonne conduite".

Après la "chute" des cartels de la drogue dans les années 1990 et au début des années 2000, le football colombien a également connu une grosse crise. L'équipe nationale ne s'est pas qualifiée pour la Coupe du monde en 2002, 2006 et 2010. Ce n'est qu'en 2014 que les Colombiens se sont battus pour y revenir. Ils ont même atteint les quarts de finale du Mondial au Brésil… en grande partie grâce à James Rodriguez.

Quatre ans plus tard, la Colombie a également atteint la phase à élimination directe en Russie. Elle a échoué au Qatar et tente actuellement de se qualifier pour la prochaine édition, qui aura lieu en 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Mais la scène footballistique nationale est-elle plus intéressée par les matches de qualification de l'équipe nationale ou par les derbies du championnat ?

La fête du football en Colombie !

La Colombie et son championnat ont toujours suivi leur propre voie, qui est un peu particulière. La trêve internationale n'est pas un problème pour ce dernier, car la sélection est composée en grande majorité de Colombiens jouant en Europe ou dans d'autres pays d'Amérique. Et comme le football de club est arrêté partout ailleurs, la Primera A sort ses grands atouts ce week-end : le Clásico Paisa à Medellín et le Clásico Vallecaucano à Cali.

Week-end du derby colombien

Samedi 14 octobre

Colombie - Primera A

Independiente Medellín vs Atlético Nacional

El Clasico Paisa (Le "Real Clasico")

Medellín est la deuxième plus grande ville de Colombie, avec plus de 2,5 millions d'habitants. Elle abrite deux grands clubs de football, l'Atlético Nacional et l'Independiente Medellín. Leur rivalité est connue sous le nom de El Clasico Paisa, ou "Real Clasico". Les deux clubs se partagent le stade Atanasio Gigardot, d'une capacité de 40 000 places, qui est un véritable enfer, surtout pendant le derby de la ville.

Le dernier derby de Medellín, disputé il y a un mois, a été remporté par Independiente 1-0. Actuellement, Independiente occupe la troisième place, tandis que l'Atletico National talonne son rival, à seulement deux points.

Dimanche 15 octobre

Colombie - Primera A

América de Cali vs Deportivo Cali

Clasico Vallecaucano ("Clasico" du département du Valle del Cauca)

Cali est la troisième ville de Colombie, avec plus de 2,2 millions d'habitants. Elle abrite également deux grands clubs. Il s'agit du America de Cali et du Deportivo Cali. Le Clasico Vallecaucano a été joué 336 fois dans l'histoire. 

Le derby de Cali s'est également joué en septembre. Le América a battu son rival 3-0 et est mieux placé au classement – le América de Cali est 2ᵉ, le Deportivo, lui, est 11ᵉ.